POLITIQUE - François Fillon ne mâche pas ses mots. L'ancien Premier ministre a affirmé mardi 3 juin à Paris qu'il y avait à l'UMP un "problème de leadership", de "projet politique" et "d'éthique" et que le parti, "en crise et en position de faiblesse", était miné par des "disputes fratricides" et des "coups tordus". Sans mentionner le nom de son rival, il a ainsi éreinté le bilan de Jean-François Copé, président démissionnaire de l'UMP, déclarant que le mouvement "n'a pas réussi à incarner une alternative solide et vraiment nouvelle" depuis la défaite de Nicolas Sarkozy en 2012.
Lors de l'assemblée générale de son association de soutien Force républicaine, qui réunissait Porte de Versailles environ 800 personnes, selon les organisateurs, dont quelque 120 députés et sénateurs, François Fillon a également estimé que "l'enjeu des prochaines semaines" était tout simplement d'empêcher l'UMP de disparaître, alors que l'affaire Bygmalion menace de l'engloutir. "Les soupçons et les affaires nous ont blessés", c'est le "chaos", a-t-il aussi lancé en dénonçant aussi des "turpitudes".
"Restaurer la confiance des militants et des Français"
"On peut mentir, tricher, détourner l'argent des adhérents et des sympathisants et prétendre représenter la France et les Français? Non!" s'est-il exclamé, ajoutant qu'il avait pris ses "responsabilités en décidant de défendre devant le bureau politique de l'UMP l'installation d'une direction collégiale provisoire". "J'ai été rejoint par de nombreux élus de notre mouvement, et ensemble, nous n'avons fait que notre devoir", a-t-il assuré. Le député de Paris faisait allusion au triumvirat qu'il forme avec deux autres anciens Premiers ministres, Alain Juppé et Jean-Pierre Raffarin, mis en place à l'issue du bureau politique de leur parti le 27 mai pour pallier la démission de Jean-François Copé.
Avec Alain Juppé et Jean-Pierre Raffarin, "nous avons accepté une mission d'urgence. Il s'agit de restaurer la confiance des militants et des Français en contribuant à faire toute la lumière sur ce qui s'est passé" et de "garantir l'unité de notre mouvement dont Alain, Jean-Pierre et moi-même sommes parmi les fondateurs". Selon François Fillon, il faut également "assurer les conditions exemplaires et transparentes d'un congrès au mois d'octobre", qui "permettra de donner toute la parole aux adhérents de l'UMP, car seule la démocratie peut nous sortir d'un tel chaos".
Le triumvirat doit être validé par le prochain bureau politique statutaire de l'UMP (qui regroupe les cinquante personnalités les plus importantes du mouvement), le 10 juin. D'ores et déjà, il est contesté par de nombreux sarkozystes, qui craignent la concurrence de MM. Fillon et Juppé pour leur champion en vue de la présidentielle de 2017. Un référé suspension a été déposé à son encontre au tribunal administratif de Paris, par une militante UMP selon laquelle les conditions de sa mise en place n'avaient pas respecté les statuts du parti.
"Il faudra choisir: soit la victoire ensemble, soit le risque de défaite"
Revenant par ailleurs sur les élections européennes, gagnées par le Front national, François Fillon a regretté que l'UMP et l'UDI n'aient "pas su se rassembler". "La pression du Front national est désormais suffisamment évidente pour ne pas s'interroger, chaque échéance à venir, sur nos alliances avec nos partenaires naturels (...) Il faudra choisir: soit la victoire ensemble, soit le risque de défaite". "Nous sommes la droite républicaine et le centre, avec ses valeurs qui ont pour noms le travail, le civisme, la famille, la dignité humaine qui ne doit pas être l'otage des idéologies", a-t-il martelé.