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mercredi 1 janvier 2014

Un instituteur révoqué par Vichy réintégré 70 ans après

Un instituteur révoqué par Vichy réintégré 70 ans après

LE MARDI 24 DÉCEMBRE 2013 À 17:15
Par Grégoire Lecalot
                                          
Un vétéran portant la médaille de la France libre. Jean Souque a fui au Maroc pour s'engager comme commando parachutiste. © Reuters - Charles Platiau

Jean Souque, un instituteur ariégeois de 94 ans vient d'être réintégré au sein de l'Education nationale 70 ans après sa révocation par le régime de Vichy. Son ancienneté est rétablie à partir de 1943. Il avait fui le Service du travail obligatoire (STO), instauré par les Allemands.

C'est un grand trou dans le vie, et dans le CV, de Jean Souque qui vient d'être comblé. A l'âge de 94 ans, il est réintégré au sein de l'Education nationale, d'où il avait été exclu en 1943. Il aura fallu 70 ans pour revenir sur une décision prise par le régime de Vichy.

Commando de la France Libre

En 1943, cet ariégeois a alors 24 ans, quand la nouvelle tombe : comme beaucoup d'autres Français, il est convoqué au STO, le Service du travail obligatoire, instauré par l'occupant nazi pour faire fonctionner ses usines, désertées par les ouvriers devenus soldats. Jean Souque est destiné à partir en Pologne.  "Bien entendu, il n'était pas question que j'aille au service des Allemands", tranche encore aujourd'hui le retraité.
Jean Souque, 94 ans, est réintégré dans l'Education nationale 70 ans après sa révocation par Vichy. Au micro de Sébastien Baer.  
 
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En juillet, Jean Souque décide de fuir à travers l'Espagne pour aller rejoindre les Français libres en Afrique du nord. Il passe au nez et à la barbe des Allemands, se fait arrêter en Espagne, puis libérer et rejoint le Maroc et les commandos parachutistes. Il participe au débarquement en Provence le 15 août 1944, combat jusqu'en Alsace, passe le Rhin et reçoit une grave blessure en Allemagne en 1945.

"Ma mère n'en a pas dormi pendant des nuits"

C'est à son retour en Ariège cette année là qu'il apprend que l'Education nationale l'a révoqué. Sa mère lui annonce "elle n'en
avait pas dormi pendant des nuits et des nuits
", se souvient-il. Il prend contact avec son administration, qui lui redonne un poste. "Pour le reste, ça s'arrangera". Et Jean Souque retrouve une classe, des élèves, finit directeur d'école à Saint-Girons... sans que sa situation administrative soit régularisée, malgré plusieurs demandes. L'Education nationale a donc enfin effacé la décision de Vichy et Jean Souque est réintégré "à compter du 28 juillet 1943". Mais après tant d'années, il hausse les épaules : "Après tout ce que j'ai fait, j'estimais qu'on ne pouvait rien me reprocher. Par conséquent, moi, j'avais la conscience tranquille", sourit l'ancien soldat de la France Libre.

Par Grégoire Lecalot

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