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mardi 23 avril 2019

HISTOIRE et MÉMOIRE - AR-MEN : Au loin, au large de l’île de Sein, le phare Ar-Men émerge des flots......


HISTOIRE et MÉMOIRE


AR-MEN
Au loin, au large de l’île de Sein, le phare Ar-Men émerge des flots. A l’extrémité de la chaussée de Sein, prolongement vers l’ouest, sur quelque 25 kilomètres, des formations granitiques de la pointe du Raz, il est le phare le plus exposé et le plus difficile d’accès de Bretagne, c’est-à-dire du monde.
On le surnomme l’Enfer des enfers. D’une hauteur de 32 mètres, il est le fruit d’un chantier titanesque qu’une poignée d’hommes a mené à mains nues entre 1867 et 1881. Il a donc fallu des années pour parvenir à terrasser le rocher (ar men en breton), premier écueil sur lequel se fracasse la houle atlantique.
En ce lieu, l’humanité doit s’affronter à ce qui la dépasse : la puissance des éléments marins, la mort…
Et la solitude ! En hiver, après une succession de gros temps, il était impossible d’assurer la relève des gardiens. Le record de longueur de séjour a ainsi été établi, malgré lui, par le gardien Noël Fouquet. En effet, en 1923, une succession de tempêtes aussi terribles les unes que les autres firent échouer plusieurs fois l’approche de la vedette chargée de le relever et il dut attendre 101 jours avant de rejoindre la terre…
Oyez, oyez, le drame qui s’y est joué en ce mois de décembre, toujours en cette année 1923.
Le document ad hoc figure au Musée maritime du Cap-Sizun à Audierne (Finistère), dans le cadre des drames de l’Ar-Men :
Ils étaient trois gardiens sur l’Ar-Men en ce mois de décembre : François Le Pape, Henri Loussouarn et Hervé Menou.
Le Pape, blessé à Dixmude et amputé d’une jambe bénéficiait d’un emploi réservé comme gardien de phare. Le Pape était malade, intoxiqué par des vapeurs de mercure dira par la suite le médecin. Alors que le phare n’avait pu être ravitaillé depuis 26 jours, l’état de Le Pape s’aggrava et conduisit ses compagnons à hisser le pavillon noir, signe de détresse.
De Sein, le message fut aperçu mais, malgré ses efforts, le patron Rohou ne réussit pas à assurer la liaison avec le phare compte tenu du mauvais état de la mer. Ce jour-là, Le Pape, malgré son état, rejoignit Menou dans la lanterne et tous deux allumèrent le phare. Loussouarn qui travaillait dans la cuisine les rejoignit vers 5 heures de l’après-midi. Peu de temps plus tard une épaisse fumée monta dans l’escalier. Les trois hommes essayèrent de descendre de la salle de veille mais, menacés d’asphyxie, ils durent y renoncer. Il fallait absolument descendre pour sécuriser la cuve à pétrole qui, si elle s’enflammait, pourrait pulvériser le phare et ses occupants. Déjà les vitres de la cuisine et de la chambre voisine explosaient sous l’action de la chaleur. Tous trois décidèrent d’intervenir en descendant par l’extérieur. Le Pape malgré son handicap, mais il avait les bras solides, se laissa glisser le long du câble du paratonnerre. Loussouarn et Menou, à partir de l’étroite potence métallique qui surplombait la mer furieuse, utilisèrent pour leur descente le câble ravitailleur.
Malgré les brûlures subies, au niveau des fenêtres de la chambre et de la cuisine, ils réussirent tous trois à atteindre la porte d’entrée fermée par un énorme verrou de fer. Malgré les lames monstrueuses, les débris brûlants de l’incendie et les morceaux de verre, ils arrivèrent à défoncer la porte. Seau après seau, malgré la chaleur, ils arrivèrent à circonscrire l’incendie. 17 heures de travail sans relâche furent nécessaires pour atteindre la lanterne dont ils constateront la destruction. Mais le phare était sauvé…
Sauf conditions de mer exceptionnellement favorables, les bateaux chargés du ravitaillement et de la relève n'accostaient pas Ar-Men. Un va-et-vient était établi entre le phare et le mât du bateau, puis hommes et paquets étaient halés à quelques mètres au-dessus des flots à l'aide d'un treuil manipulé par les deux gardiens installés sur la plate-forme, au pied de la tour. On a baptisé du nom de cartahu cette méthode qui exigeait habileté, connaissance de la mer et courage !
La dernière relève d'Ar-Men a eu lieu en avril 1990, date à laquelle le phare a été automatisé. Les visites d'entretien ont lieu en hélicoptère, et tous les ans, des plongeurs en inspectent la base.

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