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lundi 21 janvier 2019

VIOLENCES POLICIÈRES. MANTES-LA-JOLIE : « C’ÉTAIT DE LA TORTURE PSYCHOLOGIQUE » - le 12.12.2018


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VIOLENCES POLICIÈRES. MANTES-LA-JOLIE : « C’ÉTAIT DE LA TORTURE PSYCHOLOGIQUE »


Mercredi, 12 Décembre, 2018

L’interpellation a traumatisé les habitants. « Quand je ferme les yeux je vois encore cette image, c’est terrible », dit l’un d’eux. Julien Jaulin/Hanslucas

Jeunes et familles dénoncent l’interpellation de 153 lycéens jeudi dernier dans cette ville des Yvelines. Humiliations, insultes... L’Humanité a recueilli des témoignages inquiétants qui piétinent les droits des enfants.


Omar (1) est encore sous le choc. Depuis jeudi dernier, les images défilent sans cesse dans sa tête. Il sait qu’il ne pourra pas les oublier. Comme les millions de personnes qui les ont vues depuis dans le monde. Cet élève en terminale scientifique fait partie des 151 jeunes interpellés « collectivement » par les forces de police à Mantes-la-Jolie (Yvelines), et obligés de se tenir à genoux, les mains sur la tête. Un geste de soumission forcée devenu depuis signe de ralliement dans la mobilisation des gilets jaunes. Omar, lui, garde surtout la marque du traumatisme. La conversation se déroule, lundi en fin d’après-midi, dans le salon propret de l’appartement familial, situé dans le quartier de Gassicourt, devant des chocolats.
Jeudi dernier, près du lycée Saint-Exupéry, le jeune homme regardait la manifestation au loin puis décide de rentrer chez lui lorsqu’il est pris au piège. La foule des jeunes se met à courir pour échapper aux policiers. Il suit le mouvement. Il tente de se réfugier dans le local des Restos du cœur. C’est là qu’il se fait cueillir. Les lycéens sont rassemblés dans le jardin d’un pavillon et dans une maison associative par soixante-dix policiers mobilisés pour cette opération. Omar raconte : « On nous a dit de nous mettre à plat ventre sur le sol, les mains sur la tête. On a reçu du gaz lacrymogène. Ensuite, le policier m’a mis un coup sur le pied pour me dire de me lever. »
« À un moment, un CRS m’a attrapé par le col, m’a regardé droit dans les yeux et me dit : “Est-ce que ça te fait rire ?” Il avait vraiment un regard bizarre, c’était de la haine. Il m’a poussé pour me ramener à l’endroit où on a été mis à genoux », se remémore ce grand gaillard, amateur de basket-ball et de marques griffées. Omar est resté agenouillé à même le sol environ 1 h 30. « Par la suite, les policiers nous ont demandé de se mettre sur les fesses, les mains sur la tête », indique-t-il. À force de rester dans cette position inconfortable, Omar ressent des douleurs à la hanche et aux adducteurs en raison de problèmes de santé. Il demande à un CRS s’il peut plutôt s’agenouiller. Ce dernier accepte, mais quelques minutes plus tard, un collègue le « jette au sol » et lui dit de se remettre...

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