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mercredi 16 janvier 2019

HISTOIRE et MÉMOIRE : L’OGRE DE PAPIER Rober Hersant 1920-1996. Un bien singulier paroissien !


HISTOIRE et MÉMOIRE

Christian LE Moulec a publié dans La Galerie de l'Histoire.
L’OGRE DE PAPIER

Rober Hersant 1920-1996.


Un bien singulier paroissien !

Une jeunesse à géométrie variable : Hersant commence par militer à la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO). Vint la défaite de 1940, il quitte Rouen pour Paris.
Obscures et imprécises apparaissent les circonstances du virage à 180° négocié alors par notre homme. Toujours est-il que, humant comme beaucoup d’ailleurs l’air du temps, le voilà qu’il abandonne sans autre forme de procès l’option socialiste pour fonder le –Jeune Front-, un groupuscule pronazi. Ce dernier est un satellite du –Parti français national-collectiviste (PFNC)-. Ce parti se veut d’inspiration socialiste et très proche du fascisme. Ah !
On retrouve là-dedans l’ami Pierre Clémenti, fondateur du journal –Le Pays libre-. L’aventure de cette revue commença en août 1936, connut son âge d’or pendant l’Occupation et s’éteignit en août 1944. Ce Clémenti était à l’origine…radical socialiste.
Le PFNC a été à la pointe de la création de la –Légion des volontaires français contre le bolchevisme (LVF).
Mais Hersant dans tout ça ? Eh bien le –Jeune Front- avait pour mission de distribuer le journal –Au Pilori-. C’était l’une des publications antisémites les plus violentes diffusées sous l’Occupation. Ce n’est pas pour rien que ce brûlot était subventionné par les services de propagande allemands.
Début août 1940, Voilà Hersant installé au 28, avenue des Champs-Elysées. De là, lui et sa bande de petites frappes agressent les commerçants juifs alentours. La loi du 3 octobre 1940 -portant statut des Juifs- donnera sa bénédiction à tous ces débordements. En attendant, le collaborateur ne perd pas de temps. Le 25 août, profitant de l’inauguration du –Centre de propagande du Jeune Front-, devant un parterre de journalistes allemands et italiens, il présente l’uniforme de la –Garde spéciale du Jeune Front- (ça vaut le détour). Cet accoutrement est « constitué d'une chemise et d'une culotte bleues, de bottes jaunes, d'un ceinturon avec baudrier et d'un calot bleu marqué du sigle GS (garde spéciale) en lettres dorées, ainsi que d'un brassard blanc sur fond rouge avec un écusson National-Collectiviste. »
Mais survint une querelle de famille. En septembre, Clémenti se sépare d’Hersant et nomme à la place un certain Jean-Marie Balestre. Finalement, Clémenti reprend possession de la boutique.
En 1941 et 1942, Hersant et Balestre, décidément inséparables, codirigent le camp de Brévannes (aujourd’hui dans le département du Val-de-Marne). Ce –Centre de jeunesse maréchal Pétain- n’est somme toute qu’un centre d’embrigadement dans l’esprit de la –Révolution nationale-.
Hersant se veut « admirateur sans complexes des Jeunesses hitlériennes ».
Cependant, l’épisode de Brévannes tourne court. Une sombre affaire de malversations sur les titres d’alimentation aurait fait fermer la boutique. Dès lors, notre homme vécut d’expédients.
En 1947, Hersant est condamné à dix ans d’indignité nationale pour faits de collaboration avec l’Occupant. Cependant, comme tant d’autres, il bénéficiera en 1952 d’une amnistie générale.
Son ardoise effacée, il peut se lancer dans la politique. C'est à cette époque qu'il décide, selon ses propres dires - de faire de la politique pour protéger ses affaires-.
Dès 1956, il est élu député de l’Oise. Indéboulonnable, il décrochera six mandats consécutifs !
Son parcours politique déclinera toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. On le voit au Parti radical-socialiste, puis à la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS) dont la figure de proue n’est autre qu’un certain François Mitterrand (ainsi Hersant n’est pas dépaysé).Il sera également non-inscrit, gaulliste, centriste, UDF et que sais-je encore…
En 1975, il rachète le plus ancien quotidien de la presse française –Le Figaro- fondé en 1826 et qui deviendra le fleuron de son empire. Hersant deviendra alors le soutien de la droite musclée et conservatrice.
Il rachètera nombre de journaux dont, ironie morbide, beaucoup sont issus de la Résistance. Un comble !
Cet appétit de conquête lui vaudra le surnom de –papivore-. On essaiera en vain de faire adopter une loi restreignant la concentration de la presse.
Un chiffre veut qu’à son apogée, le papivore ait tenu 40% de la diffusion totale des quotidiens français. On avance également que le groupe ne tenait alors que grâce à l’appui massif des banques et à la bienveillance des gouvernements successifs…
Toute la grande presse en habit noir publiera l’avis de décès en date du 21 avril 1996 de l’-ogre de papier- qui, contrairement à Céline, ne s’est pas contenté sous l’Occupation de faire dans l’antisémitisme de plume.
Ci-dessous : Robert Hersant. Photographie saisie sur site de l’Assemblée nationale.

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