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dimanche 8 avril 2018

Le PS, un agonisant en quête de renaissance.....L'hiver de la social-démocratie européenne.......


7 avril 2018

Le PS, un agonisant en quête de renaissance

Le nouveau premier secrétaire, Olivier Faure, va être investi lors du congrès du parti, les 7 et 8 avril

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Alongueur de réunions publiques, Olivier Faure rappelle aux militants une autre page douloureuse de l'histoire de leur parti. " Au congrès d'Epinay, en  1971, les journaux parlaient d'un théâtre d'ombres et d'un champ de ruines pour qualifier le PS ", glisse le nouveau premier secrétaire, non sans rappeler que, dix ans après, François Mitterrand accédait au pouvoir.
Près d'un demi-siècle plus tard, à l'approche du congrès d'Aubervilliers des 7 et 8  avril qui doit of-ficiellement l'introniser, le député  de Seine-et-Marne prévoyait même de distribuer une revue de presse de l'époque. Histoire de faire relativiser les journalistes actuels. Manque de chance, même l'historien membre du Parti socialiste Alain Bergounioux ne partage pas son optimisme. " La crise que traverse le parti est plus importante que les crises passées. Au moment d'Epinay, tous partageaient à peu près la même idéologie, il y avait surtout la question des alliances à gérer ", tempère le chercheur, depuis son petit bureau de la rue de Solférino qu'il devra bientôt quitter puisque le parti a été contraint de vendre son siège.
Après le crash de l'élection présidentielle terminée avec un score historiquement bas (6,36  %) et celui des élections législatives, divisant par dix le nombre de députés à l'Assemblée nationale, le PS a connu une fuite de cadres et de militants. Les deux finalistes de la primaire de gauche, Manuel Valls et Benoît Hamon, sont partis et répètent partout qu'ils ne croient plus en l'avenir du parti. " Le PS est mort ", cingle dans les médias l'ancien premier ministre qui a rejoint les bancs de La République en marche. " Ce qu'il se passe dans la gauche française et européenne dépasse le destin des appareils : c'est la fin de la social-démocratie ", assure de son côté le chef de file du mouvement Génération.s, créé au lendemain de sa défaite électorale.
" Composer avec la gauche "Les plus virulents sont ceux qui entendent bien " remplacer " le PS, comme l'a assumé Jean-Luc Mélenchon au lendemain de la présidentielle. " Un parti sert à former les citoyens, le PS ne forme plus. Un parti sert à gagner les élections, ils perdent. Un parti sert à donner des idées dans les sociétés, ils n'en donnent plus ", constate froidement Alexis Corbière, député de La France insoumise reprenant à son compte le mot fatidique : " Ce parti est mort. " Du côté de La République en marche (LRM), le constat n'est guère plus reluisant. " Je ne vois pas de cohérence chez Olivier Faure. Ils  sont très désorientés par l'élection d'Emmanuel Macron, et ils ont beaucoup de mal à se positionner vis-à-vis de nous ", observe la porte-parole du groupe LRM à l'Assemblée nationale, Aurore Bergé.
On a frôlé la mort ", reconnaît le sénateur de Paris, David Assouline, qui tente de rester optimiste : " Le PS a été décimé, mais il existe un espace pour une gauche qui aspire à gouverner, entre Emmanuel Macron, qui a choisi la droite giscardienne, et Jean-Luc Mélenchon, qui a choisi une ligne populiste qui sort de la gauche ", analyse le parlementaire, soutien de M. Faure lors de l'élection interne. Même l'aile gauche du parti, incarnée par Emmanuel Maurel, partage cette notion d'" espace politique disponible ". " Je suis très optimiste sur l'actualité des idées du PS ", confie le candidat arrivé en troisième position le 15  mars, avec une nuance : " Si on est suffisamment intelligents pour être dans l'opposition à Macron, on peut s'en sortir, mais on sera obligés de composer avec la gauche ", poursuit le député européen qui milite pour une alliance avec Jean-Luc Mélenchon notamment.
Au sein du PS, comme en dehors, beaucoup considèrent que la résurrection ne viendra qu'après la reconquête des idées. " On est tous d'accord à gauche pour faire le diagnostic qu'on a perdu la bataille culturelle ", reconnaît Benoît Hamon. " L'opinion est contre nous sur de nombreux sujets. La gauche a perdu ses intellectuels. Pourtant ils existent et ils veulent qu'on se retrouve ", soutient Boris Vallaud qui travaille à cette renaissance idéologique.
Il y a ceux qui se raccrochent au passé comme ultime bouée de sauvetage. " Il y a des révolutions à faire, mais un siècle, c'est un siècle. Cela ne s'efface pas comme cela ",veut croire M. Assouline en se référant à la longue histoire du socialisme. " J'ai tendance à penser que la culture socialiste forgée au fil de l'histoire depuis Jaurès et Blum peut renaître ", abonde M.  Bergounioux avant d'alerter : " Il est clair que le parti ne survivra pas tel qu'il est. Il y a des profondes transformations à apporter. "
M.  Faure, dont le programme s'intitulait " Le chemin de la renaissance ", comme pour acter la fin d'un cycle, semble avoir pris conscience de l'ampleur de la tâche. Il a promis de changer les pratiques et les visages du parti de Solférino et de " renouveler le vivier des idées " grâce à une plate-forme numérique en lien avec les militants.
" M. le Bourreau "M.  Assouline, lui, a suggéré de créer une université populaire pour former les futurs cadres et ainsi renouer avec la société. Bref, revenir aux fondamentaux de toute organisation politique. Mais tous savent que le chemin sera long et escarpé. Après la réorganisation profonde du Parti socialiste comme préalable, il s'agira d'éviter le pire lors des  prochaines échéances électorales.
Si la plupart des -socialistes ont intégré l'idée que les -européennes de 2019 seront " très compliquées ", beaucoup se  tournent vers les municipales de  2020. " Après les deux ans de  convalescence que nous allons vivre, soit on rechute aux municipales, soit on redevient crédible ", prédit Patrick Kanner, reprenant à son compte la comparaison d'Olivier Faure : " Après Epinay, on  émerge avec François Mitterrand en  1974, et c'est aux municipales de 1977 qu'on fait notre -retour ", rappelle le chef de file des sénateurs socialistes. " Aux élections municipales, ils pourront peut-être dire “encore cinq minutes M. le Bourreau”, mais après, c'est terminé ", balaie Alexis Corbière.
Ce qui mine le parti depuis toutes ces années, ce sont sans doute les haines féroces que se livrent entre eux les " camarades " du parti. " Le PS vit une crise idéologique mais également une crise -humaine ", reconnaît M. Bergounioux, qui observe " une absence de solidarité fondamentale entre les élus, les militants et les personnalités "" Le vrai problème de ce parti, c'est qu'ils se haïssent ", commente, désabusée, une parlementaire. " On était sur le Titanic, maintenant on est à bord de la chaloupe. Il faut essayer de trouver un bout de terre ferme avant de se déchirer pour savoir qui sera le capitaine ", commentait l'ancien député frondeur Jérôme Guedj, quelques jours avant l'élection de M. Faure.
Le capitaine du moment, chantre du rassemblement, entend bien mener les survivants à bon port. Filant la métaphore d'Epinay, il reconnaissait tout de même, une semaine avant le rendez-vous d'Aubervilliers : " Nous serons peut être un théâtre d'ombres, mais ces ombres continueront à avancer. " De là à parler d'un parti de morts-vivants, il n'y a qu'un pas.
Astrid de Villaines
© Le Monde


7 avril 2018

L'hiver de la social-démocratie européenne

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Dans leur crise, les socialistes français peuvent se rassurer en se disant qu'ils ne sont pas des cas isolés en Europe. Sur tout le Vieux Continent, la social-démocratie connaît actuellement un hiver électoral historique. Sur les 27 pays de l'Union européenne, seuls cinq (Portugal, Suède, Roumanie, Slovaquie et Malte) sont actuellement dirigés par des sociaux-démocrates. Et la situation se dégrade pour cette famille politique : l'Autriche, l'Italie et la République Tchèque ont été perdues ces six derniers mois.
Les sociaux-démocrates participent -certes à la coalition au pouvoir en Alle-magne, mais dans une position de faiblesse inédite. Après quatre ans de participation à une " grande coalition " avec Angela Merkel, le SPD allemand a réalisé en septembre  2017 son pire score depuis la seconde guerre mondiale, à 20 %. La direction du parti a ensuite longuement hésité sur sa participation au pouvoir, avant de s'y résoudre malgré les divisions internes.
Il y a un an encore, le Parti démocrate italien faisait ainsi figure d'exception. Au pouvoir depuis 2013, le parti semblait solide, malgré les tensions entourant son chef, Matteo Renzi, ancien premier ministre en route – pensait-il – vers la reconquête du pouvoir. Las, depuis les législa-tives calamiteuses du 4  mars, le retour sur terre est cruel. Laminé (à peine 18 % des voix), sans chef – Matteo Renzi ayant dû démissionner – et marginalisé par la droite et le mouvement Cinq Etoiles, le parti paie à la fois ses luttes d'appareil et son éloignement de ses bases populaires.
Pour sortir du marasme, les sociaux-démocrates européens sont à la recherche de nouvelles alliances, quitte à s'éloigner de la " troisième voie " qui avait fait leur succès au tournant des années 2000. Depuis qu'il est dirigé par la figure de l'aile gauche radicale Jeremy Corbyn, le Labour britannique bénéficie ainsi d'une vigueur inédite dans les sondages. En proposant des nationalisations et une politique sociale généreuse, M.  Corbyn a réussi à rétablir l'image d'un Labour laminé par les très libérales années Tony Blair. Son ambiguïté sur le Brexit divise toutefois le parti.
Scandales de corruptionEn Europe du Sud, les sociaux-démocrates penchent aussi de plus en plus pour des alliances avec la gauche radicale. Depuis qu'il gouverne avec le soutien parlementaire des communistes et du parti de la gauche radicale Bloco, le premier ministre portugais, Antonio Costa, fait ainsi figure de miraculé de la crise de la social-démocratie. Ses performances économiques lui valent aussi bien les éloges de l'UE pour sa croissance (2,7 % du PIB en  2017) et sa réduction du déficit public (1,1 %), que celle de ses -concitoyens, qui profitent des bénéfices de la reprise. Pour les Espagnols, Lisbonne est l'exemple à suivre. Cependant, en  2016, eux-mêmes ont été incapables d'obtenir le soutien du parti de gauche radicale Podemos pour former un gouvernement.
En Europe du Nord et à l'est, les sociaux-démocrates penchent en revanche vers… l'extrême droite. Dans l'opposition depuis juin  2015, les sociaux-démocrates danois se rapprochent ainsi des populistes du Parti du peuple (DF). Les deux formations n'hésitent plus à faire front commun -contre la politique libérale du gouvernement. Les sociaux-démocrates ont également durci le ton dans le domaine de l'immigration et de l'asile. Si la méthode semble payer dans les sondages, elle suscite la désapprobation des sociaux-démocrates suédois, au gouvernement depuis 2014, qui refusent toute collaboration avec l'extrême droite.
En Slovaquie, ils gouvernent déjà avec l'extrême droite depuis plusieurs années et, en Hongrie, ils discutent discrètement avec le Jobbik pour essayer de faire battre l'ultraconservateur Viktor Orban lors des législatives du dimanche 8  avril. Déboussolés, les sociaux-démocrates ne sont véritablement en position de force qu'en Roumanie et à Malte. Deux pays où s'enchaînent tellement de scandales de corruption qu'aucun de leurs homologues européens n'ose vraiment en faire des exemples.
Service Europe
© Le Monde

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