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dimanche 18 mars 2018

L'assassinat d'une élue locale à Rio émeut le Brésil


18 mars 2018

L'assassinat d'une élue locale à Rio émeut le Brésil

Marielle Franco, qui fustigeait les dérives de la police, a reçu quatre balles dans la tête

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Le cercueil de Marielle Franco avait à peine franchi les portes du cimetière de Caju, à Rio, jeudi 15  mars, qu'une foule révoltée scandait, dans plus d'une dizaine de capitales régionales du Brésil, le nom de la militante de gauche assassinée. " Ce tir était adressé au peuple "," Pour que le deuil se transforme en lutte. Marielle Franco, présente ! "," Les vies des Noirs et des LGBT comptent ", pouvait-on lire sur les banderoles à Sao Paulo, Rio ou Belo Horizonte.
Conseillère municipale de Rio pour le Parti socialisme et liberté (PSOL, gauche), Marielle Franco, 38  ans, enfant des favelas cariocas, militante des droits humains, des femmes et de la cause noire, a été tuée vers 21 h 30, mercredi, par quatre balles dans la tête, alors qu'elle était assise à l'arrière de son véhicule. Son chauffeur, Anderson Pedro Gomes, a  aussi succombé à une rafale de tirs. Les criminels ont pris la fuite sans rien dérober.
VengeanceDans une ville en plein chaos, minée par la corruption, ruinée et tourmentée par la guerre des gangs, Marielle Franco était une critique virulente de l'action des forces de l'ordre. Dénonçant les dérives policières, elle s'attaquait notamment à l'action des unités de police pacificatrice (UPP), mises en place à partir de 2008 pour apaiser – en vain – les favelas de Rio. Considérée comme une enquiquineuse par certains bataillons de policiers militaires, qu'elle qualifiait de " bataillons de la mort ", elle fut aussi prompte à fustiger l'intervention militaire fédérale décrétée en février pour prendre en charge la sécurité de l'Etat de Rio.
Le motif du crime reste obscur. Mais une partie des Brésiliens y voit une vengeance de la part des policiers. Appuyant cette thèse, la télévision locale de Rio, RJTV, révélait vendredi que les douilles retrouvées près des victimes proviendraient de lots de cartouches vendues à la police fédérale de Brasilia en  2006.
" Il faut une enquête rigoureuse. Il ne peut y avoir de doutes sur le contexte, les motivations et l'auteur de l'assassinat ", dit un porte-parole d‘Amnesty International. " Marielle n'a pas été prise par hasard. Les positions qu'elle prenait ont à voir avec son exécution. C'était une femme, noire, lesbienne, de la favela, de gauche  et du PSOL ",dit Jean Wyllys, député du PSOL.
Avec plus de 60 000 homicides par an, dont une infime proportion est élucidée, le Brésil offre, avec cet assassinat, l'image d'une nation où les forces de l'ordre ont perdu tout crédit. Conscient de l'émoi, le président, Michel Temer, a promis, jeudi, que les auteurs de ce crime " d'une extrême lâcheté " seraient punis au plus vite.
Claire Gatinois
© Le Monde

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