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jeudi 8 février 2018

Veillée d'armes à la SNCF avant une réforme historique


8 février 2018

Veillée d'armes à la SNCF avant une réforme historique

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 La remise du rapport Spinetta, qui tracera la route au gouvernement pour une réforme de l'établissement public ferroviaire, est attendue sous peu
 Ouverture à la concurrence, transformation en société anonyme, disparition du statut de cheminot… autant de sujets explosifs qui sont au menu
 Dénonçant une attaque consistant à " en finir avec le train public ", la CGT et FO cheminots, appellent à manifester jeudi
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© Le Monde


8 février 2018

La SNCF en ébullition avant une réforme historique

Le gouvernement prépare l'ouverture à la concurrence et la disparition du statut de cheminot

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Aquelle sauce les cheminots seront-ils mangés ? La préoccupation est grandissante au sein des salariés de la SNCF à quelques jours de la publication du rapport qui tracera la route au gouvernement pour une réforme de l'établissement public ferroviaire, probablement la plus importante de son histoire. La mission menée depuis septembre  2017 par Jean-Cyril Spinetta devrait rendre ses conclusions sous peu.
Au menu, potentiellement tous les mots qui fâchent : concurrence, dette, fret, statut, modèle économique… Face à ce qui est vécu par avance comme une attaque mortelle consistant à " en finir avec le train public ", la CGT, ralliée par FO-Cheminots, appelle à manifester jeudi 8  février, à Paris, entre la place de la République à Paris et le ministère de l'économie dans le 12e arrondissement. Si ce n'est pas encore une grève, c'est bien un coup de semonce tiré afin de s'opposer à la " politique anti-ferroviaire portée par le gouvernement et la direction de l'entreprise ".
Au premier rang des inquiétudes, figure l'ouverture à la concurrence du transport ferroviaire intérieur de voyageurs, pour le -moment monopole de la SNCF institué par la loi Loti de 1982. Le cadre européen prévoit une mise en concurrence des liaisons commerciales (TGV) en  2019 et des -lignes subventionnées (trains régionaux, intercités) au plus tard en  2023.
Tous les observateurs s'accordent sur ce point : cette question de la concurrence sera bien l'un des éléments structurants du rapport Spinetta et devrait figurer dans la loi d'orientation des mobilités qui sera présentée en avril. La perspective fait bondir la CGT, qui voit dans l'ouverture à la concurrence du fret ferroviaire en  2006 les causes de la situation catastrophique de cette branche de l'établissement public en déficit grave et récurrent.
Ce qui pourrait encore davantage mettre sous pression la cocotte-minute sociale, c'est qu'il est question, selon nos informations, que le rapport Spinetta propose un changement de statut juridique de l'entreprise pour accompagner l'ouverture à la concurrence. Le groupe abandonnerait sa structure en trois EPIC (établissement public à caractère industriel et commercial) pour devenir une -société anonyme (SA).
Les lignes rouges sont franchiesConséquence logique de cette transformation : un abandon du statut de cheminot est à l'étude (probablement pour les seuls nouveaux entrants) comme cela a pu être fait à La Poste en  2010. Emmanuel Macron l'avait d'ailleurs -suggéré cet été, en proposant même un échange aux cheminots : effacement de la dette -contre la fin du statut.
De son côté, la hiérarchie de la SNCF ne verrait pas d'un mauvais œil l'abandon d'avantages liés à ce statut, qui fragilisent le groupe -ferroviaire dans la perspective d'une ouverture à la concurrence. La direction cible en particulier la GVT (" glissement, vieillesse, technicité "). Derrière ce nom mystérieux se cache un système -d'avancement de carrière automatique des cheminots qui engendre une hausse mécanique du salaire. " Sur les dix dernières -années, la GVT a entraîné une hausse annuelle moyenne de la masse salariale de 2,4  % par an, explique un expert, quand les salaires de l'ensemble des entreprises croissaient de 1,5  %. "
Avec de telles mesures, toutes les lignes rouges syndicales sont franchies. Cela pourrait bien chauffer dans les dépôts et les centres de maintenance. Et ce d'autant plus que représentants du personnel et direction sont entrés dans une négociation serrée, conséquence des ordonnances Macron sur le travail, qui obligent l'entreprise à remplacer les 32 comités d'entreprise et les 600 CHSCT du groupe par une instance unique : le comité social et économique (CSE).
Comme si cela ne suffisait pas, la filialisation imminente (dès cet été, assurent des sources bien -informées) de l'activité fret -ferroviaire fait encore monter la pression. Enfin, pour couronner le tout, cette séquence se déroule sur fond de campagne pour les élections professionnelles qui auront lieu au mois de -novembre.
Au siège de la SNCF, les équipes de la direction des ressources humaines ne se résignent pourtant pas à l'idée d'un conflit social majeur à venir. " Nous allons -parler à nos salariés, pas seulement aux syndicats, dit une source interne. Nous pouvons convaincre qu'être concurrentiel, ce n'est pas casser l'entreprise c'est la renforcer. "La direction dispose aussi de quelques atouts dans la négociation. Comme le fait de ne pas toucher aux facilités de circulation (les billets gratuits réservés aux employés de la SNCF et à leur famille), un avantage très apprécié.
Éric Béziat
© Le Monde

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