Lu dans le DL du dimanche 30 juillet 2017
LE BILLET
PAR GILLES DEBERNARDI
Muriel Pénicaud,
une DRH en or
Chez Danone, la directrice des Ressources humaines ne manquait pas
de ressources.
Côté humain, on demande à voir.
En 2013, lorsque son
groupe annonce la suppression de 900 postes, la Bourse applaudit des
deux mains et l’action grimpe plus vite que Barguill au Galibier.
La DRH,
qui ne pédale pas dans le yaourt, décide alors de vendre ses stock-options.
Pas folle, la guêpe !
Elle empoche, en une journée, une plus-value
de 1,13 million d’euros… soit l’équivalent de 900 Smics.
Ainsi va
l’aimable capitalisme financier qui favorise les gros poissons au détriment
du menu fretin.
La triste histoire se répète sous tous les régimes :
une entreprise dégraisse, les actionnaires engraissent.
On peut s’indigner, plaider l’argument moral, mais Muriel Pénicaud n’a
rien commis d’illégal.
Sauf que la voici devenue ministre du Travail,
porteuse d’une rude réforme et prête à demander de nouveaux efforts
aux salariés.
Pour « relancer l’emploi », elle veut faciliter les licenciements
et plafonner les indemnités prud’homales… plutôt que les
« bonus » des hauts dirigeants.
Ainsi, soulagés des anciennes contraintes et rassurés sur leur avenir,
les chefs d’entreprise ne manqueront pas d’embaucher davantage. C’est
le pari d’une nécessaire « flexibilité », largement annoncé par Emmanuel
Macron pendant la campagne.
Bon, le Président ne prend pas le pays en
traître.
On doute néanmoins que Mme Pénicaud, rattrapée par « l’affaire
Danone », constitue ici sa porte-parole idéale.
Est-elle vraiment la mieux
placée pour aller défendre le périlleux projet de loi devant le Parlement et
les Français ?
Si l’ex-spécialiste des produits laitiers y va quand même,
l’opinion risque d’en faire tout un fromage.
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