Derrière l'image d'un allié de l'OTAN et d'un partenaire de l'UE, la Turquie prolonge l'héritage d'un empire sanglant, esclavagiste et colonial, et poursuit une politique systémique de persécution des chrétiens. Un rapport de l'ECLJ révèle un appareil institutionnel profondément hostile et une pression croissante, tandis que l'indifférence occidentale sert les ambitions néo-ottomanes d'Erdoğan. Les persécutions des chrétiens, souvent invisibilisées, se concentrent dans deux contextes : les régimes d'extrême gauche (Nicaragua, Laos, Cuba…) et les pays musulmans. Dans une grande partie du globe, le christianisme n'est pas seulement marginalisé, il est juridiquement criminalisé. Dans plusieurs États, la loi permet d'emprisonner, de torturer ou de condamner à mort, et la présence des chrétiens bute sur un appareil juridique conçu pour les empêcher d'exister. S'y ajoutent des groupes islamistes (ou affiliés) responsables de massacres, enlèvements et déplacements forcés que nous avons déjà documentés (Nigéria, Soudan, par exemple), sans que cela émeuve outre mesure. Héritière d'un territoire jadis berceau du christianisme (avant les conquêtes turco-musulmanes et la domination ottomane), la Turquie moderne a vu en un siècle sa population chrétienne chuter de 20 % à moins de 0,3 %. Elle prolonge l'héritage d'un empire ottoman (aucun empire occidental n'a autant duré) qui pratiquait conversions forcées, déportations, génocides, enlèvements d'enfants chrétiens (convertis de force et intégrés en soldats d'élite, les « janissaires »), ainsi qu'un esclavage massif structuré par plusieurs traites (orientale, caucasienne, méditerranéenne et tataro-ottomane) ayant réduit en servitude 5 à 10 millions d'Européens, de Caucasiens et d'Africains sur près de 6 siècles. Cette traite ottomane s'inscrit dans la longue traite arabe – ou traite orientale – (13 siècles, la plus longue). Pour rappel, le dernier marché d'esclaves « officiel » a fermé à La Mecque en 1962. À cela s'ajoutaient des persécutions et des massacres de populations chrétiennes et non musulmanes : Grecs, Arméniens, Assyriens et Syriaques (Irak/Syrie/Turquie), Chaldéens (Irak), mais aussi Kurdes, Juifs romaniotes (Grèce) et séfarades (Balkans–Anatolie), Circassiens (actuelle Russie) et Géorgiens. L'Empire ottoman se distinguait aussi p… Raphaël Lepilleur |
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