| Hadrien Mathoux Rédacteur en chef politique L'avertissement du général
De ses discours publics jusqu'aux confidences recueillies par son fidèle lieutenant Alain Peyrefitte, le général de Gaulle a très régulièrement évoqué le « régime des partis », la nécessité de le combattre constituant l'un des piliers de son action. Dans un de ses entretiens avec Michel Droit, au cours de l'élection présidentielle 1965, le fondateur de la Ve explique avoir mis en place ses institutions « pour empêcher que la République ne retombe à la discrétion des partis. »
Quelle est la hantise du général de Gaulle ? Le retour aux affres de la IIIe, puis de la IVe République : le gouvernement de la France abandonné aux mains d'une nébuleuse de formations politiciennes, dirigées par des chefs avant tout soucieux des intérêts de leur boutique ainsi que de leur clientèle électorale, prêts à toutes les combinaisons pour se maintenir aux commandes. La volonté gaullienne de restaurer un pouvoir exécutif fort, avec un chef d'Etat élu par le peuple et placé au-dessus des factions politiciennes, traduit ce point de vue. Pour de Gaulle, le « régime des partis » a conduit la France au désastre de 1940, puis à la crise algérienne de 1958.
Or à quoi assiste-t-on aujourd'hui ? Délégitimé par son impopularité, son absence de majorité et les effets désastreux de la dissolution de juin, Emmanuel Macron apparaît en immense difficulté. Par ricochet, les Premiers ministres nommés par lui disposent également d'une faible légitimité. Ils sont inévitablement laissés aux mains des fameux partis : voilà pourquoi François Bayrou, pourtant partisan d'une interprétation classique des codes de la Ve République, est contraint depuis une semaine de recevoir à Matignon tous les cheffaillons de la politique française afin de bricoler un accord lui permettant de rester en place. Revenons à de Gaulle, qui n'excluait pas, même dans le cadre de « sa Constitution », un retour au « gouvernement des partis » : pour lui, cela conduirait à coup sûr à « la pagaille », voire à « une catastrophe nationale ». On ne peut que s'inquiéter de l'avertissement du général. Twitter @hadrienmathoux
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