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dimanche 3 novembre 2024

Rue 89 avec L'OBS - Dimanche 3 novembre 2024

 



Dimanche 3 novembre 2024

Sommes-nous tous des mauvais perdants ? Ce soir-là, alors que nous jouions en famille à « Croque-carotte » et que le pion en forme de lapin bleu de mon fils se faisait engloutir dans un trou, une larme a coulé sur son visage. Puis, ce furent les grandes eaux. Il venait de perdre et à quatre ans et demi, il est difficile d’accepter la défaite. Chez certains adultes, cette amertume persiste.

D’aucuns diront que ce n’est qu’un jeu. Pas moi. Dans mon monde, quand on joue, on se doit de gagner. Sinon, à quoi bon participer ? D’ailleurs, je ne me souviens d’aucune défaite : seule la victoire est mémorable. Mes amis assureront le contraire, mais je n’ai perdu aucune partie de « Trivial Pursuit » ces dix dernières années. Afin de préserver mon amour-propre, j’ai adopté une stratégie efficace : je ne joue qu’aux jeux auxquels je suis susceptible de gagner.

Je suis donc joueuse, mauvaise perdante, mais non mauvaise joueuse. Une subtilité qui a son importance : j’exècre les tricheurs – chose peu compatible quand on joue avec des enfants, comme le soulignait ma consœur Renée Greusard.

Alors, qu’est-ce que cela dit de moi ? D’après un magazine féminin belge, je manquerais de confiance en moi et j’aurais besoin reconnaissance. Bien que peu convaincue par cette analyse psy bancale, je demeure persuadée que le jeu est un révélateur de personnalité : on ne connaît vraiment les gens qu’en jouant contre eux.

Le jeu télé « Loups-Garous », diffusé en ce moment sur Canal+, en atteste. Le concept : treize participants, parmi eux des « villageois » et des « loups-garous ». Les premiers doivent démasquer les seconds, avant que ces derniers ne les tuent (vous suivez ?). A ce « qui est qui ? » grandeur nature, invitant les téléspectateurs à se transformer en Hercule Poirot de la petite lucarne, j’ai essuyé un relatif échec, mais acquis une conviction : tous les adultes – y compris ceux qui arborent un air renfrogné sous un costard cravate – sont joueurs. Sinon pourquoi ces programmes existeraient-ils ?

Il est amusant de constater que nous, adultes, cherchons à cacher ce trait de caractère, surtout au travail. Probablement parce que jouer rime davantage avec oisiveté que sérieux. Quel dommage ! Car j’apprends de Leonor Terr, professeur de psychiatrie à l’université de Californie, que les gens qui considèrent leur métier comme un jeu « réussissent mieux que ceux qui s’enferment dans un travail routinier ». A quand un « Loup-Garou » au boulot ?

Louise Auvitu

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