Avec la victoire de Trump, les Etats-Unis vont-ils perdre de leur attrait ? En France l’annonce semble avoir surpris. Non pas qu’elle ait été inimaginable – bon nombre de sondages allaient dans ce sens – mais plutôt parce qu’on ne voulait pas y croire. Comme si, magnanimes, nous voulions le meilleur pour nos lointains voisins, et que cette « poursuite du bonheur » garantie par la Constitution ne pouvait passer que par l’élection de Kamala Harris. A l’évidence, nous avions tout faux, et moi le premier.
Américanophile patenté, rêvant de New York depuis l’enfance, bercé par le garage rock des Strokes et du rap des Mobb Deep, lecteur avide des écrivains Philip Roth, Paul Auster ou Seth Greenland, qui manient avec tant d’humour et d’acuité la mélodie de l’existence, je suis, à bien des égards, fasciné par ce pays. Vous objecterez que l’Amérique ne peut être cantonnée à la seule ville de New York, cité démocrate et progressiste s’il en est. Et vous aurez raison. Ma focale trop étroite, je me prends à me demander : suis-je réellement si fan ?
Me revient alors le souvenir ému de « Thelma et Louise » et cette promesse, à 12 ans, de faire pareil voyage, dans ce pays sauvage et aride. Le même qui vote d’ailleurs massivement Trump aujourd’hui. La fin du film, tragique, n’en demeure pas moins une ode à la liberté, concept que l’Amérique a chevillé au corps, mais qui ne se traduit pas pareil selon le bord politique. C’est ce qui fait son charme, j’imagine.
Si mon cœur bat pour elle, il se trouve bel et bien ébranlé par la perspective d’avoir un satrape orangé au pouvoir pendant quatre ans. Si en 2016 on pouvait légitimement plaider la surprise, ce n’est plus le cas, huit ans et autant de vilenies crasses plus tard. Trump va-t-il transformer l’Amérique telle qu’on la connaît et faire fuir les touristes, notamment français, toujours plus nombreux ?
Alors que j’ai moi-même pris mes billets pour New York la veille de l’élection, la question se fait encore plus pressante. Est-ce à dire que je cautionne son succès dans les urnes ?
La carte des Etats-Unis, empourprée comme jamais, me donne une indication. Celle, navrante, des endroits où je ne mettrai pas les pieds. Si quatre années semblent, pour l’heure, bien longues, n’oublions pas qu’en 2028, Trump sera forcé de se retirer. Gageons que d’ici là le pays retrouve un semblant d’unité et moi mon irréductible optimisme.
Gaspard Couderc
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire