Pourquoi personne ne veut de mon appartement ? Deux mois après avoir publié une annonce sur Airbnb, dans la perspective des JO, avec plein de chouettes photos, il faut se rendre à l’évidence : il n’intéresse personne. Malgré ses deux chambres, une petite vue sur la tour Eiffel, au loin, et une autre, sur le stade de France « à deux pas », rien. Nada. Pas la moindre touche. Mais enfin, pourquoi ? Quid de ces fameux 900-euros-la-nuit-pour-un-deux pièces, qui se sont propagés plus vite que la rumeur d’Orléans devant les machines à café ? Nous aurait-on menti ? A moins qu’on se soit juste collectivement monté le bourrichon…
Je pose la question autour de moi : à l’exception de Pierre, journaliste, dont une copine « devrait se faire 7 000 euros » en louant à des amis d’amis, et Pauline, intermittente, dont le « voisin haut placé dans une fédération sportive » lui a promis des clients, c’est le bide. Trop tôt, veulent croire les uns. Trop tard, disent les autres - les réservations sérieuses sont faites un an à l’avance. Seule certitude : à trois mois des JO, sur Airbnb, les annonces restent pléthoriques. Tout Paris, toute la Seine-Saint-Denis, reste à louer à prix délirants. Avec son stade de France, Saint-Denis s’est carrément hissée dans le top 3 des villes les plus chères de France, avec Paris et… Versailles ! On se pince.
Dépités, beaucoup de particuliers baissent leurs tarifs, mais sans faire le plein pour autant, du moins pour l’instant. Après la frénésie, la gueule de bois. Les hôteliers eux-mêmes, qui n’ont pas été les derniers à bâtir des châteaux en Espagne, ont dû réviser leurs prétentions. A trois mois du démarrage des Jeux, les taux d’occupation ne dépasseraient pas les 60 %.
Résultat : Les prix moyens affichés, qui avaient triplé, ont commencé à baisser, de près de 15 % en mars par rapport au début de l’année, avec une moyenne à 452,90 euros la nuit quand même. On ne peut s’empêcher de penser à cet établissement sans la moindre étoile de Saint-Denis, qui demandait il y a deux mois encore 800 euros, le prix de l’hôtel de Crillon ou presque, pour une chambre avec deux lits simples recouverts d’un couvre-lit à fleurs en polyester… Depuis, l’annonce a disparu du site de location.
Avouons-le, ce n’est que justice. On n’était pas très à l’aise avec cette avidité déraisonnable, ces promesses de gains mirobolants. Sur X (ex-Twitter), depuis que la déconfiture est connue, ça ricane sec : « Bien fait les rentiers. Ça marche dans les deux sens, le capitalisme. » Eh oui !
Natacha Tatu
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