lu dans le DL du 25.11.2018
LE BILLET
PAR GILLES DEBERNARDI
L’ultradroite,
c’est vite dit !
C’est la force, mais aussi la faiblesse, d’un mouvement qui se veut
spontané et multiforme.
Dans ses rangs, plus encore qu’ailleurs,
l’habit fait le moine.
Pour devenir « gilet jaune », il suffit d’en porter un.
Des énergumènes ont cru bon, hier, de compléter l’uniforme par une
cagoule et un casque.
Ceux-là, intégrant le cortège, viennent troubler
le message des citoyens contestataires.
Ils cassent, brûlent et
propagent la castagne.
L’expression du ras-le-bol fiscal, venue de la
France « périphérique » et que l’opinion comprend, tourne ainsi au
vinaigre à Paris.
Sur les Champs, on a vu d’inacceptables scènes de
violence qui passent en boucle sur les écrans.
Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, en profite aussitôt
pour hausser le ton.
On ne saurait lui reprocher, puisque le maintien de
l’ordre public relève de ses prérogatives.
En revanche, il se précipite
un peu trop vite pour accuser des « séditieux » téléguidés par Marine
Le Pen.
La présidente du Rassemblement national aurait incité les
militants de « l’ultradroite » à marcher sur l’Elysée.
C’est lui prêter
beaucoup de pouvoir.
Et qui oserait parier qu’aucun agité d’extrême
gauche n’a participé au grand bazar ?
S’égarant dans une manœuvre politicienne, le premier flic de France
met à côté de la plaque.
Partis en bus de leur province, tôt le matin, la
plupart des manifestants qui arpentaient la capitale méritaient mieux.
Au-delà des déplorables débordements, les « gilets jaunes » posent
une vraie question sociale.
Ils n’ont eu droit, jusqu’alors, qu’à des
réponses sécuritaires.
De quoi servir à M. Macron la vive réplique de
Cyrano : « Ah ! Non !
C’est un peu court, jeune homme ! »
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