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vendredi 28 décembre 2018

Le communautarisme radical du PIR à l'assaut de la république laïque et sociale - mardi 20 novembre 2018


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Le communautarisme radical du PIR à l'assaut de la république laïque et sociale


Par la-sociale • Actualités • Mardi 20/11/2018 •

Un texte de Dejan Kuzmanovic


Ce texte de Dejan Kuzmanovic circule sur les réseaux sociaux. D. Kuzmanovic est membre du GA (Groupe d'appui de la France insoumise) JR. Hebert. Il nous semble que les questions qu'il soulève sont essentielles pour l'avenir du mouvement commencé avec la campagne présidentielle de 2017 derrière Jean-Luc Mélenchon. 
Dès que les potentielles ou déjà convaincues «ouailles » d’Houria Bouteldja se sont permis de brandir le drapeau français, manifestant ainsi un certain attachement à la République (en Russie, lors des splendides victoires des jeunes footballeurs de l’équipe nationale), dès donc qu’un tel évènement risquait de retarder la mise en pratique du programme ultra-communautariste de son (dixit) «minuscule» Parti des Indigènes de la République, cette «légendaire» et funeste porte-parole du PIR s’est mise une fois de plus à cracher son venin raciste et avant tout antirépublicain : «Quelles que soient les raisons de l’euphorie qui s’annonce , non à l’intégration, ni par jambon, ni par foot !».
A quel genre d’intégration Houria et les siens disent-ils un grand Oui ?
Même si certains de la FI ne veulent toujours rien entendre, répétons-le une fois de plus. Cette nouvelle «Avant-garde» profondément antirépublicaine, le Parti des Indigènes de la République, dit oublier les notions de classes sociales et leurs luttes, et les remplacer par celles de races socialement déterminées et les luttes racialisées… Notre objectif est de prendre le pouvoir et par conséquent d’ensevelir «le monde de la blancheur pourrie», de démontrer la non universalité (car trop «blanches») des valeurs issues des Lumières et de la Révolution de 1789, et, puisqu’elle est «coloniale», de détruire cette République française «à la sauce jacobine» et «les rapports raciaux et impériaux sur lesquels elle repose». Vaste programme !
La pré-condition permettant la réalisation de ces sinistres objectifs est de mettre au centre de la société française le conflit cardinal (selon eux) entre la «communauté postcoloniale» des blancs et celle des éternelles victimes du colonialisme français, des dominés, oppressés, privés même de dignité…, à savoir « la communauté des noirs, arabes et musulmans» (sic). L’Avant-garde (aux couleurs jadis plutôt «bolcho, trotsko, marxo» et maintenant surtout islamo-communautariste) a donc trouvé son «prolétariat», sa «base matérielle», ses «damnés de la terre», auxquels elle a dédié le rôle si ingrat de chair à canons, lors des assauts contre la République une et indivisible, laïque et sociale.
Mais, les dirigeants du PIR ne sont pas totalement déments: le conglomérat de gens ô combien différents, cette population des banlieues et autres quartiers populaires, tous ces «noirs, arabes et musulmans» vivant en France ne sont au mieux qu’une communauté «en soi». Pour qu’ils deviennent une force réellement agissante, «la force matérielle», il faut absolument y introduire un «ciment spirituel», une idéologie mobilisatrice. Il s’ensuit que le principal théoricien/idéologue, - le camarade Sadri Khiari - décrète : «L’islam est décolonial» ! N’étant ni infestées ni « souillées» par le colonialisme français, toutes les lectures du Coran, y comprises les plus dogmatiques et communautaristes, peuvent et doivent accomplir ce rôle. En résumé : racialiser les luttes sociales + islamiser et communautariser les populations des banlieues, voila les meilleures manières pour enclencher l’éclosion de ce «nouveau monde», débarrassé de l’Etat raciste et de la République dominée par « la blancheur pourrie ».
Le Gourou n’a pas toujours tort
Sur certains points, le Gourou a vu assez juste. Depuis de nombreuses années, nous sommes tous (ceux qui veulent voir) témoins d’une extraordinaire déferlante dans l’espace public de comportements, us et coutumes propres à tous les communautarismes à forte connotation religieuse. Si l’ensemble de ces «régressions fécondes» (dixit Sadri) n’ouvre pas immédiatement «le cycle émeutier», il est la manifestation éclatante de la « réislamisation des banlieues ». « Pour les musulmans dans les quartiers, leur volonté d’appliquer les préceptes de l’Islam, selon les interprétations qui sont les leurs, ne relève généralement pas d’une action de résistance politique. Et pourtant leur choix bouscule profondément les équilibres républicains, développe de nouvelles formes de solidarité collective inter-indigènes et met en tension les rapports raciaux».
Nos propres observations dans la 17ème circonscription de Paris auprès d’un certain nombre de familles nombreuses, d’origine principalement maghrébine et subsaharienne toutes d’obédience musulmane, confirment en partie ladite analyse. Il faut également souligner qu’avant que la vague de «réislamisation des banlieues» ne submerge cette partie du 18ème arrondissement, les familles en question observaient un Islam dépourvu de prosélytisme. Ainsi (entre autres), les enfants poursuivaient leurs études dans des établissements scolaires publics sans avoir besoin de porter le voile et de fréquenter les écoles coraniques ; les parents, notamment ceux qui étaient embauchés dans de grandes sociétés (genre SNCF), participaient tout naturellement à la vie de la cité, certains au sein de leurs syndicats respectifs, la plupart assumant scrupuleusement leurs devoirs de citoyens. Certains auraient même voté Mélenchon en 2012.
Et puis, avec tous ces « Printemps», vinrent s’installer dans les quartiers de « drôles d’oiseaux prêcheurs». Ainsi, nous avons pu observer des effets de leur «déploiement», autrement dit, de l’activité de ces nouveaux «acteurs spirituels» propageant discrètement mais d’une manière extrêmement efficace, notamment parmi la jeunesse, les préceptes du courant salafiste dit quiétiste. «L’éducation populaire» y fonctionne à merveille. Si les jeunes hommes, généralement après avoir brusquement interrompu leurs études ou/et carrières sportives (football, boxe…), ont pu bénéficier «par miracle» - en supplément de très rapides mariages arrangés - d’un ‘job’ stable, les jeunes filles (bien évidemment elles aussi aussitôt mariées) pouvaient songer à poursuivre leurs études, aspirer à une carrière professionnelle quelconque, participer activement à la vie publique de la cité…, en priant que « la montagne vienne à Mohamed», autrement dit, en demandant que la République se plie aux exigences de la communauté.
Devenus pratiquants assidus, ces jeunes gens se sont assez rapidement «enfoncés» dans les «ténèbres spirituelles» de leur communauté respective. Ainsi, une voisine de palier qui, depuis son mariage avec un défenseur résolu de la cause salafiste, n’a plus quitté son beau niqab noir, avouait carrément : «Je hais la France» ! Lors d’un autre entretien, une jeune fille, «fraîchement» convertie, s’est sérieusement appliquée pour m’apprendre qu’elle est non seulement «salafiste», mais encore et surtout que les sunnites sont «les seuls vrais musulmans». A ma remarque «et les chiites ?», sa réponse fut «tranchante» : «les chiites ne sont pas musulmans» (sic). Ce sectarisme doctrinaire de la douce radicalisation n’empêche en rien l’application quasi permanente de la consigne : il faut «occuper du terrain», introduire autant que cela se peut dans l’espace public les particularismes communautaires et ainsi relativiser le principe de la laïcité. La dernière «conquête» : dans la belle petite rue piétonne, rue de l’Olive, les «mecs barbus», organisés en «troïka», sermonnent de plus en plus souvent les jeunes maghrébins et autres supposés musulmans tout simplement parce que confortablement installés sur les terrasses, ils s’adonnent à la consommation modérée de boissons alcoolisées.
Restant à la surface des choses, on pourrait conclure qu’ici comme ailleurs il s’agit certes de manifestations importantes d’un prosélytisme efficace, lesquelles cependant ne débouchent pas, en règle générale, sur l’ouverture d’un nouveau «cycle émeutier». Mais, ce que ni le Maître à penser (Sadri) ni sa fidèle disciple - notre Députée de la 17ème circonscription de Paris (dans ses savantes dissertations sur la notion de «radicalisation») - ne veulent voir, encore moins combattre, c’est le phénomène suivant : la très grande proximité entre différentes courants salafistes augmente la probabilité que les quiétistes basculent dans des branches «chérissant» la guerre sainte et les attaques terroristes…
Ainsi, autrefois bon élève (bac ES), bon sportif mais taciturne Français d’origine tchétchène, le jeune Khamazat Azimov (accompagné et «entraîné» par deux jeunes femmes aux allures de radicalisation avancée) a séjourné et effectué ses ultimes préparatifs - avant de commettre son attentat - dans un hôtel, rue Pajol, au cœur donc de cette 17ème circonscription et à 200m du QG de D.O.
Curieusement, ce gravissime évènement (un de plus dans le genre) n’a pas suscité une grande émotion. Certains se sont probablement lassés, tout en essayant de se convaincre qu’il faut «s’adapter» car il s’agit d’un mal pour l’instant «incurable». D’autres se sont tus, craignant de transgresser la fameuse directive : «Surtout pas d’amalgame» et, par conséquent, de s’exposer aux traitements réservés aux «méchants islamophobes»…
Les deux stars politiques face à cet événement
Quelle fut la réaction de H. Bouteldja et D. Obono ?
A notre connaissance, Houria Bouteldja n’a pas émis le moindre «communiqué». Pas besoin. Car les phénomènes du terrorisme sanglant commis par ceux qui, de près ou de loin, peuvent ressembler à un «indigène», elle les a déjà depuis longtemps «compris» et même «expliqués» lors de l’affaire Merah. «Mohammed Merah c’est moi, et moi c’est lui», autrement dit, nous sommes tous les deux victimes de la même histoire, celle du racisme au quotidien et des bombardements de Gaza (sic)… «Nous sommes de la même origine et surtout de la même condition. Nous sommes des sujets postcoloniaux. Nous sommes des indigènes de la République». Il faut être sacrement dérangé (politiquement) pour être capable d’inventer un tel déterminisme !
Nous nous sommes permis de hisser notre Députée, D. Obono, sur le piédestal d’une des stars de la vie politique française, très proche du PIR, pour les raisons suivantes :
a. Une des principales sources de sa formation idéologique est la production théorico-idéologique du précité camarade Sadri Khiari. Toute jeune militante d’extrême-gauche, elle a eu l’immense «privilège de réaliser et publier une importante ‘interview’ avec son Maître à penser ;
b. Membre de la Direction du NPA (entre autres), la camarade Obono a été «obligée» de fréquenter les porte-parole du PIR, car ce Nouveau Parti Anticapitaliste signe (dès 2005) «l’Appel des indigènes de la République» et participe activement au développement de la mouvance, appelée tout au début le MIR. Les liens tissés au fil des années sont si forts que, même à l’Assemblée Nationale, Danièle Obono défend courageusement l’honneur d’Houria Bouteldja ;
c. Au cours de la fameuse rencontre des figures emblématiques de cette mouvance (MIR), organisée sous l’enseigne «Mélenchon est-il notre pote ?», à ce moment-là, la «toute fraîche» Députée de Paris déclare que «l’Avenir en commun», le programme de la FI n’a rien de révolutionnaire, autrement dit, qu’il s’agit d’un tas de mesures relevant d’un «simple réformisme» ;
d. Les 4, 5 et 6 mai (2018) se déroule la «Grand’Messe» à la Bourse du Travail de Saint Denis : «Bandung du Nord, vers une Internationale décolonisée». Y participent (côté international) de nombreux invités, telles les illustres figures de ce qui reste du mouvement Black Panthers, Andjela Devis et Fred Hampton Jr., mais aussi le redoutable «animateur social et militant anticolonialiste», Nordine Saïdi (celui qui, en Belgique, de la même façon que Houria, «comprend» et «explique» les attentats terroristes mais s’obstine à ne pas les condamner), l’Irakien Muntadhar al-Zaidi et tant d’autres…
Côté hexagone : 1. La fine fleur de l’intelligentsia indigène, racialiste et décoloniale: universitaires, chercheurs, enseignants, éditeurs, journalistes, syndicalistes, représentants des principaux groupuscules d’extrême-gauche, des Black Blocs, probablement quelques «pauvres camarades de la FI»... Et pour que la tragi/comédie soit à son comble, on y trouve la personne qui s’occupe de la fondation Fanon du nom de Mireille Fanon Mendès-France… 2. Les fortes têtes de l’islam politique sont en surnombre, aussi bien le porte-parole du CCIF et autres Frères Musulmans, les adeptes de ce «beau et intelligent» Tariq Ramadan, que ceux qui se réclament de la tendance islamiste chiite (l’HRC), ouvertement pro-Hezbollah…
Dans le principal discours (dont le contenu fut au préalable «approuvé» par Félix Boggio Ewanjé-Epée, Houria et Sadri), la va-t’en-guerre Stella Magliani Belkacem a tout d’abord «dégoupillé une véritable bombe» : dans les luttes qui s’annoncent contre l’Etat raciste postcolonial, sa police et ses prisons, les Indigènes de la République vont tenter une nouvelle «régression féconde», l’alliance avec les Black Blocs ! Ce n’est donc pas du tout le fruit du hasard si l’une de deux personnes les plus ovationnées fut le «héros» du jour, Antonin Bernanos, le gars jugé et condamné dans l’affaire de la voiture brûlée et du tabassage du jeune policier stagiaire.
La porte-parole du PIR a également établi un bilan critique «du partenariat privilégié» avec les différents partis et mouvements de gauche tels que NPA, Ensemble, PCF, les syndicats solidaires… et le monde de la «Mélenchonerie» (lire la FI). Dans la meilleure tradition extrême-gauchiste (notamment trotskyste), la foudre s’est abattue sur «le pôle d’Insoumis (qui) n’est pas seulement social-chauvin et islamophobe, il est aussi hors de portée parce que les militants de base (proches du PIR) qui se réclament de la France insoumise, autant vous le dire, n’ont aucun poids en interne». Plus tard, Houria Bouteldja a rectifié le tir en rendant un véritable hommage à sa camarade Danièle Obono. Notre Députée de la 17ème circonscription de Paris a été cette deuxième personne la plus ovationnée par « les indigènes de tous les pays, unissez-vous» !
Un tel hommage ne pouvait laisser personne indifférent. La réaction fut prompte et zélée. La «Magnifique» organisa en grande pompe une réunion sous la bannière évocatrice : «Police partout, Justice nulle part ?». Et ce, bras dessus bras dessous avec l’ancien porte-parole du CCIF, l’islamiste avéré Marwan Muhammad. Bien évidemment, on débattit des thèmes si chers aux indigènes: islamophobie, racisme, contrôles au faciès… Par contre, aucune précipitation à réagir, ni même à émettre un quelconque commentaire à propos du phénomène de salafisation/communautarisation (aux conséquences si néfastes) de sa circonscription.
PS : en forme de lettre adressée à la va-t’en guerre Stella Magliani Belkacem
Camarade Stella, votre haine de «tout existant» vous rend presque aveugle… Ainsi, la situation au sein de ce que vous appelez «la Mélenchonerie» n’est guère si désespérante (pour vous et les vôtres). Les activités diverses et variées de certains militants de base et de quelques caciques (et pas des moindres) qui s’adonnent (au sein de la FI) à une sorte de «double jeu» ne sont, loin de là, si inefficaces comme vous le prétendiez dans votre exécrable exposé. A titre d’illustration, voici quelques exemples :
1. Lors des dernières élections législatives, les «Insoumis» proches du PIR ont assez bien «brouillé les cartes» en soutenant aux «primaires» des candidats qui, pour être les heureux élus, ont accepté de «côtoyer le diable». Il n’est donc pas étonnant qu’actuellement la moindre tentative d’un «groupe d’action» (en l’occurrence le groupe J.R. Hébert) pour organiser un débat démocratique et donc contradictoire sur le thème de l’entrisme islamo-communautariste provoque une véritable panique et des «réactions irrationnelles» sur et autour du navire FI. A ce point que les autoproclamés «inquisiteurs de l’Exécutif» (et ce, en dépit des proclamations tonitruantes du genre «chez nous, pas de police de pensée») prononcent une sentence d’exclusion !
2. Existent également des «collectifs» dont les membres, tout en prétendant être «plus insoumis, tu meurs», n’ont qu’une seule ambition : Abolir toutes les lois qui depuis 2003 restreignent le port du voile ;
3. Quelle ne fut pas ma surprise (agréable bien entendue) quand j’ai trouvé dans la Contribution concoctée pour être débattue lors de Congrès du Parti de Gauche 2018 un paragraphe qui disait à peu près ceci: Nous devons combattre toute forme d’essentialisme, aussi bien celui prôné par les Indigènes de la république que celui en provenance de l’extrême-droite… Pour vérifier cette bonne nouvelle, je me suis rendu à la réunion de la FI/PG organisée seulement quelques jours avant l’ouverture de ce Congrès.
Dans la salle pas mal du monde, y compris deux ou trois femmes voilées… Pourquoi pas… A un moment donné, j’ai soulevé (au sein d’un petit groupe) la question concernant la précitée bonne nouvelle. Aussitôt, un jeune médecin urgentiste et «cadre» du PG m’a dit : «stop ! On ne peut pas parler ainsi. Beaucoup de gens ici présents ne tolèreraient pas une telle attaque contre D. Obono (sic). De toute façon, nous avons d’ores et déjà amendé ce paragraphe. Il s’agit désormais de combattre les communautarismes». Un peu déçu, j’ai acquiescé…
Ma définitive désillusion se produisit quand la Coordinatrice du PG a abordé la question de la lutte contre le communautarisme: «Nous avons à Paris un grave problème : ce sont les crèches dirigées par la communauté des Loubavitch et «en même temps» financées par des fonds publics… » Une bonne partie de la salle a applaudi… C’était certainement pertinent mais cyniquement réducteur… Voyez-vous, camarade Stella, vous n’avez rien à craindre. Ici comme ailleurs, pas un seul mot contre votre communautarisme, celui qui combat et combattra résolument la laïcité, l’élément constitutif de la République française, même si un beau jour elle devient la 6ème !
Dans les 18ème, 19ème et 20ème arrondissements, la Députée de Paris D. Obono contrôle la situation et en quelque sorte dirige les responsables des «forces politiques organisées» (Ensemble, PG), celles et ceux qui il n’y a pas si longtemps étaient ses «tuteurs». Bel exemple du fonctionnement dans la vie politique de la dialectique hégélienne dite du maître et de l’esclave.
4. Tout cela est visiblement bon pour vous camarade Stella ; très, très mauvais et plus que décevant pour moi. Car c’est justement ce point qui me rend malade, me donne la nausée : Comment est-il possible que ceux qui dirigent un parti «défricheur» et même «éclaireur»…, qui s’apprêtent à inventer «un nouvel ordre imaginaire» (sic) et par conséquent, participer au développement d’un «nouveau projet de société» au-delà de ce «simple programme présidentiel» (sic, sic), qui enfin veulent créer les conditions permettant (non seulement en France, mais encore et surtout en Europe) l’éclosion d’un «nouvel humanisme écosocialiste»…, comment ces ultra-prétentieux dirigeants du PG peuvent-ils un instant penser que ces immensément nobles objectifs soient compatibles avec l’insupportable indulgence vis-à-vis des islamo-gauchistes, prêcheurs d’un si archaïque et apocalyptique communautarisme ?!
Cette indulgence est si intense qu’elle frise par moment une forte dose d’aveuglement et même de soumission. On dirait que les caciques du PG (surtout ceux et celles de Paris) et par conséquent de la FI n’ont pas entrepris la moindre analyse critique des dernières élections, notamment législatives.
Ainsi, par exemple, dans cette oh ! déjà combien de fois évoquée 17ème circonscription, c’est le candidat du PCF qui a joué à fond la carte de l’islam politique. Lui aussi a rêvé d’un raz-de-marée grâce aux voies des «islamo-communautaristes engagés». Il a même réussi à former une «équipe» de femmes voilées, lesquelles ont (il est vrai) courageusement tracté sur les marchés ainsi qu’autour des bouches de métro… Tout cela pour un résultat médiocre: le camarade Ian Brossat a été éliminé au premier tour des législatives ! Mr Brossat et ses proches collaborateurs n’ont pas voulu comprendre que les gens, une fois pris en main par les imams et autres doctrinaires de l’islam politique, vivant en vase clos dans leurs communautés respectives, peuvent éventuellement s’engager afin d’exiger la propension de certains aspects spécifiques de leur mode de vie communautaire, mais certainement pas aller voter, participer à la vie démocratique sous la bannière de tel ou tel parti soupçonné de défendre même timidement le principe de laïcité.
Notre candidate a été infiniment plus finaude. Se sentant pratiquement intouchable car désignée par les négociateurs des «forces politiques organisées» (PG, Ensemble…), elle n’a eu que mépris pour la procédure de désignation démocratique des candidats par la «base», par les militants des groupes (à l’époque) d’appui. Appliquant avec fougue la méthode musclée d’un entrisme débridé, la future Députée a totalement négligé le travail sur le terrain auprès des potentiels électeurs de sa circonscription. En tant qu’éminente représentante de cette nouvelle variante du trotskisme «indigène» affinée dans la très restreinte officine NPA ainsi que dans la «cuisine attrape-tout» de l’incontournable Madame Clémentine Autain, l’actuelle et meilleure (car la seule) Députée de Paris de la FI a réussi une fulgurante ascension ne s’arrêtant qu’une fois confortablement installée au sommet de la hiérarchie «gazeuse». Cela à un point tel qu’il était pratiquement impossible de trouver une seule apparition de notre bien-aimé Leader N°1 - lors de manifestations ou/et dans les médias audio-visuels - sans que D.O. ne soit accrochée à son dos. Cet extraordinaire cas de figure fut interprété d’une manière contradictoire. Le Patron la trouve Magnifique ! Quant à vous, camarade Stella, vous devez pour une fois reconnaître l’exploit et crier haut et fort «chapeau bas» !
5. Cela d’autant plus au vu de cet impressionnant coup de maître de notre/votre Magnifique. En effet, elle a réussi à être élue Députée de la 17ème circonscription pratiquement sans y mettre le pied. Tout au long des campagnes, présidentielle et pour une grande partie législative, elle-même et les militants d’Ensemble ont été aux abonnés absents. Seule une poignée de ces activistes promis par «l’étoile» montante du PG-FI ont entrepris de tracter et coller des affiches à peine un peu plus d’une semaine avant le deuxième tour… Et pourtant, le miracle s’est produit !
Non, ce n’était point un miracle et donc quelque chose d’inexplicable. Par une «absurdité heureuse», à l’origine de cet extraordinaire succès de la camarade d’Houria Bouteldja, l’engagement intensif des militants et sympathisants notamment du groupe d’appui J.R. Hébert occupe une place particulière, ce groupe actuellement non seulement «désavoué» mais aussi excommunié. S’inspirant d’un corpus d’idées (à l’opposé de votre «tambouille» idéologique islamo-communautariste) condensées dans l’AEC et brillamment explicitées dans les discours ô combien inspirés de J.L. Mélenchon, convaincus donc qu’aucun changement socio-économique profond, favorable au «peuple pour soi», aux citoyens «conscientisés», n’est possible dans le cadre des sinistres traités de l’UE, n’est envisageable en dehors de l’Etat-nation pleinement souverain et de la République (la 6ème si possible) une et indivisible, laïque et sociale, ces «simples» citoyens que vous, camarade Stella, avez l’habitude d’appeler sociaux-chauvins (et vos épigones - disséminés dans les rangs de vos «partenaires privilégiés» - d’une manière encore plus « raffinée » : de fascistes ?!), ces citoyens ont sillonné de longs mois durant les quartiers du 18ème arrondissement (et au-delà). Ils ont engagé leurs propres moyens y compris financiers. Ils ont tracté, collé des affiches et sont devenus rapidement les meilleurs vendeurs du programme l’Avenir en commun. Mais aussi et surtout, dans les rues, sur les marchés, devant les supermarchés et bouches de métro, dans les cafés et lors de nombreuses soirées conviviales, ils ont instauré un dialogue permanent, autrement dit, ils ont appliqué avec un succès indéniable une authentique variante de cette méthode que les courtisans prénomment pompeusement «la méthode Alinsky».
Ces «pauvres naïfs» ont ainsi réussi à démontrer que dans cette population dite multicolore, multiculturelle, et même, selon vous camarade Stella, «multiraciale », nombreux sont celles et ceux qui projettent leur avenir au sein de la République et pas du tout enfermés dans une quelconque communauté particulière. Qu’il me soit permis de rappeler que c’est dans la 17ème circonscription que la FI a obtenu le meilleur score à Paris intra-muros lors du premier tour des présidentielles. Ainsi, tout en sachant qu’elle ne le reconnaîtra jamais, nous avons laissé à D. Obono une jolie «dot» non négligeable. Saura-t-elle l’utiliser à bon escient ? Pour sa carrière politique, certainement ! Pour le reste, pas sûr ! Quant à nous, les «sociaux-chauvins d’Obono’s land», nous allons continuer à défendre l’Avenir en commun au sein de la République laïque et sociale et ce, même dans le cas figure de l’excommunication sur décision de cette «autoproclamée inquisition».
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- D. Obono, « Mouvements décoloniaux », Entretien avec Sadri Khiari, Contretemps, histoire, le 06 octobre 2009 ;
- D. Obono, « Et si on parlait politique », Blog de D.O., 15 octobre 2015 ;
- Félix Boggio Ewanjé-Epée, Stella Magliani Belkacem, « Un juste retour de bâton », Entretien avec Houria Bouteldja et Sadri Khiari, Contretemps, stratégie, 30. Octobre 2012 ;
- Mathieu Renault, Du pouvoir. Sur le « Malcolm X » de Sadri Khiari, Contretemps, stratégie, Théorie, 23 février 2013 ;
- Sama Moucharik, Azzédine Benabellah, Selim Nadi et Sadri Khiari, « 10 ans du Parti des Indigènes de la République (PIR) : entretien avec Sadri Khiari, Contretemps, stratégie, 10 juin 2015 ;
- Olivier Tonneau, « L’ombre d’un doute : confessions d’un universaliste en cours de décolonisation », Blog : Lettres d’un engagé à ses amis qu’il dérange, 10 octobre 2017 ;
- Olivier Tonneau, « Dans l’ombre du doute : les indigènes, non, mais… », Blog : Lettres d’un engagé…, 14 octobre 2017.
- L’Avenir en commun - Le programme de la France insoumise et son candidat Jean-Luc Mélenchon. Lutter contre les causes des migrations, Ed. du Seuil, décembre 2016, pp. 93-95

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