JEUX DE MAINS, JEUX DE VILAINS
Parenthèse récréative en ce paisible samedi. D’où vient donc cette locution ? « Jeux de mains, jeux de vilains ». Elle trouverait son origine au Moyen Age. Elle était alors utilisée en référence aux « vilains », dont les algarades se finissaient souvent en véritables rixes. Vilain est « habitant du domaine rural » ; du latin classique –villa-, soit –ferme-. Bien. Mais comme l’usage des armes dites nobles, comme l’épée, était réservé aux seigneurs féodaux, du coup les « vilains » en venaient aux mains pour régler leurs différends. Puis le mot vilain est devenu quelque chose de désagréable à la vue. De fil en aiguille, il a été attribué à une personne usant de vilaines manières, autrement dit coutumière de gestes déplacés, de jeux de mains discutables, et tout et tout… Une autre hypothèse est avancée : celle du jeu de paume. Ce jeu était, sous l’ancien régime, très en vogue à la Cour. Les nobles jouaient avec des raquettes et un filet, tandis que les pauvres (les vilains selon la noblesse) le pratiquaient à mains nues. Ce jeu à mains nues était alors baptisé la longue paume. Cette dernière se jouait à l’extérieur. La première mention d’une raquette pour jouer au jeu à filet date de 1505. Avant cette date, les nobles étaient gantés de cuir. Mais il existe une autre origine à cette expression qui me paraît plus crédible que tout le reste. Elle se rattache à une période bien précise de l’Histoire : l’entrevue du Camp du Drap d’Or, juin 1520. Cette année-là, Charles d’Autriche était élu empereur sous le nom de Charles Quint. Maître des Pays-Bas, de l’Espagne, de l’Allemagne et autres terroirs, il devenait le plus puissant souverain d’Europe. La France, de fait, se trouvait encerclée. Le roi de France, François 1er, craignait qu’il ne prenne fantaisie au nouvel empereur de vouloir récupérer le duché de Bourgogne qui fut naguère dans sa famille. Le roi de France se souvint alors d’un propos d’Erasme « On ne paie jamais la paix trop cher ». Et il se dit alors qu’Henri VIII d’Angleterre ferait contrepoids à la puissance de Charles Quint. Il décida donc de le recevoir avec éclat. C’est ainsi que François 1er et Henri VIII se rencontrèrent au Camp du Drap d’Or, entre Boulogne et Calais. Quel faste ! On dit que plus d’un seigneur a vendu son bien pour seulement y paraître ! On négocia entre deux banquets, deux tournois ou plutôt deux joutes, puisque les tournois qui opposaient jadis des groupes s’effacèrent au profit des joutes qui n’opposaient plus que deux chevaliers. Mais soudain, Henri dit à François « Luttons ! ». Et François de répondre aussitôt « Puisqu’il vous plaît ! ». Triboulet, le sage fou du roi de France, et connu pour ses bons mots, dit au roi « La belle façon de s’accorder que de s’allonger des chiquenaudes ! ». Toujours est-il que les deux monarques luttèrent à mains nues. Et le fou dit à la cantonade « Je n’aime guère ces empoignades à la paysanne, le vaincu en garde de l’amertume. Jeux de mains, jeux de vilains ! ». Alors que Triboulet méditait sur tout ça, vlan, François fit rouler Henri au sol! A croire que le fou avait raison et qu’Henri garda plein d’amertume, puisque l’année suivante, il conclut alliance avec Charles Quint. Ce fut la guerre. Enfermé dans Mézières, Bayard supportait le premier choc de l’ennemi. Il dit aux défenseurs désespérés « Il n’y a pas de places faibles, où il y a gens de cœur pour les défendre ! ». Ce n’est pas mal dit, mais tout cela est une autre histoire… Restons-en là, au classique « Jeux de mains, jeux de vilains ». |
|
JEUX DE MAINS, JEUX DE VILAINS Parenthèse récréative en ce paisible samedi. D’où vient donc cette lo...
|
|
|
|
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire