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jeudi 19 avril 2018

Universités : mobilisations contre les blocages.....Le président de Nanterre en difficulté depuis l'intervention des CRS.....

19 avril 2018

Universités : mobilisations contre les blocages

Peu visibles en AG, les étudiants opposés aux blocages utilisent pétitions en ligne et recours devant la justice

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On ne les entend pas souvent dans les assemblées générales (AG) étudiantes, qui, depuis plus de trois semaines, se réunissent pour voter les suites du mouvement contre la loi orientation et réussite des étudiants, accusée d'instaurer la sélection à l'entrée à l'université. Plutôt que de prendre la parole dans un amphithéâtre plein à craquer, ce qui est d'autant moins facile s'il est majoritairement acquis à la cause du mouvement, des étudiants opposés aux blocages de leur université essaient d'exister sur Internet.
Une quinzaine d'universités (sur soixante-dix) restaient touchées par le mouvement, mardi 17  avril, dont quatre étaient totalement bloquées. Certaines connaissent déjà des annulations ou un report des examens, comme à Nanterre où les partiels devaient normalement commencer le 16  avril. Et où, mardi, une AG réunissant entre 1 600 et 1 700  personnes a voté massivement pour une reconduction du blocage jusqu'à jeudi. Cette proximité des examens est souvent au centre des préoccupations de ceux que, sur les campus, on surnomme les " antiblocages ".
" Nous sommes apolitiques "Pétitions, création de groupes -Facebook pour débattre ou s'organiser, de hashtag permettant de se faire connaître sur les réseaux -sociaux(#jeveuxetudier, #mafacmonavenir, #rendslafac, etc.), les moyens d'action des étudiants opposés au blocage sont encore limités, mais la volonté est là. " On voit bien que ceux qui sont “pour” les blocus sont très bien organisés. On doit l'être aussi ", commente Jim Sermeth, étudiant en troisième année d'histoire à l'université -Paris-Sorbonne (Paris-IV) et l'un des porte-parole de ce qu'il définit déjà comme le " mouvement #jeveuxetudier ".
Lancé par des étudiants de -Paris-IV début avril, alors que le campus de Clignancourt de l'université commençait à être bloqué, ce mouvement a pour objectif de réunir " tous ceux " qui souhaitent la fin du blocus au sein de cette université, " mais aussi dans toute la France ", précise sa page Facebook, forte de 851  membres, le 16  avril. " Nous sommes apolitiques, et on ne demande pas aux gens qui nous rejoignent s'ils sont pour ou contre cette loi. Nous nous réunissons uniquement sur notre opposition au blocus et notre -volonté de pouvoir recommencer à travailler sereinement ", s'empresse de préciser Jim Sermeth. Il sait que d'autres mouvements antiblocage, ailleurs, peuvent être très politisés, à l'extrême droite entre autres.
Sur cette page Facebook, les étudiants débattent des moyens de faire entendre leur voix, tentent de se mobiliser pour aller voter en nombre en AG contre le blocage. Mais aussi pour tenter d'élargir leur mobilisation : " Cela nous permet aussi d'entrer en contact et de réfléchir avec d'autres étudiants mobilisés à Paris-VIII, Paris-I, Lille, etc. ", complète le jeune homme.
Les étudiants réfléchissent aussi à des alternatives à ces assemblées générales, " illégitimes " selon eux. " L'auditorium dans lequel se déroulait l'AG, mardi - 10  avril - ,ne permet pas de faire entrer tout le monde. Les pro-blocages étant déjà présents sur les lieux, ils étaient en nombre plus important que nous… ", commente Josselin -Brettnacher, un étudiant en philosophie de Paris-IV. Lui propose de permettre " un vote en ligne " afin de toucher tous les étudiants de l'université.
Appels aux syndicats" En assemblée générale, il faut reconnaître qu'on nous laisse prendre la parole quand on la demande. Mais ce n'est pas facile, car on se fait siffler, etc. ", note, de son côté, Karl Simler, étudiant en L3 droit-sciences politiques à Nantes. Il est membre du collectif Nantes libre, officiellement " apartisan et apolitique " aussi, même si Karl -Simler est, lui, militant actif du parti Les  Républicains.
Comme d'autres étudiants interrogés, il raconte qu'il n'est pas toujours facile d'attendre la fin de l'AG, " qui est parfois interminable ", pour participer au vote pour ou contre le blocus. Le jeune homme en est certain, les " bloqueurs sont en perte de vitesse alors que les antiblocages se mobilisent de plus en plus ". Comme lorsqu'ils sont intervenus, à -Nantes, pour essayer de débloquer la fac de droit, ou lorsqu'ils ont envoyé une délégation auprès de la présidence de l'université pour défendre leur cause. Nantes Libre est aussi à l'initiative d'une pétition qui réunissait, mardi 17  avril, près de 1 100  signataires opposés au blocus.
Une recherche sur la plate-forme Change.org fait état d'une quinzaine de pétitions de ce type aujourd'hui. S'y ajoutent des lettres ouvertes à la ministre de l'enseignement supérieur, comme celle d'étudiants et de personnels de l'université Toulouse Jean-Jaurès, à l'arrêt depuis le 6  mars. Signée par plus de 2 500  personnes, celle-ci demande à Frédérique Vidal de " prendre ses responsabilités ", par crainte que " de blocages partiels en blocage total ", la situation sur place débouche sur " une année universitaire 2017-2018 blanche. (…) Mais aussi à l'impossibilité d'organiser et de mettre en place l'année 2018-2019 ". Ce texte a d'ailleurs déjàsuscitésa contre-pétition, dénonçant l'appel " à demi-mot à la violence policière envers des étudiants et personnels ".
Une des dernières solutions expérimentées par les étudiants opposés au blocage consiste à s'appuyer sur un syndicat étudiant. Ainsi, des sections locales de l'Union nationale interuniversitaire (UNI), classée à droite, sont à l'origine de pétitions ou de recours devant les tribunaux administratifs pour demander la levée des blocus. Ce recours à la justice n'est d'ailleurs pas que le fait de syndicats. Après des procédures à Montpellier ou encore Paris, trois étudiants inscrits en lettres et sciences humaines à Nancy ont fait la même démarche, mardi 17  avril. De son côté, le syndicat FAGE, majoritaire dans les instances représentatives et favorable à la nouvelle loi, a lancé lundi un site Internet intitulé #soisjeuneettaistoi ??? destiné à " redonner la parole à l'ensemble des étudiants " et à " combattre la désinformation " sur la réforme.
Parfois, le réseau et les capacités de mobilisation syndicale arrivent même à faire pencher la balance du côté des antiblocages. Ce fut le cas le 11  avril à Strasbourg, à quelques dizaines de voix près. " Nous avions réussi à faire venir à l'AG plus de 130 personnes opposées au blocage ", se félicite Thibaut Haan, président de l'Association fédérative générale des étudiants de Strasbourg (Afges), membre de la FAGE. Le président de l'université, Michel Deneken, qui avait dénoncé dans les médias " la dictature d'un petit nombre qui prétend libérer les gens qui sont ignorants ", s'en était réjoui dans un Tweet.Le lendemain, une autre AG votait la reprise du blocage…
Séverin Graveleau
© Le Monde






19 avril 2018

Le président de Nanterre en difficulté depuis l'intervention des CRS

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" Balaudé, démission ! " : le slogan a été largement repris mardi 17  avril lors d'une assemblée générale étudiante à Nanterre. Huit jours après, la demande d'intervention des forces de l'ordre sur le campus, par le président de l'université, Jean-François Balaudé, continue de susciter la colère. " Je suis contre la loi relative à l'orientation et la réussite des étudiants (ORE) qui créé la sélection à l'entrée de l'université, mais c'est vrai que je ne serais pas venue en AG aujourd'hui s'il n'y avait pas eu cette évacuation d'étudiants par les CRS ", reconnaît ainsi Chloé, en 1re année de master de droit social.
Alors que seulement une grosse centaine d'étudiants de Paris-X-Nanterre s'étaient auparavant mobilisée contre la loi ORE, les AG organisées sur ce thème après l'évacuation en rassemblent un peu plus à chaque fois : 600, puis 800, et enfin 1 600 mardi, qui ont très majoritairement voté la poursuite du blocage de l'université jusqu'à jeudi.
" Je comprends l'émoi, et j'ai exprimé mes regrets pour ce qui s'est passé ", déclare le président de l'université. Malgré les critiques, Jean-François Balaudé maintient sa version des faits : il a décidé de faire appel aux CRS, lundi 9  avril, après que l'entrée du bâtiment E a été forcée par des " individus non identifiés ". " Il s'agissait de protéger l'université -contre un début d'occupation ", se justifie-t-il. Il indique ne pas avoir été informé d'une seconde intervention des CRS : 150 étudiants qui improvisaient une assemblée générale dans le bâtiment ont alors été violemment évacués, et sept d'entre eux interpellés.
" Dire qu'il n'était pas au courant, c'est du pipeau, tranche Claire, étudiante en 3e année de droit et hostile au blocage. Qu'il ait fait trois communiqués depuis montre bien qu'il a quelque chose à se reprocher. " Elle estime que, comme elle, bon nombre d'étudiants non mobilisés ont été choqués par les images de l'évacuation, partagées sur un groupe Facebook. Du côté des personnels de l'université, une pétition signée par une quarantaine de témoins des événements a dénoncé des " violences policières inacceptables et sidérantes ", et 200 participants à une assemblée générale ont voté un appel à la démission du président, l'annulation des examens et l'attribution d'une note de " 20/20 politique ".
Le blocage de l'ensemble des bâtiments, lundi, alors que des partiels devaient débuter, a accru la tension. " Ce blocage des examens avait été voté en AG, et annoncé. Ce n'est pas comme si nous avions pris l'administration en traître ", justifie l'un des bloqueurs, qui reproche à l'université d'avoir tenté de s'y opposer par un message des directeurs d'UFR annonçant le maintien des partiels.
" Pas question d'en appeler à la police "Une fois le blocage avéré, la présidence a néanmoins composé : les examens ont été suspendus, et " il n'est pas question de faire intervenir la police ", malgré les appels en ce sens d'étudiants en colère de ne pas pouvoir passer leurs partiels. Des professeurs de droit ont de leur côté publié un texte se démarquant de la position de l'AG des personnels : " Il ne s'agit pas de se prononcer sur le fond – la loi ORE, les événements des derniers jours –, mais de dénoncer la forme : l'annulation des examens et l'attribution d'un 20/20 politique ", explique l'un de ses signataires.
Etudiants et personnels mobilisés attendent désormais un geste de la direction. " Le président n'a pas pris la peine de recevoir les étudiants évacués, et n'a entendu aucune de nos revendications ", déplore l'étudiant bloqueur. " Dans un nouveau communiqué, j'appelle à revoir ensemble les modalités d'application de la nouvelle loi, pour l'adoucir. J'espère pouvoir avoir des échanges avec les étudiants et personnels mobilisés, après la semaine de vacances qui va débuter ", explique Jean-François Balaudé. " Il me semble que sa démission n'est plus considérée comme un préalable, réagit Frédéric Dufaux, enseignant-chercheur et représentant du personnel membre du syndicat Snesup-FSU (majoritaire au sein de l'université), qui se présente comme un “modéré en colère”. Mais cette “ouverture” arrive tard et me semble encore en deçà de ce qui serait nécessaire pour apaiser notre communauté universitaire. "
Claire Ané
© Le Monde

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