Une flambée planétaire… La dette publique et privée dans le monde – hors secteur financier – atteint des niveaux sans précédent : Au total, 164 000 milliards de dollars (132 500 milliards d'euros) comptabilisés à la fin 2016, soit 225 % du produit intérieur brut (PIB) mondial, selon les chiffres figurant dans le rapport Fiscal Monitor du Fonds monétaire international (FMI), publié mercredi 18 avril.
Depuis 2007, année qui marque le déclenchement de la grande crise financière, ce fardeau a augmenté de 40 %. Trois pays (Etats-Unis, Chine, Japon) concentrent plus de la moitié de cette somme vertigineuse. Mais le phénomène n'épargne aucune région du monde. Le plus gros stock est l'apanage des économies avancées, conséquence des plans de relance engagés pour lutter contre la récession de 2008-2009. La dette publique – qui constitue l'essentiel de la charge pour les pays riches – y est stabilisée depuis cinq ans au-delà de 105 % du PIB, un ratio inédit depuis la seconde guerre mondiale.
Profitant d'une croissance très élevée depuis trente ans, les pays émergents ont longtemps gardé la maîtrise de leurs finances publiques. Mais les temps ont changé. Ces économies ont été les principales responsables de l'augmentation de l'endettement mondial enregistrée au cours de la dernière décennie. La Chine, à elle seule, y a contribué pour près de la moitié.
Le groupe des pays en développement n'échappe pas non plus à cet emballement avec une dette publique qui dépasse, en moyenne, les 40 %, soit une hausse de plus de 10 points de pourcentage depuis 2012. Ce niveau est inférieur aux pics déjà atteints dans l'histoire récente. Mais les risques de dérapage sont élevés dans des pays qui mobilisent peu de recettes fiscales. Il y a eu, en Afrique, de vastes opérations d'annulation ou de restructuration de dette.
Les causes de cet empilement de dettes sont variées. Outre la crise et ses stigmates, les politiques monétaires ultra-généreuses déployées par les banques centrales ont joué un rôle. Les Etats et les entreprises ont profité de ces liquidités déversées sur les marchés pour emprunter à bon compte et financer leur croissance. La crise des prix des matières premières, entre 2014 et 2016, a aussi pesé lourd dans les comptes des pays exportateurs, en Afrique, au Moyen-Orient ou en Amérique latine.
Y a-t-il lieu de s'inquiéter au moment où l'économie mondiale connaît une phase de reprise, forte et généralisée ? Le FMI prédit une croissance planétaire de 3,9 % cette année et la suivante. Pourtant,
" il n'y a pas de place pour la complaisance ", a insisté Vitor Gaspar, responsable du département des finances publiques du Fonds. Des risques existent, notamment en cas d'accélération surprise de l'inflation aux Etats-Unis, susceptible d'entraîner une remontée brutale des taux d'intérêt. Un retour de bâton qui exposerait surtout les économies émergentes dont la dette est largement libellée en dollars.
Resserrer les boulonsMais comme le phénomène est mondial, le message du FMI s'adresse à tous les pays.
" Il faut profiter de la reprise économique pour accumuler des réserves financières en prévision des temps orageux qui finiront par arriver ", a prévenu M. Gaspar. Autrement dit, c'est quand la conjoncture est porteuse qu'il convient de resserrer les boulons.
Le message s'adresse tout particulièrement aux Etats-Unis de Donald Trump. Alors que l'économie américaine tourne déjà au maximum de ses capacités, la réforme fiscale tout juste approuvée et le projet de budget vont creuser le déficit et gonfler la dette publique. Celle-ci devrait passer de 107 % du PIB en 2017 à près de 117 % en 2023… alors même que l'ensemble des autres pays avancés prévoient de diminuer leurs niveaux d'endettement.
" Nous pressons les responsables politiques d'éviter les programmes pro-cycliques fournissant un stimulus inutile au moment où l'activité accélère déjà, a conclu M. Gaspar.
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Marie de Vergès
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