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jeudi 2 février 2017

Petit Benoît deviendra grand ?

02 février 2017
Laurent Joffrin
La lettre de campagne
de Laurent Joffrin

Petit Benoît deviendra grand ?

De toute évidence, il y a un effet Hamon, qui risque fort de démentir cruellement les commentaires condescendants du soir de la primaire. La candidature de l’ex-frondeur a d’abord suscité l’engouement d’un électorat jeune et actif que le PS désespérait de voir revenir vers lui. Le meilleur indice de cette nouvelle donne s’observe dans le comportement de Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du parti et vieux briscard de l’analyse tactique. Gardien de cette vieille maison qu’on disait proche de la chute, il commence à croire au miracle : le sauvetage d’un parti qui jouait sa survie dans une élection destructrice. Il s’était préparé à crier bravement «Vive Hollande !», puis «Vive Valls !». Voyant les sondages qui se redressent brutalement en faveur du vainqueur de la primaire, voyant ceux de Mélenchon s’affaisser aussi brusquement, voyant de nouveaux électeurs se diriger peu à peu vers son vieux parti, il n’a plus qu’un seul mot d’ordre : «Vive Hamon !»
Certes, la remontée brutale de «Benoît» dans deux enquêtes – 16% dans l’un, 18 dans l’autre, contre 7 auparavant – doit être prise avec circonspection. Ce peut être le simple effet d’un scrutin gagnant ou le résultat d’une mode passagère. Mais si elle se confirme, elle change la donne. Elle signifiera que les 28% d’électeurs de François Hollande au premier tour de 2012 n’ont pas tous filé vers Macron ou Mélenchon. Déçus par le quinquennat, ils veulent néanmoins une gauche de gouvernement, à condition qu’elle incarne l’espoir d’une société différente, qu’elle traduise dans un programme les aspirations écologiques, sociales, sociétales jusqu’ici portées par la myriade de luttes et d’initiatives qu’on désigne par le vocable de «mouvement altermondialiste». Hamon est un vieux rocardien. L’homme de la deuxième gauche avait su marier dans son discours le désir de rupture et la crédibilité gestionnaire. Une fois au pouvoir, Rocard avait mis en œuvre plusieurs réformes audacieuses qu’on tient aujourd’hui pour des acquis intangibles. On s’apercevra aussi qu’en dépit du virage «réaliste» qui lui a coûté si cher, Hollande laisse derrière lui des réformes progressistes, partielles mais précieuses, que la droite au pouvoir effacera à coup sûr. Conserver ce legs et progresser dans la voie d’une société plus humaine : c’est l’espérance dont hérite Hamon. Il lui revient de faire fructifier l’héritage.

C’était hier

• Fillon est au plus mal. Cette fois, c’est Pénélope Fillon elle-même qui vient contredire son mari. Interrogée naguère et filmée, elle affirmait avec candeurne pas travailler pour son mari. Au même moment, son salaire d’assistante parlementaire tombait chaque mois sur le compte de Sablé… La contradiction est meurtrière. A droite, le moral est tombé au-dessous de zéro. Henri Guaino, qui a une certaine habitude de ce genre de situation – il les a connues auprès de Sarkozy – a laissé tomber son verdict : «C’est intenable.»
• La droite encore filloniste a trouvé une nouvelle théorie du complot : c’est Macron le coupable, puisqu’il était à Bercy. Jusque-là, elle désignait l’Elysée comme le grand tireur de ficelles. Vaste blague : personne ne peut à ce jour identifier les sources du Canard. Toutes les vaticinations sont donc possibles. Si l’on joue aux devinettes, l’action occulte d’une autre fraction de la droite – des sarkozystes atrabilaires, par exemple – est tout aussi vraisemblable. A moins que les journalistes du Canard aient tout bonnement enquêté par eux-mêmes. C’est ce qu’ils disent en tout cas. Pourquoi ne pas les croire ?
• Théorie du complot, toujours. Marine Le Pen accuse le Parlement européen de partialité quand il lui reproche d’avoir détourné le travail de son assistante au profit du Front national. Nouvelle blague : le dossier a été instruit sérieusement et le Parlement européen est pluraliste dans sa composition politique. Le problème se posera avec une acuité nouvelle si Fillon jette l’éponge. Juridiquement, il n’y a aucune différence entre le cas Fillon et le cas Le Pen…
LAURENT JOFFRIN
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