François Hollande : « Je peux ne pas être
candidat, je peux être candidat »
LE MONDE | • Mis à jour le | Par Nicolas Chapuis
L’exercice relevait tout à la fois du service après-vente et de la session de rattrapage. François Hollande a profité d’une pause au milieu des négociations du Conseil européen pour participer vendredi 19 février à l’émission « Le téléphone sonne », sur France Inter. Service après-vente d’une réforme du droit du travail qui ne passe pas à gauche, session de rattrapage auprès des Français après un passage mitigé au journal télévisé de France 2 et TF1, le 11 février, et avant un voyage d’une semaine en Polynésie et en Amérique du sud.
Après une première partie consacrée à la crise de l’Union européenne et au risque de sortie du Royaume-Uni (« Brexit »), le chef de l’Etat a donc répondu aux questions des auditeurs sur la politique intérieure, dont la plupart revenaient sur le projet de loi de Myriam El Khomri sur le droit du travail ainsi que sur le chômage. Face au ton parfois virulent des questions, François Hollande a tenu à réexpliquer sa réforme, en gommant sciemment les aspects les plus controversés du texte.
A plusieurs reprises, il a voulu se montrer pédagogue, en combattant les « rumeurs » qui courent sur ce texte. « Tout ce que je veux, c’est non pas remettre en cause des droits, les droits vont être respectés, je veux qu’il y ait plus de négociation collective, je veux qu’il y ait plus de souplesse, plus de sécurité, plus de visibilité », a-t-il expliqué.
« Le Parlement va en discuter »
Insistant sur la discussion entre les partenaires sociaux au sein des entreprises, il a entrepris de minimiser les effets de la réforme sur les conditions de travail et notamment les heures supplémentaires : « Les règles de majoration, par exemple, ne seront pas modifiées, mais les entreprises pourront faire des accords avec les syndicats pour adapter, faire en sorte que ces règles soient plus en phase avec les outils de production. »
Concernant, les barèmes prud’homaux en cas de licenciement abusif, il a semblé s’en remettre aux députés : « Le Parlement va en discuter. » Rien en revanche sur les « accords offensifs », qui permettront d’envisager des modifications du temps de travail et de la rémunération dans le but de « développer l’emploi », sur la sécurisation du licenciement économique pour les entreprises ou sur l’élargissement du recours au forfait jours dans les PME.
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A plusieurs reprises, le chef de l’Etat a répété comme un slogan : « Le seul sujet, c’est l’emploi. » Une façon de rappeler que tout son quinquennat se joue sur cette promesse d’inversion de la courbe du chômage : « Je me suis engagé personnellement. J’ai dit que je serai jugé sur cette question-là. Je ne me déroberai pas. Je n’ai de ce point de vue-là qu’une seule parole. J’ai été candidat pour que nous créions les conditions pour qu’il y ait une baisse du chômage et il doit y avoir une baisse du chômage. Et s’il n’y a pas de baisse du chômage, vous savez quelles conclusions j’en tirerai. »
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Rarement François Hollande avait évoqué aussi clairement le doute qui pèse sur sa capacité à être en lice à la présidentielle, sans pour autant varier d’un iota sur sa ligne directrice en matière d’économie. « Je peux ne pas être candidat, je peux être candidat », a-t-il expliqué, butant parfois sur les mots. « Je demande à être jugé là-dessus : est-ce que j’aurais bien fait, ou est-ce que je n’aurais pas bien fait. » Interrogé sur le risque d’un nouveau 21 avril, avec l’extrême droite au second tour et la gauche éliminée, il n’a pas botté en touche – « les conditions sont réunies » –, appelant « chacun à y réfléchir ».
Pas question en revanche de rentrer dans des considérations sur la primaire que demande une partie de son camp : « Je ne suis pas dans cette situation. Nous sommes à quatorze mois d’une élection, et je vais entrer dans ce type de réflexion, d’organisation ? Mais qu’est-ce qu’on penserait de moi ? Je ne suis pas à la tête d’un parti, je suis à la tête du pays. »
Dans la même logique, François Hollande a d’ailleurs refusé de répondre directement à la question « Etes-vous toujours de gauche ? » Ses détracteurs y verront la preuve de la « trahison » vis-à-vis de son camp que nombre d’auditeurs dénonçaient dans leurs questions vendredi. Les autres y percevront l’ébauche d’une stratégie de campagne dans la peau du président au-dessus de la mêlée.
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