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mercredi 28 octobre 2015

LA LIBRE PENSEE : La Raison interviewe Jean-Claude Mailly, Secrétaire général de Force Ouvrière

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28 octobre 2015

Au fil de la plume

La Raison interviewe J-Cl Mailly

En direct avec Jean-Claude Mailly, Secrétaire général de Force Ouvrière

Interview pour  La Raison, revue de la Libre pensée



La Raison : Régulièrement, la CGT- FORCE OUVRIERE indique son total soutien à la laïcité de l’Ecole publique et de l’Etat. Pourquoi ?

Jean-Claude Mailly : FORCE OUVRIERE est fondamentalement attachée aux valeurs républicaines et à leur mise en œuvre. Cela vaut pour la liberté, l’égalité, la fraternité et la laïcité, ces 4 principes étant d’ailleurs interdépendants.

La laïcité, c’est la séparation de la sphère publique et de la sphère privée. C’est bien entendu la tolérance (le droit de penser autrement et de l’exprimer) ce qui suppose une réelle neutralité de l’Etat. Vis-à-vis des convictions et religions, c’est le respect du droit de croire ou de ne pas croire, sans introduire de privilège. Cette neutralité laïque doit notamment s’exercer à l’Education nationale avec l’application de la formule : « fonds publics, Ecole publique » à même de garantir la Séparation des Eglises et de l’Etat.

La Raison : Y-a-t-il un lien entre la Charte d’Amiens (1906) et la loi de Séparation (1905) ?

JCM : Oui, il y a un lien, y compris et ce n’est pas un hasard, dans le calendrier. Comme je l’exprimai plus haut, la Séparation des Eglises et de l’Etat va de pair avec le respect des pensées et croyances individuelles, ce qui va également de pair avec l’égalité de droit ou de traitement. Cette séparation doit exclure des traitements particuliers, donc discriminatoires, vis-à-vis d’une religion quelle qu’elle soit.

La Charte d’Amiens, quant à elle, a notamment ancré l’indépendance syndicale vis-à-vis de toutes les structures, philosophiques ou religions extérieures au syndicat. Le syndicat a pour rôle de représenter et défendre des intérêts particuliers et moraux des travailleurs, quelles que soient par ailleurs leurs opinions politiques ou religieuses.

A charge et obligation pour les adhérents de ne pas faire entrer ces convictions à l’intérieur du syndicat.

D’une certaine manière, la Charte d’Amiens et la loi de Séparation sont complémentaires et répondent au même objectif de non confusion entre sphère publique ou syndicale et sphère privée. Le syndicat a vocation à regrouper les travailleurs actifs, chômeurs ou retraités quelles que soient leurs opinions de citoyens ou d’individu.

La Raison : Depuis 1959, FORCE OUVRIERE se prononce contre la loi Debré et réclame la fin du financement public de l’enseignement privé. Pourquoi ?

JCM : Tout simplement parce que le respect de la valeur de laïcité – valeur la plus tolérante pour l’individu – suppose une égalité de traitement, c’est-à-dire de ne favoriser aucune croyance ou religion. Quand certains considèrent que la France est la fille ainée de l’Eglise, j’estime qu’elle est la Fille de la philosophie des Lumières et de la Révolution de 1789.

La Raison : Que penses-tu de l’initiative de la Libre Pensée de manifester le 5 décembre 2015 pour le 110ème anniversaire de la loi de 1905 ?

JCM : Que c’est une bonne initiative. Il est bon de rappeler l’attachement à des valeurs républicaines fondatrices, qui plus est dans une période de crise où l’ultralibéralisme sacrifie le social au nom du sociétal, parle de laïcité plurielle ou de reconnaissance des communautarismes.

La laïcité, comme la démocratie ne se décline pas : elle est ou elle n’est pas.

FORCE OUVRIERE appellera d’ailleurs ses adhérents qui le souhaitent, à titre individuel, à participer à cette initiative.

Propos recueillis le 27 octobre 2015, avenue du Maine à Paris

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