histoire
Marianne Cohn, une figure de la résistance à Annemasse en Haute Savoie
Le 70ème anniversaire de la Libération est l'occasion de rendre hommage aux héros de la résistance. A Annemasse, une jeune fille juive allemande de 22 ans a permis à de nombreux enfants juifs de passer en Suisse, avant d'être assassinée par la Gestapo.
- Céline Serrano
- Publié le 04/06/2014 | 12:17, mis à jour le 04/06/2014 | 12:17
Elle aurait pu se contenter de se cacher, elle a choisi de braver tous les dangers pour sauver des enfants. Réfugiée à Annemasse pendant la guerre, Marianne Cohn était une jeune fille juive allemande de 22 ans courageuse et résistante. "Elle était active, elle n'avait pas peur, elle était gonflée !" témoigne l'historien Guy Gavard. "Elle voulait agir, elle ne voulait pas subir" renchérit Ruth Fivaz,historienne elle aussi.
Comme sa compatriote Mila Racine, entre 1943 et 1944, Marianne Cohn, Collin de son nom de résistante, conduit des enfants juifs à travers la France occupée jusqu'à la frontière suisse.
Comme sa compatriote Mila Racine, entre 1943 et 1944, Marianne Cohn, Collin de son nom de résistante, conduit des enfants juifs à travers la France occupée jusqu'à la frontière suisse.
Des groupes de 15 à 30 enfants avec qui elle traverse la France à pieds, entre Limoges, Lyon et Annemasse, courrant constamment le risque d'être arrêtés par l'occupant allemand. Sur le parcours les obstacles sont nombreux. Lorsqu'ils passent le Foron à l'approche de la frontière suisse, le niveau de l'eau est bien plus élevé qu'aujourd'hui. "Les petits risquaient de se noyer. Les plus grands devaient les porter sur leurs épaules, et parfois même eux avaient du mal à passer." raconte Ruth Fivaz. A la frontière, les douaniers suisses se montraient plutôt bienveillants : "Souvent les enfants leur faisaient signe d'en-bas et un des douaniers allait les aider à passer à travers les barbelés" continue l'historienne.
Marianne Cohn
Marianne Cohn fera ainsi passer en Suisse 9 groupes d'enfants juifs, mais elle sera interceptée avec le dernier groupe le soir du 31 mai 44. Une patrouille allemande les conduit alors à la prison du Pax au centre ville d'Annemasse, lieu de sinistre réputation. "C'est alors la principale prison allemande de Haute-Savoie. C'est un endroit sordide. Un lieutenant allemand y a tué 5 résistants dans leurs cellules."poursuit Guy Gavard. Mais Marianne Cohn ne sait rien de cela, et reste animée par le désir de sauver ces enfants qui l'accompagnent. Les plus jeunes, le maire d'Annemasse a convaincu les allemands de les laisser sortir du Pax. Mais les plus âgés y sont toujours avec Marianne, et elle n'aura de cesse de les faire libérer. "Elle faisait passer des billets à son réseau pour qu'ils organisent la libération des enfants, mais elle n'avait pas peur pour elle. Elle pensait qu'elle serait déportée comme les résistants, mais plus tard." Et quand elle apprend que son réseau a mis au point un plan pour la libérer, elle refuse. "Elle a dit non, sinon ils vont tuer tous les enfants." Le 8 juillet 44, elle sera fusillée par la Gestapo avec deux autres résistants. Les enfants eux, sortiront de la prison en Août.
Ce mardi 3 juin, dans le cadre des cérémonies du 70ème anniversaire de la Libération, 250 enfants d'Annemasse honoraient la mémoire de cette jeune femme héroïque, ainsi que celle de Mila Racine et des 4 justes de la ville.
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