C'est une date qui, encore aujourd'hui, donne des sueurs froides aux hiérarques chinois. Le 4 juin 1989, le "printemps de Pékin", qui avait éclos sur la place Tiananmen quelques semaines auparavant, avec l'espoir de voir émerger une société réellement démocratique, était violemment maté par l'armée. Bilan : des centaines, voire des milliers de victimes. Vingt-cinq ans plus tard, soulignent le Los Angeles Times et El Pais, les autorités imposent à la population une "amnésie collective" à propos de ces événements, toujours qualifiés, selon la rhétorique officielle, "d'émeutes contre-révolutionnaires". Cette année, la répression est nettement plus active, insistent NPR et le Washington Post : plusieurs dizaines de militants des droits humains et d'intellectuels ont été assignés à résidence. Reflet d'une restriction patente des libertés individuelles, la censure idéologique imprime sa marque partout, dans la presse et sur Internet. Pour autant, certains dissidents refusent de se laisser intimider, à l'instar des membres de l'ONG Open Constitution Initiative (Gongmen) ou du mouvement Weiquan, note le Daily Beast. Comme l'explique la BBC, la contestation a changé de visage : hier, la "rébellion et la critique" tenaient le haut du pavé ; à présent, elle s'exprime par le rejet des"valeurs modernes", notamment du consumérisme. Pour le Time, le pouvoir chinois n'a pas le choix : s'il veut préserver le "miracle de la croissance", il ne peut séparer plus longtemps réforme économique et libéralisation politique. Dans une tribune au Guardian, l'écrivain Ma Jian veut croire que le "courage" des héritiers de Tiananmen – goutte d'eau dans un océan de 1,3 milliard de citoyens – tirera la jeunesse de son "apathie". Et The Economist de conclure : "Depuis 1989, le Parti communiste s'est montré étonnamment habile pour gérer une série de crises. Mais il devra l'être davantage s'il veut se maintenir au pouvoir encore vingt-cinq ans." |
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