L'actualité du samedi 04/01/2014
La UNE Parole
En 2005, Libération publiait chaque semaine, dans ses
pages Société, une chronique intitulée «Cité dans le texte». L’idée était de
donner la parole aux habitants de la Grande-Borne, une cité de Grigny, en
Essonne, afin de sortir des images stéréotypées sur la banlieue, puis de
prolonger la transcription de leurs propos par une vidéo diffusée sur Libe.fr. Nous avions ressenti, déjà,
l’urgence qu’il y avait à faire témoigner ceux qui peinent à se faire entendre.
Cette urgence, on la ressent aujourd’hui plus que jamais alors que le sentiment
d’impuissance et le désenchantement gagnent une grande partie de la société,
alors que les femmes et les hommes politiques tendent à perdre de leur clarté
et de leur aptitude à convaincre, alors que les frontières politiques se
brouillent et que les tensions sociales s’exacerbent. Si nous avons choisi de
braquer le projecteur sur l’initiative littéraire et citoyenne de Pierre
Rosanvallon (qui a cet autre avantage de marier papier et numérique), c’est parce
qu’elle pourrait avoir un caractère fort salutaire à quelques semaines des
municipales et des européennes. Libérer la parole avant qu’elle ne se
transforme en carton rouge ou plutôt brun dans l’urne, éviter que des discours
délirants et stigmatisants ne s’imposent faute de vrais échanges (l’affaire
Dieudonné en est un exemple criant), redonner la voix aux silencieux et aux
oubliés. Les laisser écrire «le roman vrai
de la société d’aujourd’hui» comme
le clame Rosanvallon sur son site. Une logique du faible au fort qui redonnera
peut-être à certains l’envie d’être acteurs de leur vie au lieu de la subir.
Par Alexandra Schwartzbrod
|
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire