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jeudi 21 février 2019

Quelques éléments d’analyse de la Lettre aux Français d’Emmanuel Macron, qui non seulement n’apporte pas de réponses aux attentes des gilets jaunes, mais prouve également qu’il n’a pas compris les questions !


Quelques éléments d’analyse de la Lettre aux Français d’Emmanuel Macron, qui non seulement n’apporte pas de réponses aux attentes des gilets jaunes, mais prouve également qu’il n’a pas compris les questions !
Le diagnostic de la lettre aux Français ignore complètement la responsabilité de la politique menée par Emmanuel Macron depuis son élection. Qui baisse les impôts des plus riches ? Qui refuse de redistribuer les richesses ? Qui ferme les petites lignes de train ? Qui supprime des postes de fonctionnaires et ferme les services publics ? Qui baisse les salaires avec ses politiques d’exonérations de cotisations sociales ? C’est la politique menée par ce gouvernement (et le précédent), et donc celle d’Emmanuel Macron !
Le Président demande aux Français quels impôts doivent baisser en priorité mais évacue tout de suite la question de l’ISF, de la flat tax, et plus généralement des hausses d’impôts pour les plus riches. « Il n’y a pas de questions interdites » … sauf celles qui le dérangent ! Car la lettre aux Français ne fait que reprendre les poncifs néolibéraux habituels : on ne parle des impôts que pour les baisser, on n’évoque les services publics que pour parler de les supprimer. La lettre aux Français estime que « l’impôt prive notre économie des ressources » et prive les travailleurs du fruit de leurs efforts ». C’est tout le contraire ! Les services publics, les infrastructures, l’éducation, la santé contribuent au bien vivre des gens et à la compétitivité des entreprises.
Les gilets jaunes ne demandent pas cela : ils veulent plus de justice fiscale, plus de redistribution des richesses, pour plus de services publics de proximité. Mais ça, le président refuse d’en parler ! Rien sur l’évasion fiscale, des multinationales et des plus fortunés, qui fait perdre à l’Etat 60 à 80 milliards € par an ! Voilà qui aurait pourtant pu aider à répondre à cette question qui revient sans cesse : comment financer (les services publics, la transition énergétique…). Rien non plus sur les contradictions entre les grands discours de LREM sur la transition écologique et la réalité concrète de la politique du gouvernement : austérité budgétaire, destruction des services publics de transport, etc.
La lettre aux Français reprend les vieilles ficelles sarkozystes, typiques de la droite xénophobe : vouloir diviser les Français en amalgamant immigration, laïcité et risque pour le vivre-ensemble. Ces questions, personne ne les pose pourtant sur les ronds-points ! Les gilets jaunes et leurs cahiers de doléance demandent plus de démocratie et une juste répartition des richesses, pas un débat biaisé sur la laïcité. Affirmons-le haut et fort : ceux qui menacent le vivre-ensemble, ce sont les ultras riches qui font sécession de la communauté nationale avec l’exil fiscal, pas les réfugiés qui viennent chercher un avenir meilleur en France !
En bref, la lettre aux Français passe à côté des aspirations populaires au profit de vieilles idées néolibérales : moins d’impôts, moins de services publics, moins de solidarité et des graines de divisions. Pas de véritable débat pour définir un cap collectif qui réponde aux questions des gilets jaunes mais « une clarification du projet national et européen » de la majorité. Emmanuel Macron nous demande comment appliquer son programme alors que les gens rejettent justement ce programme. On ne demande pas au peuple de décider, on lui demande vaguement son avis et c’est Macron qui décidera, lui et lui seul (« Je tire toutes les conclusions »). La lettre se conclut sur un « en confiance » alors que cette confiance est justement rompue entre les Français et le président. Et ce n’est pas cette lettre, qui ne répond pas aux attentes et tente de noyer le poisson, qui la reconstruira.
En résumé, la lettre aux Français, c’est « débattez de tout et n’importe quoi mais pas de ce qui compte vraiment, je décide et ne changerai pas ». Une nouvelle preuve de la surdité du pouvoir en place. Ce n’est pas un grand débat mais une grande débâcle qui se prépare.

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