Translate

samedi 21 avril 2018

SNCF : la CFDT appelle à " un large débat public sur l'avenir "


21 avril 2018

SNCF : la CFDT appelle à " un large débat public sur l'avenir "

Deux dirigeants du syndicat, Laurent Berger et Didier Aubert, dénoncent un déni de démocratie sociale

agrandir la taille du texte
diminuer la taille du texte
imprimer cet article
Alors que les mobilités explosent et se transforment, le rail est un élément essentiel de l'aménagement du territoire dans le respect de l'environnement. La CFDT le martèle, il est impératif de tracer une véritable transition écologique en se donnant les moyens d'atteindre les engagements de réduction de 40 % des émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030. Pour cela, le ferroviaire est un formidable outil.
La réforme ferroviaire a été lancée par le gouvernement à la suite du rapport Spinetta, mais n'a pas été débattue dans le cadre des Assises de la mobilité. C'était une première erreur. Elle a été mise au centre du débat public à coups de caricatures et de chiffres brandis sans explications. C'était une deuxième profonde erreur, et le gouvernement en commet une troisième.
Les concertations patinent. La CFDT fait des propositions, mais le gouvernement n'a toujours pas esquissé un écosystème politique, économique et social à même de rassurer les citoyens, les élus et le corps social cheminot. Au contraire, il distille des annonces importantes (filialisation du fret, fin du statut en  2020) sans même une information préalable de ses interlocuteurs syndicaux. Quelle étrange conception de la concertation !
Il faut en finir avec les postures, telle celle consistant à échanger le statut actuel des cheminots contre une reprise de la dette. Cette dette n'est pas celle des cheminots, mais celle de l'Etat et de ses politiques publiques depuis trente ans. Il faut aussi assumer qu'il ne peut pas y avoir de système ferroviaire efficace sans financement public pérenne. L'abandon de l'écotaxe et l'absence de décision claire sur la reprise intégrale de la dette et ses modalités soulèvent de graves inquiétudes.
La CFDT n'a pas souhaité l'ouverture à la concurrence. Mais c'est un fait politique qui s'impose. Et il est de notre responsabilité d'organisation syndicale de protéger les salariés de la SNCF dans cette transition et de nous assurer que la qualité du service public sera maintenue. Aujourd'hui, pour que la concurrence ne joue pas sur les conditions de travail, nous exigeons la négociation d'une convention collective qui protégerait tous les travailleurs du rail. Nous pouvons créer un " cadre social de haut niveau ". La branche ferroviaire doit l'incarner.
sortir de l'impasseLa CFDT a proposé vingt premiers amendements portant sur la protection des salariés, l'évolution du statut des cheminots et l'amélioration des conditions de travail, la continuité ferroviaire des territoires et la garantie de la nature publique du groupe public ferroviaire. Le débat à l'Assemblée est passé et nous sommes loin du compte. La loi doit encore évoluer.
Concernant la nature juridique du groupe, le gouvernement prétend que le statut de société anonyme serait plus protecteur. C'est faux. Mais il faut avant tout se poser la véritable question : quel service ferroviaire voulons-nous pour demain ? Les coûts réels de l'ouverture à la concurrence doivent être mis sur la table. Dans tous les pays européens qui ont ouvert à la concurrence, les investissements publics ont été massifs, dans des proportions trois à quatre fois supérieures à la France.
Pour la CFDT, cette réforme doit donner lieu à un large débat public et être étayée par une profonde et sincère négociation. La CFDT propose et continuera à proposer. Il appartient au gouvernement de répondre et d'abandonner sa posture. C'est la condition pour sortir de l'impasse actuelle d'un conflit pénalisant les salariés comme les usagers. C'est aussi la condition indispensable pour donner un avenir au transport public ferroviaire et garantir un service de qualité.
Laurent Berger et Didier Aubert

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire