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dimanche 13 août 2017

Les Crises.fr - Torture systématique au Venezuela : ce qui se passe derrière les barreaux, par Emile Boutelier

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13
Août
2017

Torture systématique au Venezuela : ce qui se passe derrière les barreaux, par Emile Boutelier


Suite de notre série sur le Venezuela, avec différents articles visant à compléter la vision diffusée par les médias.
Rappelons que nous ne soutenons aucun camp là-bas, militons pour que le peuple vénézuelien choisisse librement et démocratiquement son avenir, et condamnons toutes les atteintes aux Droits de l’Homme des deux camps…
Un premier son de cloche
Source : Le Nouvel Obs, Emile Boutelier, 01-08-2017


Une manifestante face à la police. (CARLOS BECERRA / AFP)
Coups, électrocution, sévices sexuels… Les ONG dénoncent l’usage généralisé de la torture contre les opposants emprisonnés.
L’immense immeuble ressemble à un étagement de rizières en terrasse posées à flanc de colline : ce qu’il se passe dans l’ombre de ses boyaux de béton est beaucoup moins bucolique. L’Hélicoïde, le bâtiment des services de renseignement à Caracas, est pour nombre de Vénézuéliens le symbole de la violence d’Etat orchestrée par le président Nicolas Maduro.
Mais les geôles de cette grosse termitière, peuplées à 80% de prisonniers politiques, ne sont pas les seules à être soupçonnées de soumettre au supplice leurs détenus. La crise politique semble s’être accompagnée d’une généralisation de la pratique dans tout le pays. Alors que l’organisation d’aide légale aux prisonniers Foro Penal affirme que 4.500 personnes ont été arrêtées pour leur engagement politique en quatre mois, et que près de 1.500 y sont toujours, les ONG se mobilisent. Car les arrestations ne sont pas près de cesser : après les manifestations contre l’élection de l’Assemblée constituante, deux ténors de l’opposition, Leopoldo Lopez, fondateur du parti de droite Voluntad Popular, et Antonio Ledezma, maire de Caracas, ont été arrêtés.

Systématisation de la torture

Toutes les prisons sont des mouroirs, mais certaines le sont plus que d’autres. Contactée par téléphone, Geneviève Garrigos, responsable Amériques d’Amnesty International France, rappelle que celles du Venezuela offrent des conditions d’incarcération particulièrement dramatiques. Déjà surpeuplées avant la crise, elles ont connu une augmentation significative de leur engorgement à la suite des récentes vagues d’arrestations et de l’augmentation de la criminalité corollaire à la crise politique. Dans son rapport annuel présenté au Parlement, le médiateur indiquait ainsi que 22.759 personnes étaient toujours détenues à titre provisoire dans des locaux de la police.
D’après l’observatoire vénézuélien des prisons (OVP), les établissements pénitentiaires dépassent de 190% leurs capacités d’accueil. On y meurt de faim, les détenus, souvent armés, s’y entretuent, et le manque d’accès aux soins s’allie à la promiscuité pour disséminer les maladies à des vitesses record. Selon Geneviève Garrigos, “on assiste, depuis 2014, à une systématisation de la pratique de la torture dans les prisons vénézueliennes”. Selon elle, “cela va bien plus loin que la torture dite “blanche”, [la torture psychologique via la mise à l’isolement, les simulacres d’exécution, les privations de sommeil ou les humiliations NDLR] omniprésente au Venezuela”.

Du gaz pulvérisé dans les voies respiratoires 

“Les coups, l’emploi de l’électricité ou des gaz lacrymogènes pour soumettre au supplice sont désormais chose commune dans les prisons vénézueliennes”, affirme-t-elle. Dans un rapport publié le 19 juillet 2017, le secrétaire général de l’Organisation des Etats américains, Luis Almagro, confirme ces pratiques.
S’appuyant sur une étude du Centre des études pour l’Amérique latine qui recense 120 cas entre le 1er avril et le 12 juin 2017, il dresse un tableau détaillé des horreurs : outre les coups, attestés dans la totalité des 120 témoignages, il mentionne l’usage extensif de gaz lacrymogènes, le plus souvent dans des salles de confinement bondées, pulvérisé parfois directement dans les voies respiratoires des détenus. Selon lui, “un autre fait inquiétant est la multiplication de cas de sévices sexuels ou de sévices psychologiques à caractère sexuel” : 80% des nouveaux cas recensés font état de scènes de déshabillage, de menaces de viols et de viols effectifs, aussi bien sur les hommes que sur les femmes. Au-delà de ces faits récurrents, le rapport dresse une longue série de témoignages sur l’inextinguible inventivité de l’esprit humain.
Plusieurs éléments ressortent cependant de ces détails sordides. Si certaines pratiques sont très fréquentes, et semblent relever de la systématicité de la torture d’Etat (usage de lacrymogènes, coups) d’autres, non moins condamnables, semblent davantage relever de la licence laissée au sadisme individuel des tortionnaires.
En juin 2017, le “Washington Post” relayait ainsi un rapport d’Human Rights Watch narrant les témoignages d’une quinzaine de personnes qui, dans une prison à Valencia, auraient dû manger des excréments avec des pâtes crues. Ce type de pratiques est pourtant loin d’être avéré partout. “Nous ne savons pas exactement s’il y a des pratiques recommandées au sein des services”, résume Geneviève Garrigos. “Une chose est sûre cependant : si certaines pratiques particulièrement affreuses relèvent de l’exception, la torture en elle-même est systématique.”
A la question d’une possible instrumentalisation de la torture par l’opposition pour discréditer le régime, elle répond
Suite à lire sur : Le Nouvel Obs, Emile Boutelier, 01-08-2017
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8 réponses à Torture systématique au Venezuela : ce qui se passe derrière les barreaux, par Emile Boutelier


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