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mercredi 30 août 2017

La Tribune des Travailleurs :L’éditorial par Daniel Gluckstein –Souriants barbares - mercredi 30 août 2017

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                                  La Tribune des travailleurs

Souriants barbares


L’éditorial par Daniel Gluckstein – 
Dans ce pays, il y avait (encore) une protection collective contre la maladie. Elle avait permis d’immenses progrès de la santé de la population. Les barbares sont venus qui ont décidé d’assécher les ressources de cette Sécurité sociale. À terme, ils la condamnent à disparaître.
Dans ce pays, il y avait des travailleurs mal payés, surexploités, précarisés, mais qui, malgré tout, disposaient de quelques ressources. Les barbares sont venus qui ont décidé, du jour au lendemain, le non-renouvellement de ces contrats aidés, laissant sur le carreau 149 000 salariés et leurs familles.
Dans ce pays, il y avait des personnes âgées et d’autres, handicapées, qui recevaient la visite d’aides à domicile. Il y avait aussi des enfants en situation difficile qui bénéficiaient du soutien indispensable à leur insertion dans l’institution scolaire (et, au-delà, dans la société). Les barbares sont venus qui ont privé ces vieux, ces handicapés, ces personnes dépendantes de ces moyens indispensables à la vie.
Dans ce pays, il y avait des droits collectifs contre les licenciements et l’exploitation sans limite. Les barbares sont venus qui ont dit : désormais, chaque travailleur devra négocier avec son patron, dans son entreprise, revenant à la situation ancienne du rapport individuel se substituant au rapport collectif.
Des barbares… avec le sourire et la manière.
Des barbares bien élevés qui, avant de liquider leurs victimes et leurs droits, invitent leurs représentants à se « concerter » sur la manière dont cela se fera. Mais des barbares quand même : car détruire les piliers essentiels de la civilisation, c’est organiser le retour à la barbarie.
Dans les années 1970, un général américain, en pleine guerre du Viêt-Nam, promettait au peuple vietnamien de le « ramener à l’âge de pierre ».
Les barbares d’aujourd’hui n’ont pas d’autre objectif. Ils étalent leur sourire à la une des magazines people, exhibent leur chien… Rien de bien nouveau : avant eux, tous les régimes totalitaires ont su soigner ce qui ne s’appelait pas encore la com’ mais la propagande, ce qui revient au même.
Peut-on agir comme si les barbares n’en étaient pas ?
Dans le mouvement ouvrier, certains « concertent » jusqu’au bout, affichant leur conviction que les ordonnances peuvent porter quelque chose de positif pour les travailleurs ; d’autres protestent et annoncent une journée d’action, dans l’objectif… d’aboutir à une « bonne réforme ».
Comme s’il était possible, avec les barbares, sur leur terrain et avec leurs méthodes, d’aboutir à une œuvre civilisatrice !
L’urgence est à rompre avec l’ordre barbare et ses représentants.
L’urgence est à réaliser le front commun des travailleurs et des organisations, l’unité sur un terrain de classe, sur les seuls mots d’ordre conformes aux intérêts ouvriers : retrait des ordonnances et abrogation de la loi El Khomri.
Ce sera un premier pas pour bloquer la machine à détruire. Et, au-delà, pour chasser ce gouvernement de barbares souriants et leurs institutions au seul service de l’exploitation capitaliste.

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