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vendredi 14 octobre 2016

Le suicide de François Hollande

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Le suicide de François Hollande

"Un président ne devrait pas dire ça": rarement titre d’un livre n’aura sonné aussi juste, et jamais n’a-t-on assisté à un tel suicide politique.


 14/10/2016 17:12 CEST

Gérard LeclercAncien rédacteur en chef politique de France 2 et France 3 et ancien président de LCP




"Un président ne devrait pas dire ça": rarement titre d'un livre n'aura sonné aussi juste, et jamais n'a-t-on assisté à un tel suicide politique.
Acte manqué d'un homme qui au fond de lui-même ne veut plus être président ? Va-tout d'un candidat dont l'encéphalogramme des sondages est désespérément plat, quoiqu'il fasse ? Piège dans lequel serait tombé – on a du mal à le croire – un politique madré mais qui aime trop les confidences à la presse ?
Seul lui, peut-être, le sait. Mais le résultat est surréaliste, et dévastateur.
Le jour même où paraît dans L'Obs un long entretien où François Hollande se dit prêt à être candidat et affute ses thèmes de campagne largement empruntés à son maître, François Mitterrand, version 1988 (la France unie qui défend son modèle social face à une droite réactionnaire et dangereuse), voilà que sort le livre brûlot où le président fait un pied de nez à ses soutiens, apporte de l'eau au moulin aux frondeurs qui lui dénient le droit de se représenter, ulcère la magistrature qu'il est censé protéger, et permet à la droite de faire des gorges chaudes sur la fonction présidentielle abimée ou abaissée.
Le dernier carré des fidèles du président – mais qui se réduit comme la garde impériale à Waterloo – plaide une volonté de transparence. C'est honorable dans un monde politique enclin à l'hypocrisie et à la langue de bois. Sauf que, "lui président de la République" n'a pas à nous entretenir de son intimité amoureuse; "lui président" n'a pas à prendre le contrepied de ses engagements précédents – et ceux du gouvernement soutenu par sa majorité - sur des sujets aussi sensibles ou explosifs que la déchéance de nationalité à laquelle il se découvre personnellement hostile, l'aéroport de Nantes "qui ne verra jamais le jour", ou les immigrés qui seraient trop nombreux à arriver ; "lui président" a d'autant moins intérêt à insulter les juges qu'il avait jusque là, contrairement à ses prédécesseurs, parfaitement respecté leur indépendance, le voilà aujourd'hui obligé de s'excuser ; enfin "lui président" et qui voudrait le rester en jouant le rassembleur, ne devrait pas traiter les Verts dont il aura besoin de "cyniques et d'emmerdeurs", ni les socialistes récalcitrants de "foule idiote", ni les footballeurs que les Français aiment, de décérébrés...
Il n'en a pas fallu davantage pour que s'opèrent les premières trahisons, comme celle de Claude Bartolone, toujours aux avant postes dans ce domaine (Laurent Fabius ou Ségolène Royal peuvent en témoigner). C'est le tabou d'un refus de la candidature du président sortant qui est levé à gauche : l'appel en sa faveur de parlementaires est repoussé, des militants et des députés de base avouent leur doute ou leur hostilité, Manuel Valls ne cache pas qu'il se verrait bien en remplaçant et Ségolène Royal ne dément pas ceux qui préfèrerait que ce soit elle. Enfin le président sortant a alimenté, au-delà de tout ce que l'on a pu connaître, le "Hollande bashing" lors du premier débat d'une primaire qui était celle "de la droite et la droite". C'était même le seul sujet qui faisait consensus auprès des 7 prétendants.
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