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dimanche 2 février 2025

Rue 89 avec L'OBS -Combien de temps peut-on survivre à une privation de sommeil ?.... Dimanche 2 février 2025

 



Dimanche 2 février 2025

Combien de temps peut-on survivre à une privation de sommeil ? Alors que j’observais mon reflet dans un miroir, j’ai été happée par ce questionnement. Face à ces cernes bleuis et ces yeux vitreux, injectés de sang, j’ai vite détourné le regard : il est des visions qu’on préfère furtives. Voilà quelques semaines que les gens me croisent, me toisent et s’élancent : « Dis donc, t’as mauvaise mine. T’es malade ? ». Non, je ne le suis pas. Je suis juste épuisée, exténuée, éreintée, lessivée, défraîchie – on notera la profusion de vocabulaire pour exprimer la fatigue, preuve que ce mal suscite l’intérêt.

Ces 37 derniers jours, je n’ai connu que trois nuits sans interruption. La fatigue s’emmagasine, sans possibilité de réelle récupération physique ou psychique. Curieuse de savoir jusqu’à quand ce marathon pouvait perdurer, j’ai découvert qu’avec des nuits de sommeil seulement entrecoupées, et non pas blanches, mon record était faiblard. En 1963, Randy Gardner, Américain alors âgé de 17 ans, a tenu 11 jours et 25 minutes sans dormir une minute ! Une privation extrême de sommeil qui a eu peu de répercussions sur l’énergie du jeune homme. Au dixième jour, il était encore capable de remporter une partie de flipper.

En revanche, des changements comportementaux et cognitifs ont été observés par les médecins en charge de cette expérience scientifique : sautes d’humeurs, problèmes de concentration et de mémoire à court terme, paranoïa, hallucinations... Même si je ne coche pas toutes les cases, cela explique mon impression d’être, en alternance, un poisson rouge ou un poulet sans tête. Code de carte bleue oublié, clés jetées à la poubelle - et tellement de demi-tours ! Un soir, alors qu’une auxiliaire de puériculture de la crèche de mon fils me demandait à l’interphone qui je venais chercher, je me suis trompée de prénom. La porte est restée close. Honteuse, j’ai attendu avant de réitérer l’essai qui, cette fois-ci, fût concluant.

Ce « Sésame ouvre-toi » était-il une si bonne nouvelle ? Car l’enfant en question est le seul responsable de cette torture nocturne. C’est lui qui, chaque nuit, hurle, parfois pendant plusieurs heures. Lui encore, qui réclame de jouer à « a dada » ou de feuilleter un livre parce que tourner des pages, c’est amusant. Mais l’optimisme et la patience sont de solides alliés. Après tout, a-t-on déjà vu un enfant de 15 ans ne pas faire ces nuits ? Il paraît même que c’est plutôt l’inverse. Vivement !

Louise Auvitu

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