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vendredi 28 février 2025

Manuel Bompard - Retraites : quand la Cour des comptes humilie Bayrou !

 

Manuel Bompard | Coordinateur de La France insoumise Député des Bouches-du-Rhône

Retraites : quand la Cour des comptes humilie Bayrou !

On devait voir ce qu’on allait voir. Lors de son discours de politique générale, François Bayrou reprenait à son compte la théorie d’un déficit caché des retraites. Il s’élèverait selon lui bientôt à 55 milliards d’euros, impossible donc d’abroger la réforme des retraites. Pour le prouver, Bayrou a voulu contourner le Conseil d’orientation des retraites (COR), dont le président est …
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Retraites : quand la Cour des comptes humilie Bayrou !

On devait voir ce qu’on allait voir. Lors de son discours de politique générale, François Bayrou reprenait à son compte la théorie d’un déficit caché des retraites. Il s’élèverait selon lui bientôt à 55 milliards d’euros, impossible donc d’abroger la réforme des retraites.

 

Pour le prouver, Bayrou a voulu contourner le Conseil d’orientation des retraites (COR), dont le président est pourtant un soutien de Macron mais qui a l’outrecuidance de ne pas souscrire à sa théorie farfelue. Alors qu’un rapport de plus de 200 pages issu d’un an de travail était disponible, Bayrou a préféré commander un rapport flash sur mesure préparé en un mois.

 

L’omerta dénoncée par Bayrou devait donc tomber. La Cour des comptes a rendu son verdict et patatras, tout s’effondre : Bayrou a menti, il n’existe pas de déficit caché des retraites. Le déficit annoncé est plus de 5 fois moins élevé que celui avancé par Bayrou. C’est le premier enseignement. 

 

Cela n’empêche pas que le rapport soit utilisé comme un nouveau coup de semonce annonçant comme chaque année la faillite du système si l’on ne mène pas de réforme antisociale. Le rapport reprend globalement les conclusions du COR. Il annonce un déficit de 30 milliards d’euros dans 20 ans (0,9 % du PIB à ce moment), un constat qui serait enfin implacable et mettrait tout le monde d’accord. 

 

Ce chiffre, vous disent-ils, est dû à l’explosion des dépenses et au vieillissement de la population. C’est totalement faux. À longueur de rapports se dégagent un consensus : les dépenses de retraites sont stables et vont même diminuer à long terme. Répétons-le encore tant l’idée est matraquée par les macronistes : les dépenses de retraites sont maîtrisées, contenues, contrôlées, les synonymes sont nombreux.

 

Si la masse de retraites versées en proportion de la richesse reste stable, d’où provient donc le déficit crié sur tous les toits ? L’explication se trouve dans la convention comptable utilisée pour le calculer. Elle suppose une diminution de la contribution de l’État à hauteur de… 30 milliards d’euros ! À faire des économies sur les salaires et les embauches de fonctionnaires, l’État fait diminuer ses dépenses de retraites puis crie ensuite au déficit. 

 

Si je résume : le péril défendu par les macronistes n’est ni une explosion des dépenses, ni un manque de cotisations dû au vieillissement, mais une chute des recettes du système due à un choix de l’État. Pourtant, puisque les besoins de financement n’augmentent pas ou très peu à certains moments, il suffirait de maintenir le niveau de recettes actuelles.

 

Rappelons-nous également, même si la propagande gouvernementale parvient à faire croire le contraire à beaucoup, que le système est excédentaire ces dernières années ! Hors année Covid, il est excédentaire d’1,5 milliard par an sur les 10 dernières années. Entre 2021 et 2023, ce sont plus de 20 milliards d’excédents qui ont été cumulés et on en attend encore plus de 2 milliards en 2024. Pas mal pour un système au bord du gouffre. 

 

En plus de faire peur avec le déficit, le rapport cherche à défendre la réforme Macron. Elle permettrait selon la Cour des comptes de faire 10 milliards d’économies sur les retraites et 24 milliards sur l’ensemble des administrations. Face à ces chiffres, il serait irresponsable de l’abroger. 

 

Ces évaluations ne sortent pas de nulle part. Elles sont menées à partir de différents modèles. La Cour des comptes a l’honnêteté d’en présenter quatre. Mais, heureux hasard, elle choisit le modèle le moins précis et le plus favorable au gouvernement, plus favorable encore que celui du lobby patronal Rexecode ! Elle mentionne pourtant le modèle utilisé par l’OFCE qui conduit à des conclusions totalement antagonistes : la réforme des retraites coûterait 0,1 point de croissance et permettrait de faire, toutes administrations confondues, moins de 3 milliards d’économies seulement. Cette différence repose sur la prise en compte précise des effets de la réforme des retraites sur les prestations sociales et surtout sur la hausse du chômage, qui freine l’activité et les recettes. 

 

L’ensemble de ces discours et chiffres martelés comme des vérités absolues n’ont qu’un seul but : faire croire aux Français qu’il n’y a qu’une politique possible. Cette fois, un recul de l’âge de départ à la retraite ne leur suffira pas. Enhardi par leur survie au gouvernement, le socle commun veut mener une attaque d’une ampleur inédite contre les retraites. Éric Lombard, le ministre de l’Économie, l’a déjà annoncé : ce sont les dépenses sociales qui seront ciblées lors du prochain budget. Pour cela, une solution : la retraite par capitalisation. 

 

L’offensive a commencé. Gabriel Attal dit qu’elle n’est pas un tabou, Darmanin la propose formellement, les Républicains sont nombreux à la souhaiter. Le ver est dans le fruit du conclave puisque le MEDEF et la CPME, autre syndicat patronal, proposent la capitalisation au cours des discussions. Il ne faudra pas compter sur le RN pour s’y opposer : Éric Ciotti est le plus grand avocat de la capitalisation dans l’hémicycle. Les instituts de sondage s’y mettent aussi puisque le premier réflexe d’ELABE sur commande de BFM TV après la publication du rapport est de demander aux Français s’ils souhaitent une part de capitalisation, sans en expliquer les implications. Ils vont donc matraquer que 6 Français sur 10 y seraient favorables. Voilà comment une grande machine de propagande est en train de se mettre en place.

 

Stop à l’enfumage sur les retraites. Le système n’est pas en danger et, hérésie pour les libéraux, nous pouvons même l’améliorer ! Avant même d’envisager des cotisations, sur les dividendes par exemple, il est possible d’aller chercher l’argent qui est actuellement dédié à défiscaliser la retraite par capitalisation ou bien les exonérations de cotisations sociales qui ne sont pas compensées à la branche retraites. Renforcer les services publics et la rémunération des fonctionnaires permet aussi de mieux financer le système tout en répondant aux besoins du pays. Remarquons aussi que l’austérité imposée des macronistes est un poison pour le système des retraites : en divisant la croissance par deux, le budget Bayrou va faire chuter les recettes. 

 

Il n’y a donc aucune raison de tergiverser, de quémander des améliorations à la marge de la réforme Macron, ou bien un gel. Bayrou est humilié par les résultats du rapport. Nous devons abroger purement et simplement la retraite à 64 ans, au plus vite. Pour cela, une seule solution : un vote au Parlement. 

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