| Hadrien Mathoux Directeur adjoint de la rédaction « Sentiment de submersion » : le débat piégé entre démagogues, curés et demi-habiles
La loi de la politique contemporaine veut cela : alors que François Bayrou a bavardé plusieurs heures ce lundi soir sur le plateau de LCI, l’on n’a retenu que trois petits mots de son intervention : le désormais fameux « sentiment de submersion » qu’éprouveraient les Français. Le mot a suscité toute une gamme de réactions qui révèlent bien le caractère central et passionnel de l’enjeu migratoire dans notre pays.
Au sein de l’extrême droite et de la droite dure, on exulte, sans surprise, après cette nouvelle victoire culturelle : un Premier ministre centriste bon teint, même s’il a pris des gants, reprend des termes utilisés naguère uniquement aux confins du paysage politique. Le débat opposant les faits aux sentiments n’a que peu d’importance pour ceux-là, qui sacralisent depuis toujours le « ressenti » du péquin moyen : si la règle d’or – très à la mode au XXIe siècle – étant de ne jamais remettre en cause les émois personnels, on n’hésite pas ici à moquer les statistiques, réputées invariablement démenties par le « réel ». Une démagogie qui est devenue quotidienne.
Les réactions à gauche ont montré l’état d’atrophie intellectuelle dans lequel celle-ci est plongée : c’est bien simple, le soutien à une immigration la plus massive semble lui tenir lieu de religion. Ce n’est donc pas sur le registre de la raison, mais purement sur celui de la morale que réagissent les curés séculiers de la gauche française, qui hurlent au blasphème dès qu’un responsable politique ose remettre en cause le bien-fondé de l’arrivée massive et incontrôlée d’étrangers sur le sol national.
Reste enfin la posture des faux raisonnables, demi-habiles qui prennent un air supérieur et pensent mettre fin au débat en répétant en boucle un chiffre : 8% d’étrangers en France, pas de submersion migratoire donc, circulez bonnes gens, il n’y a rien à voir. Un surplomb intellectuel qui a tout de la farce, tant on connaît la complexité du débat sur l’immigration, et le nombre de données qui montrent au contraire à quel point notre pays connaît, objectivement, une situation inédite sur le plan de l’évolution de sa population. Il est donc plus que temps de mettre les faits sur la table et de débattre sereinement de ce sujet décisif. Twitter @hadrienmathoux
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