La Tour-du-Pin - Saint-Jean-de-Soudain Six ans après, le chant des gilets jaunes résonne toujours sur le rond-point
Le chant de révolte “On est là !” pourrait être leur hymne.
Ils sont là depuis six ans, sur le rond-point de Saint-Jean-de-Soudain. C’est l’un des derniers points de rassemblement des gilets jaunes encore actif en Isère, chaque samedi, avec Crolles et Saint-Sauveur. Ce 16 novembre, ils fêtaient l’anniversaire de la mobilisation, qui a débuté le 17 novembre 2018 : « C’est le rond-point qui ne rompt point. Il a tenu grâce aux luttes successives, le coût de la vie, les retraites, la dictature sanitaire, le mouvement des agriculteurs, contre les guerres. Aujourd’hui, l’acte le plus subversif, c’est d’être heureux », glisse Chantal, « vieille et anarchiste », qui a commencé à se mobiliser du côté de Morestel.
Six ans après, un constat est unanime, « c’est que pas grand-chose n’a bougé. On est sorti pour le prix de l’essence, maintenant, c’est peut-être l’essence qui est la moins problématique quand on regarde le coût de la vie au global, l’alimentation, l’électricité », expose Christine, sur le rond-point depuis le début.
La mobilisation continue, les coups de klaxon des automobilistes aussi.
« Nous nous exprimons à travers la chanson »
Aujourd’hui, c’est surtout en musique que les gilets jaunes expriment leur colère contre les injustices, les guerres, le coût de la vie. La chorale Contre chant, avec son slogan “Chœur révolutionnaire”, a réuni une dizaine de membres autour de l’accordéoniste, Clara : « Je suis arrivée sur le rond-point avec l’idée de former un orchestre. Petit à petit, on a réuni et formé un chœur. » C’est la signature de ce rond-point, qui a recensé une quarantaine de chants, choisis à l’unanimité par les gilets jaunes et adaptés à l’actualité des dernières années, comme la chanson Danser encore , de HK, qui intègre un couplet sur le confinement de 2020.
La chorale se réunit plusieurs fois par semaine pour répéter, s’entraîne dans la rue, parfois au pied des immeubles. « Nous nous exprimons à travers la chanson. Aujourd’hui, le rond-point est un lieu de communication, nous ne bloquons plus, nous partageons », souligne Anne. « Moi, je n’ai jamais chanté de ma vie. Mais, tout d’un coup, de belles idées surviennent ici et des phrases nous font vibrer », ajoute Chantal.
« Tant que la vie est chère, que les guerres se poursuivent, nous serons là »
Ce 16 novembre, l’anniversaire a été fêté autour d’un repas partagé. De nouveaux visages se sont montrés comme Élisabeth, anciennement gilet jaune à Lyon, venue spécialement pour les 6 ans : « J’ai fait toutes les manifs là-bas, mais ça a vite périclité. Maintenant, on sent que le mouvement reprend un peu d’énergie, je ne sais pas jusqu’où ça ira ».
En attendant, les samedis se suivent et se ressemblent à Saint-Jean-de-Soudain. L’organisation est toujours ficelée, Suzanna apporte le café et gère l’intendance, chacun apporte de quoi boire et manger pendant que d’autres hissent des drapeaux et des slogans. On se retrouve sur le rond-point pour des revendications communes et pour passer un bon moment.
Alors, l’histoire se poursuit et ne semble toujours pas près de s’arrêter : « Nous sommes des citoyens aux histoires multiples qui se sont mobilisés il y a six ans. Tant que la vie est chère, que les guerres se poursuivent, nous serons là », conclut Bernard Doidy, gilet jaune et membre de La France insoumise.
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