En 2050, près d'un tiers des Français pourrait bien vivre seul. C'est en tout cas ce qu'envisage l'Insee. Pourtant, le nombre de ménages dans l'Hexagone devrait passer de 30,8 millions en 2023 à près de 36 millions en 2050. Mais, en même temps, de plus en plus de couples vont se séparer. Tel est le tableau sombre brossé pour les prochaines décennies. En 2008, 20 % des Français vivaient seuls. Ils étaient 23 % en 2018 et seraient 30 % en 2050. En termes sociologiquement choisis, « les prochaines décennies devraient accélérer de manière spectaculaire la fracturation géographique du pays et l'individualisation des modes de vie ». Solitude et pauvreté risquent d'ailleurs d'aller de pair : « alors que le couple apparaît comme un rempart contre la pauvreté, ces évolutions, si elles se confirment, mettront au défi le modèle social français. » À cela s'ajoutera sans aucun doute un souci majeur en termes d'immobilier : comment loger autant de personnes seules ? Entre 1962 et 2019, leur part dans l'ensemble de la population a été presque multipliée par trois, selon l'Insee.
Aujourd'hui, 11 millions de Français vivent seuls. On parle souvent de la solitude urbaine : c'est d'ores et déjà une réalité. De l'autre côté de la frontière, dans les grandes villes suisses, près d'un logement sur deux (47 %) n'est occupé que par une seule personne. « Plus les villes sont petites, plus les ménages sont grands », indique le dernier recueil des « Statistiques des villes suisses ». Dit autrement, plus les villes sont grandes, plus les ménages sont petits. Et en France ? Dans une ville comme Rennes, c'est déjà un peu plus de 21 % de la population qui vit seule. Les femmes âgées vivant seules représentent 40 % des séniors du centre ville, alors qu'elles ne représentent que 27 % des séniors dans le reste de la métropole : c'est au cœur même des grandes villes que se trouve la plus grande solitude.
À Paris, il semble que la vie de couple n'ait plus la cote depuis un bon moment : une majorité de parisiens (50,7 %) vivent seuls. Selon l'APUR (Atelier parisien d'urbanisme)« depuis les années 2010, la capitale de la France affiche un nombre record de personnes occupant seules leur logement. » Une tendance démographique qui se retrouve, à vrai dire, dans d'autres métropoles françaises, qui comptent autour de 45 % de célibataires. Si Paris est, comme on la présente, un « laboratoire des transformations familiales », cela ne veut pas dire pour autant que toutes les expériences s'y déroulent bien… Ainsi, « à partir de 35-40 ans, les habitants devenus parents s'installent en périphérie ». Les centres-villes se vident littéralement de leurs jeunes enfants au profit de leur banlieue… n'y laissant demain qu'une majorité de Français, et surtout de Françaises, destinés à vieillir seuls. Est-ce vraiment là l'avenir dont nous rêvons pour nos aînés ?
Judikael Hirel
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