J'espère qu'on ne va pas passer un mois à commenter son -livre. " Le député (PS) des Landes Boris Vallaud ne savait pas ce qui l'attendait quand il prononça cette phrase, à la fin mars, avant la sortie de l'ouvrage de François -Hollande Les Leçons du pouvoir (Stock, 288 p., 22 euros). Car ce n'est pas un mois, mais plusieurs, que l'ancien chef de l'Etat a prévus pour en faire la promotion.
Au fil des dédicaces annoncées jusqu'en juin un peu partout en France, M. Hollande entend
" retrouver le contact " avec les Français et il en profite pour multiplier les passages dans les médias. Jusqu'à mercredi 25 avril, où, invité de l'émission " Quotidien " sur TMC, l'ex-premier secrétaire du PS a franchi un autre cap. Il s'est placé en opposant direct à la politique de son ancien ministre de l'économie.
" Emmanuel Macron est-il le président des riches ? ", interroge le présentateur Yann Barthès.
" Non, ce n'est pas vrai. - silence -
Il est le président des très riches ", a répondu M. Hollande. Soupesée, la formule a fait mouche. A tel point que le -premier ministre lui-même a été sommé de réagir, le lendemain, sur Europe 1 :
" Je pense que François Hollande est amer (…)
Je trouve ça très triste ", a lancé Edouard Philippe. Le même jour, elle a été reprise par la porte-parole du parti Les Républicains, Laurence Saillet, sur le plateau de Public Sénat :
" Dire cela est une réalité ", faisant de l'ex-chef d'Etat un opposant politique comme les autres. Sans parler des très nombreuses reprises dans tous les médias.
Progressivement, M. Hollande ne serait-il pas en train de prendre la place de son ancien collaborateur rue de -Solférino, Olivier Faure, discret nouveau premier secrétaire du PS ?
" C'est un acte politique. il se remet au centre du jeu.Je pense qu'il essaie d'installer un match avec Macron ", analyse François Kalfon, membre du bureau national du PS.
" Il veut exister dans le débat public ", confirme Patrick Kanner, le président du groupe socialiste au Sénat, qui a
" rencontré " l'ancien président quelques jours plus tôt.
" Il s'intéresse à la réforme constitutionnelle, il m'a parlé du Sénat et de ce qu'il se passe pour moi à Lille ", précise-t-il. Un véritable premier secrétaire.
Du côté de la rue de Rivoli, où le jeune retraité a ses bureaux, on balaie toute volonté de nuire :
" Il ne se substitue pas au Parti socialiste. Le PS a une voix qui porte.
En tant qu'ancien président, il a un devoir de restitution de son action et le droit de dire ce qu'il pense ", juge son entourage. Sa voix porte tellement qu'elle a coupé celle du nouveau porte-parole du PS, Boris Vallaud.
" Je ne m'exprime pas sur le sujet ", a évacué ce dernier, visiblement gêné d'avoir à se positionner sur la résurgence de son ancien patron à l'Elysée. Plusieurs parlementaires socialistes, sous couvert d'anonymat, n'hésitent pas à critiquer une intervention
" minable quand on a partagé la même politique ", selon un député ou
" un calendrier malvenu alors que la nouvelle direction doit percer et prendre la lumière ", pour un sénateur. Seul le proche -conseiller de M. Faure, Pierre Jouvet, s'est réjoui :
" Je l'ai trouvé excellent, il m'a beaucoup fait rire. On a retrouvé le Hollande qu'on connaissait avant qu'il soit président " et d'ajouter :
" C'est un atout, il démontre qu'on est clairement dans l'opposition. "
Astrid de Villaines
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