Un coup pour rien, ou presque. Mercredi 18 avril, la médiation orchestrée pour tenter d'inventer un avenir pour la ZAD de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) n'a fait que des déçus. En premier lieu, les habitants expérimentant, depuis bientôt une décennie, des projets de vie alternatifs sur cette zone. Ces derniers sont revenus à la table des négociations avec une unique demande – qui avait déjà essuyé une fin de non-recevoir avant le déclenchement, lundi 9 avril, d'une opération d'expulsions –, à savoir : la défense d'un projet porté par une entité collective. Mais, pour l'Etat, il n'est pas question d'agréer un tel modèle qui ne cadrerait pas avec le droit.
Le temps presse. Le président Emmanuel Macron a adressé aux zadistes un ultimatum exigeant qu'ils déclinent leur identité et les activités qu'ils souhaitent mener d'ici le 23 avril. Le premier ministre a affiché la même fermeté dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, affirmant que les occupants illégaux devront évacuer les lieux car
" force doit rester à la loi "." On n'a pas de grain à moudre ", a acté, dépité, Marcel -Thébault, agriculteur historique, au sortir de la réunion.
" Sentiment de tristesse "Dépêché à Nantes pour tenter de déminer le dossier aux côtés de la préfète de Loire-Atlantique, Nicolas Hulot, ministre de la transition écologique, exprime
" un sentiment de tristesse et de gâchis ", qu'il espère
" provisoire ". Resté discret après avoir œuvré pour l'abandon du dossier d'aéroport, M. Hulot, s'est employé à rappeler, comme pour étouffer tout débat sur la ZAD, que le combat visant
" à préserver les terres agricoles, les zones humides et la biodiversité " était
" atteint ". Le ministre en appelle
donc " à la raison " et estime qu'
" il n'y a pas d'autre issue pour les opposants que de saisir la main que le gouvernement leur a tendue ".
Le choix est désormais clair : ou bien les intéressés consentent à se déclarer nominativement et à déposer une esquisse de leur future activité et ce, avant lundi 23 avril, ou bien les 2 500 gendarmes postés autour de Notre-Dame-des-Landes pourraient recevoir l'ordre de rayer du bocage une majorité des 68 squats restants, après que 29 habitations précaires ont été démolies la semaine passée.
C'est donc l'avenir même de la ZAD qui se joue. La plupart des 250 personnes installées durablement sur ce secteur – vaste de 1 650 hectares – demeurent hors la loi selon l'appréciation de l'Etat. Si l'on excepte quatre agriculteurs historiques qui s'apprêtent à obtenir la rétrocession de leurs terres expropriées, la préfète Nicole Klein ne recense que " 33 conventions d'occupation temporaire de parcelles " paraphées par des personnes dûment identifiées.
Une ultime réunion doit se tenir vendredi. Des dossiers répondant aux critères réclamés seront-ils déposés ? L'hypothèse n'apparaît
" pas farfelue " aux yeux de M. Thébault, qui précise toutefois :
" La réalité agricole de la ZAD existe. Mais il est impossible de prédire quelles décisions seront prises. La difficulté pour chacun consiste à se détacher du groupe. " Les militants de base, note-t-il encore,
" ont du mal à comprendre ce refus de procéder à des déclarations individuelles ". " Ne ratons pas la dernière étape, énonce M. Hulot.
Ne rentrons pas dans une spirale de postures, de confrontations, de violences, ne confondons pas écologie et anarchie. "
" Il y a une fenêtre ouverte et il faut s'y engouffrer, exhorte Julien Durand, l'une des figures tutélaires de l'Acipa, principale association ayant lutté contre le projet d'aéroport.
Les habitants de la ZAD ont leurs destins entre leurs mains. Je veux bien que l'on parle de solidarité, mais, pour moi, la vraie solidarité consiste à tout faire pour éviter des morts. C'est faire le minimum pour sauver le maximum. "
Yan Gauchard
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