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vendredi 20 avril 2018

Bombay et sa région interdisent le plastique non réutilisable


20 avril 2018.

Bombay et sa région interdisent le plastique non réutilisable

La décision, qui concerne l'Etat indien du  Maharashtra, 115 millions d'habitants, est  contestée en justice par les industriels

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Il ne fait pas bon se promener avec du plastique à Bombay en ce moment. Depuis le 23  mars, sur décision du gouvernement du Maharashtra, dont la mégapole d'environ 21  millions d'habitants est la capitale, il est interdit de fabriquer, de vendre mais aussi de posséder et d'utiliser le plastique non réutilisable sous forme de sac, gobelet, assiette, fourchette, cuiller, paille, bouteille d'un volume inférieur à un demi-litre, et décorations en tout genre qu'affectionnent les hindous pour leurs fêtes religieuses. Tout contrevenant est passible d'une amende comprise entre 5 000  et 25 000 roupies (de 61 et 308  euros). Voire, dans le pire des cas, d'une peine pouvant aller jusqu'à trois mois de prison.
Les sanctions ne sont pas encore appliquées, principe de réalité oblige. Mais les industriels de la filière plastique s'insurgent, estimant que cette mesure pourrait faire disparaître huit mille entreprises et deux millions d'emplois. Leurs fédérations professionnelles ont déposé des recours en référé devant la Haute Cour de Bombay, laquelle a décidé, vendredi 13  avril, de suspendre le dispositif pour trois mois. Les autorités régionales ont été sommées de trouver une solution moins radicale pour éradiquer ce que beaucoup reconnaissent être un vrai fléau. Certaines marchandises, comme les bouteilles de faible contenance, pourraient être exclues de l'interdiction.
Efforts de nettoyageLa population du Maharashtra (115  millions d'habitants) utilise chaque jour 12,5  millions de bouteilles en plastique non recyclable et produit, en tout, 1 200 tonnes de déchets en plastique. -Selon une étude publiée en  2014 par la revue américaine Public -Library of Science Journal, 1 300  milliards de morceaux de plastique flottent à la surface de l'océan Indien. Ces chiffres effrayants ont été récemment illustrés par deux faits divers qui ont marqué fortement les esprits.
En février, des vétérinaires de Patna, dans l'Etat du Bihar, ont annoncé avoir opéré une vache âgée de 6  ans, pour retirer de son estomac " plus de 80  kg " de polyéthylène dont l'épaisseur ne dépassait pas 4 microns. L'animal sacré a été sauvé in extremis. En août  2016, un requin avait également été découvert, échoué à Pamban, l'île du Tamil Nadu qui fait face au Sri Lanka, avec 50  kg de plastique dans le ventre.
Des efforts de nettoyage sont toutefois constatés. Des associations écologistes sur la plage de Versova, à Bombay, ont ainsi été récompensées, le 22  mars, par l'éclosion surprise d'une centaine d'œufs de tortues olivâtres dans le sable. Sur ce rivage, 13 000  tonnes de déchets déposés par la mer ont été ramassées depuis la fin de l'année 2015.
Les industriels du plastique vont avoir du mal à résister à l'interdiction qui frappe leurs produits. Afin de déterminer si le plastique est réellement dangereux pour l'environnement ils ont réclamé la réalisation d'une nouvelle étude. " C'est comme si l'on décidait d'observer si le tabac provoque ou non des cancers ", a ironisé Nandikesh Sivalingam, l'un des responsables de Greenpeace en Inde.
Guillaume Delacroix
© Le Monde

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