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vendredi 13 avril 2018

Mélenchon prend l'initiative sur la contestation......Hamon veut être la cheville ouvrière de l'unité de la gauche......


13 avril 2018

Mélenchon prend l'initiative sur la contestation

Le leader de LFI veut tirer parti du mouvement social et répondre à l'activité médiatique de Macron

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Il est un mot de François Mitterrand que Jean-Luc Mélenchon a sûrement longuement mûri ces dernières semaines : " Les pièges que vous tendent vos ennemis sont autant d'incitation au  combat. " Après un mois de mars dominé par Olivier Besancenot et son " initiative unitaire " de la gauche, le chef de file de La France insoumise (LFI) compte bien reprendre la main, à la faveur du mouvement social. Une manière aussi de répondre à l'omniprésence médiatique d'Emmanuel Macron, qui s'exprimera deux fois à la télévision, jeudi et dimanche.
La difficulté majeure pour M. Mélenchon est d'éviter toute accusation de " récupération " et de ne pas répéter son erreur de septembre 2017, quand il est apparu comme court-circuitant les initiatives syndicales. Il doit désormais devenir un point d'équilibre.
" Un travail de dentelle ", selon lui. " C'est une nouvelle séquence par rapport à la rentrée, explique M. Mélenchon. La différence, c'est qu'elle part d'en bas. L'objectif des syndicats est d'enraciner le mouvement, il faut les y aider.  On a changé de braquet. On arrête d'être le déclencheur pour se mettre au service du mouvement. "
LFI connaît pourtant une crise de croissance qui lui complique la tâche. Visant à être " hégémonique " à gauche et à " fédérer le peuple ", le mouvement n'a pas encore atteint une masse critique suffisante pour pouvoir changer seul les choses. Il lui faut donc composer avec ses concurrents : " Nous sommes trop gros pour pouvoir nous abstenir- d'agir - et pas assez pour frapper à notre guise ", résume M. Mélenchon.
L'ancien candidat à la présidentielle pointe également l'unité syndicale retrouvée par rapport au mouvement contre la réforme du code du travail, où les centrales étaient parties en ordre dispersé. Il lui faut donc tout faire pour maintenir intact ce rapport de force afin de faire plier le gouvernement. Pas sûr, en revanche, que les formations politiques jouent la même partition, malgré les multiples appels à l'unité.
Le député des Bouches-du-Rhône et ses camarades " insoumis " ont en effet été échaudés par l'initiative" unitaire "lancée par M.  Besancenot à la mi-mars. Le leader du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) a très vite été rejoint par Benoît Hamon, du -mouvement Génération.s, et par Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste (PCF).
Ils ont contraint LFI à  rejoindre un front unique que le mouvement populiste de gauche voit comme une survivance du passé ; le piège de l'" unité de la gauche " se refermant ainsi sur les " insoumis ". Mais, pendant que les trois leaders de gauche mettaient en scène leur proximité, LFI préparait la riposte.
" Manif pot-au-feu "L'idée est simple : contraindre à leur tour leurs " camarades " de les rejoindre dans une démarche unitaire qui corresponde, cette fois, à leurs objectifs. Cette réponse est venue de manière coordonnée : une réunion des députés LFI et du Parti de gauche a eu lieu début avril pour mettre en musique la marche du 5  mai, lancée par François Ruffin, député (LFI) de la Somme, etcelle du 14  avril,à laquelle participera M.  Mélenchon à Marseille.
Cette dernière est à l'initiative de la CGT des Bouches-du-Rhône ? et de près d'une vingtaine d'associations, partis et syndicats. Ils veulent organiser une marche" Stop Macron " dans la cité phocéenne. C'est l'occasion pour M. Mélenchon de se rabibocher avec les syndicats et de montrer qu'il peut se mettre en retrait, au nom de l'intérêt général… Tout en jouant un rôle majeur dans la mobilisation, puisque c'est sa circonscription et que ses troupes marseillaises sont nombreuses.
" Cette marche a une valeur exemplaire : la CGT en est à l'origine, SUD Solidaires, la FSU l'ont rejoint ", se félicite-t-il. M.  Mélenchon a invité les chefs des autres partis de gauche (MM.  Laurent, Hamon et Besancenot) à défiler avec lui sur le Vieux-Port.
François Ruffin, quant à lui, a lancé son idée de faire " la fête à Macron " lors d'une réunion à  la Bourse du travail à Paris, le 4  avril. Devant une foule nombreuse, le député, accompagné de l'intellectuel Frédéric Lordon, y a expliqué sa démarche. " La plus grosse question, c'est : “Qu'est-ce qu'on fait le 5  mai au soir ?” Il faut une inversion du rapport de force, que la peur change de camp, que le 5  mai au soir soit le point de départ " d'un grand mouvement contre la politique du gouvernement.
M.  Ruffin est revenu sur sa proposition lors de l'assemblée représentative de LFI (le " parlement " du mouvement), le 7  avril : " Il faut tenter quelque chose qui va au-delà de la convergence des luttes. On a réussi à poser une date. C'est une manif pot-au-feu, on met tout dans la marmite. On invite tout le monde à se mettre dans la danse. "
Quand on interroge les " insoumis " sur cette marche, tous jurent que c'est une initiative de M.  Ruffin ? qui ne souhaite pas s'exprimer  ?, sorte d'électron libre.
" On a tiré les conséquences de la marche du 23  septembre - 2017 - , explique Ugo Bernalicis, député LFI du Nord. Quand on propose quelque chose, il y a un plafond de verre avec un tir de barrage des partis de gauche et d'une partie des syndicats contre LFI. Si LFI appelle, c'est un frein. " Pour le parlementaire, il faut que ce genre d'initiative prospère pour renforcer le mouvement social. Ce n'est pas antinomique, mais bien complémentaire.
La marche du 5  mai est-elle une manœuvre de la part de LFI ? Les " insoumis " le nient, mais reconnaissent qu'ils n'y sont pas étrangers. " Tout se fait en bonne intelligence avec François - Ruffin - . Les initiatives sont complémentaires ", reconnaît un député " insoumis ".
Réticences" Marseille est un enjeu régional, le 14  avril est une journée de mobilisation sur tout le territoire, avec plusieurs thèmes, décrypte Manuel Bompard, le chef d'orchestre de LFI. On laisse le temps à la marche du 5  mai de respirer, de grandir. Mais cela fait longtemps que nous appelons à une grande marche le week-end pour permettre à tout le monde de rentrer dans la lutte ", y  compris les salariés du privé.
Face à cela, les autres leaders de la gauche ne sont pas dupes. Et montrent quelques réticences. " Avant le 5  mai, il y a deux dates à ne pas oublier, le 19  avril, qui est une mobilisation interprofessionnelle, et le 1er  mai. On ne peut pas les ignorer, tacle Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF. Le 5  mai doit être discuté avec les syndicats. Il faut aussi discuter de l'objectif politique. "
Pour Guillaume Balas, bras droit de M.  Hamon, " le 5  mai doit être massif, et que tout le monde s'y retrouve. Le mouvement social et les forces politiques. Ça se travaille. Il faut une discussion avec les syndicats. " Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, a d'ores et déjà indiqué dans un entretien au Monde qu'il n'y participerait pas. " Multiplier les dates génère de la division et n'est pas -efficace ", estime-t-il.
Mardi soir a eu lieu une réunion de toutes les organisations de gauche signataires de l'appel unitaire de mars. François Ruffin était également présent. " La tonalité générale est d'appeler à toutes les initiatives. Si on ne les oppose pas les unes aux autres ",rapporte M.  Besancenot.
Un comité de pilotage pour le 5  mai réunissant tout le monde devrait également être mis en place. Dans ce moment " fascinant et motivant ", selon M. Mélenchon, où la gauche veut faire plier l'exécutif, toutes ses composantes ont un objectif : feindre de ne pas organiser les événements pour mieux les contrôler.
Abel Mestre
© Le Monde


13 avril 2018

Hamon veut être la cheville ouvrière de l'unité de la gauche

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Il a fait 6,36  % à l'élection présidentielle. Un score qui lui colle à la peau. " C'est un personnage sympathique mais pas un acteur majeur ", tacle le député de La France insoumise Ugo Bernalicis. " Il a fait 6  % avec les Verts et le PS, combien fera-t-il sans eux ? " s'interroge Manuel Bompard, possible chef de file de LFI aux européennes.
Les petites phrases n'atteignent pas, du moins en façade, Benoît Hamon. " Quand Jean-Luc Mélenchon faisait le même score avec le Front de gauche, heureusement qu'il y a cru ", répond l'ex-candidat à la présidentielle, après une conférence à l'université de Créteil où il a lancé l'un de ses comités locaux. Après plus de deux heures d'échanges avec les étudiants et une journée de déplacement dans le Val-de-Marne sur le thème de l'accueil des étrangers, difficile de ne pas voir un candidat en campagne.
" Je suis un jardinier, je plante des petites graines ", répond Benoît Hamon, qui veut " faire passer - s - es idées ". Dimanche 8  avril, il n'a pas écouté le discours d'Olivier Faure à Aubervilliers, lors du congrès du Parti socialiste (PS). Il y est pourtant étrillé à plusieurs reprises, notamment sur sa démarche qui serait " individuelle " et non " collective ", selon le nouveau premier secrétaire du PS, son ancien colocataire.
" Naturel " de travailler avec Besancenot" Ce n'est pas vrai ", répond le fondateur du mouvement Génération.s, avant de mettre en avant ses initiatives pour tenter de rassembler la gauche, notamment à bord des trains ou dans les gares, avec Olivier Besancenot et Pierre Laurent, pour soutenir le mouvement des cheminots. " Dans l'histoire, on a déjà réussi entre le PS et le PCF à s'unir. Pourtant les écarts étaient grands, mais on considérait qu'on était tous dans la gauche. " Une pique à peine voilée à Jean-Luc Mélenchon, qui n'utilise plus le terme et qui ne vient pas dans ces déplacements.
" Qu'on ne m'explique pas que les différences sont insurmontables. Ce sont des histoires de personnes. Cette culture de la différenciation est préjudiciable ", poursuit-il, sans jamais attaquer frontalement le chef de file de LFI mais tout en louant ses relations avec Olivier Besancenot : " C'est naturel de travailler avec lui, on se parle, les choses sont simples, on n'est pas dans la paranoïa… " M.  Hamon, qui a décliné l'invitation de M. Mélenchon pour le rassemblement du 14  avril à Marseille, se rendra à la marche " anti-Macron " organisée à Paris par le député de LFI François Ruffin.
Astrid de Villaines
© Le Monde

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