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dimanche 8 avril 2018

La paralysie politique persiste en Italie


7 avril 2018

La paralysie politique persiste en Italie

Aucune coalition n'émerge des premières consultations menées par le chef de l'Etat

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C'est un ballet parfaitement huilé, organisé avec une régularité parfaite à chacune des innombrables crises qui jalonnent la vie de la démocratie italienne : la formation d'un gouvernement commence par la consultation de tous les groupes parlementaires par le président de la République. Mercredi  4 et jeudi 5  avril, les délégations de toutes les formations élues au Parlement ont donc gravi, les unes après les autres, la colline du Quirinal, pour être reçues par Sergio Mattarella sous les ors de l'ancienne demeure des papes et des rois devenue, depuis la proclamation de la République, résidence des chefs de l'Etat italien.
Revenait ensuite à M. Mattarella la responsabilité de trancher. Jeudi soir, il n'a pas attendu longtemps : dans une conférence de presse il a sagement décidé… d'organiser un second tour de consultations la semaine prochaine, laissant à chacun " le temps de réfléchir ".
Quelques jours de plus et un appel à la " responsabilité " suffiront-ils à changer les choses, alors que depuis le soir du 4  mars, qui a vu l'effondrement des partis traditionnels lors des législatives, la situation semble bloquée, aucun schéma de coalition ne s'imposant naturellement ? Rien n'est moins sûr. Mais, dans cette affaire, le timing et la chorégraphie ont leur importance.
Contorsions idéologiquesComme la constitution d'une majorité impliquera, pour les forces entrant au gouvernement, des contorsions idéologiques difficiles à expliquer à leurs électeurs, il convient de ne pas céder trop vite, de ne pas apparaître trop pressé de renier ses promesses. Ainsi apparaît le véritable sens de ces deux journées de rencontres : exposer au public les positions de chacun, réaffirmer ses principes. Pour qu'ensuite les affaires sérieuses puissent enfin commencer.
Jeudi, les deux vainqueurs des élections du 4  mars ont donc exposé, à quelques heures d'intervalle, leurs positions. Premier à s'exprimer, le chef de file de la Ligue, Matteo Salvini, a réaffirmé ses prétentions à conduire les opérations, en vertu de son statut d'" actionnaire majoritaire " – en devançant nettement son allié Silvio Berlusconi – de la coalition arrivée en tête au soir des législatives, avec un peu plus de 37  % des voix. Son objectif ? Mettre sur pied un " gouvernement fort ", pour " cinq ans au moins ", qui soit capable " de résister à Bruxelles, à la Bundesbank et à tout ce qui arrivera ", en particulier en cas de défiance de la part des marchés financiers.
Prenant acte du refus de la gauche de participer à un gouvernement de grande coalition – un refus qui ne le dérange en rien, Matteo Salvini ayant toujours clamé son rejet absolu du Parti démocrate (PD) –, il s'est tourné vers le Mouvement 5 étoiles, qui a toujours fait figure pour lui de partenaire naturel. Problème : les grillinistes n'ont aucun intérêt à saisir cette main tendue qui ferait d'eux les supplétifs de la Ligue.
" Pacte à l'allemande "Fort de ses 32  % des voix et de la cohésion de son groupe, le dirigeant de la formation protestataire, Luigi Di Maio, a répliqué à celui de la Ligue. Il a exposé sa vision de la situation dans un style déconcertant de classicisme, à la manière d'un vieux routier de la démocratie chrétienne.
" Nous ne sommes ni de droite ni de gauche, et donc nous pouvons traiter avec tout le monde ", a-t-il commencé, avant d'annoncer sa volonté de proposer un " pacte à l'allemande " au PD et à la Ligue, dans lequel tout semble négociable. Tout, sauf une chose : Silvio Berlusconi et son parti n'en seront pas. Un préalable inacceptable pour M. Salvini puisqu'il aurait pour effet de faire de lui un partenaire minoritaire dans l'alliance.
A ce stade, la paralysie semble totale et un retour aux urnes, à moyen terme, inévitable. La principale inconnue des prochains jours sera l'attitude du PD, qui semble en trop piteux état pour prendre la moindre décision. Jeudi, tandis que son dirigeant par intérim, Maurizio Martina, se rendait au Quirinal, son prédécesseur, Matteo Renzi, réunissait ses fidèles, comme pour rappeler que rien, au PD, ne peut se faire sans lui. Et que la moindre ouverture en direction du Mouvement 5  étoiles ferait exploser le parti, ou ce qu'il en reste.
Jérôme Gautheret
© Le Monde

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