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vendredi 13 avril 2018

Angela Merkel cherche à surmonter les divisions au sein de sa coalition


13 avril 2018

Angela Merkel cherche à surmonter les divisions au sein de sa coalition

L'opposition dénonce l'inertie du cabinet en place depuis un mois

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Etablir le calendrier des réformes : tel était l'objectif initial du séminaire de travail qui a réuni Angela Merkel et ses ministres, mardi  10 et mercredi 11  avril, au château de Meseberg, à une soixantaine de kilomètres au nord de Berlin. Comme elle l'avait expliqué avant l'entrée en fonction de son nouveau gouvernement, ce séminaire devait servir à fixer enfin les priorités de celui-ci à travers un agenda précis, après six mois interminables pendant lesquels Mme  Merkel a consacré l'essentiel de son énergie à -former une coalition.
En réalité, ces deux jours de retraite bucolique au bord d'un lac du Brandebourg auront servi à autre chose. Après un premier mois chaotique, au cours duquel plusieurs ministres ont étalé leurs désaccords en public, ce séminaire semble avoir surtout été l'occasion d'insuffler un peu d'esprit de collégialité au sein de l'équipe. " Le but était de mieux se connaître, d'établir notre capacité à travailler et d'apprendre ce que le monde extérieur attend de nous ", a déclaré Mme Merkel, mercredi midi, lors d'une conférence de presse. " Nous ne nous réveillons pas le matin avec les mêmes idées. Mais ce que je retiens - de ces deux jours - , c'est que la volonté de trouver des compromis est bien là ", a-t-elle assuré. A ses côtés, le social-démocrate Olaf  Scholz, vice-chancelier et ministre des finances, affichait la même sérénité. " Ce fut un bon séminaire ", s'est félicité l'ancien maire de Hambourg, avant d'ajouter : " Pour ce qui est du “team building”, c'est réussi. Maintenant, on va pouvoir passer au reste. "
Ce " reste " demeure pour l'instant assez flou. Sur le fond, M.  Scholz et Mme Merkel se sont en effet contentés de répéter ce que l'on savait déjà. Comme il ne cesse de le marteler depuis sa prise de fonction, le premier a ainsi promis que le budget qu'il présentera le 2  mai sera sans déficit, conformément au principe du " zéro noir " cher au conservateur Wolfgang Schäuble, ministre des finances de 2009 à 2017. De son côté, Mme  Merkel a notamment confirmé que l'engagement de la Bundeswehr dans le cadre de l'opération -Minusma, au Mali, serait prolongé d'au moins un an, jusqu'en mai  2019.
Grande prudenceSur les dossiers les plus brûlants politiquement, les deux dirigeants se sont en revanche montrés d'une grande prudence. Rien de précis, par exemple, sur la future loi concernant le regroupement familial pour les réfugiés bénéficiant d'une protection " subsidiaire " (ceux qui ont obtenu un titre de séjour d'un an renouvelable). Ce texte, qui doit être adopté à l'été, fait l'objet de vives divergences entre conservateurs et sociaux-démocrates.
Rien de très clair, non plus, sur le diesel, grand sujet d'inquiétude en Allemagne depuis que le tribunal administratif fédéral de Leipzig a jugé, le 27  février, que les grandes villes avaient le droit d'interdire la circulation des voitures diesel les plus polluantes. Le ministre des transports, Andreas Scheuer, membre de la CSU bavaroise, exclut l'idée d'équiper les véhicules concernés de dispositifs visant à réduire leurs émissions de gaz polluants. Mme  Merkel semble être du même avis, mais elle s'est bien gardée de dire précisément comment elle entendait concilier sa volonté de ne pas pénaliser les automobilistes avec ses objectifs en matière d'environnement.
En se contentant de propos généraux sur des sujets consensuels, Mme  Merkel voulait sans doute éviter d'attiser les différends qui se sont déjà exprimés dans son équipe, que ce soit sur l'islam, l'avortement ou l'assurance-chômage par exemple. Ce faisant, elle a toutefois pris un risque : celui de donner le sentiment d'un gouvernement sans réelle boussole. Exactement ce que lui reproche l'opposition. " La “grande coalition” se chamaille mais ne répond à aucune des questions que les gens se posent ", a commenté Christian Lindner, le président du Parti libéral-démocrate, mercredi.
Thomas Wieder
© Le Monde

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