Rien ne sert de toujours chipoter : Macron a gagné. Il n’a pas tout gagné, il n’a pas complètement gagné. Mais il a gagné. Il avait fait de la directive sur les travailleurs détachés un symbole, un marqueur de sa posture en Europe.
Au terme d’une négociation de douze heures, la France et ses partenaires ont abouti à un compromis honorable. La discussion s’est focalisée sur un point sensible : la durée pendant laquelle on peut faire courir un contrat de détachement. La Commission proposait vingt-quatre mois. Pendant sa tournée des pays de l’Est, le Macron-voyageur avait plaidé avec flamme pour douze mois au maximum. Finalement, ce sera douze mois avec une rallonge possible de six mois.
A Bruxelles, cette capitale des cotes mal taillées, l’Union a de nouveau joué sa carte maîtresse : le sens du compromis. En France on dira : c’est douze mois sauf exception. Dans les pays hostiles à la réglementation nouvelle, on dira : c’est dix-huit mois sauf exception. Demi-vérité en deçà du Danube. Demi-mensonge au-delà. Les souverainistes ne manqueront pas de moquer cette politique du verre à moitié vide ou plein, selon la longitude.
Pourtant, l’harmonisation sociale du continent est à ce prix. Le problème s’éteindra de lui-même quand les pays moins développés de l’Union auront rattrapé les autres. Ce qu’ils ont commencé à faire grâce au grand marché. Derrière une frontière hermétique, ils peineraient plus. Quant à la France, on oublie toujours de dire qu’elle détache elle aussi de nombreux travailleurs à l’étranger. Au bout du compte, tout le monde y gagne. Rappelons aussi que, même s’ils sont souvent concentrés sur certains secteurs, les travailleurs détachés représentent nettement moins de 1% de la main-d’œuvre totale en Europe. Plus de 99% des travailleurs ne sont pas concernés. L’affaire est donc statistiquement symbolique. Mais en politique, les symboles comptent souvent autant que les faits.
Et aussi
• La cote de popularité du Président se situe toujours un peu au-dessus de 40%. Ce n’est guère brillant, même si la chute semble s’arrêter ou, en tout cas, ralentir nettement. Notons que celle de François Hollande en octobre 2012 se situait à peu près au même niveau. A l’époque, les journaux de droite parlaient d’un «effondrement», d’une «chute vertigineuse». Apparemment, ils sont moins sujets au vertige en 2017.
• Le parti LR s’apprête à exclure au moins cinq de ses membres ralliés à Emmanuel Macron, dont le Premier ministre, Edouard Philippe, et le ministre de l’Economie, Gérald Darmanin. On voit mal comment ils pourraient éviter de le faire : ceux-là et d’autres ont clairement choisi la majorité En marche contre l’opposition. Darmanin parle des «Torquemada» de LR. L’outrance fait plutôt rire. Les tortures qu’il encourt se limitent à quelques communiqués dans la presse. Plus sérieuse est l’objection de Thierry Solère, chef des «Constructifs» de LR : on exclut ceux qui veulent travailler avec le centre mais on garde Sens commun qui envisage une plateforme commune avec Marion Maréchal-Le Pen. Juste remarque…
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