Au bout du tunnel de
l’affaire Penelope Fillon, les fillonistes voient encore un rai de lumière. Ils sont pratiquement les seuls : les dégâts dans l’opinion sont considérables, la droite est accablée et, déjà, les hypothèses de «plan B», récusées en public, circulent dans les conversations «off». Mais il y a tant de coups de théâtre dans cette campagne que la survie de Fillon peut aussi y figurer…
Le scénario, ténu, est le suivant : au terme de leurs investigations, les enquêteurs, quoique dubitatifs sur la réalité du travail fourni par Penelope Fillon, estiment qu’ils n’ont pas de base légale pour accuser le couple. La définition du poste d’assistant parlementaire est floue, le Parlement considère que c’est aux députés ou aux sénateurs d’organiser le travail de leurs salariés, et il s’agit en l’espèce de démontrer l’inexistence d’une activité, ce qui est un exercice logique et pratique très malaisé. Dans ce cas, la justice conclut à l’absence de preuves, qui bénéficie aux mis en cause et classe l’affaire. Aussitôt, la machine à communiquer se met en marche. Voyez ! La justice blanchit Fillon, c’était bien un complot des médias et des opposants, un acharnement partisan, une opération d’officine, etc. Cela ne convaincra pas grand-monde mais fournira une défense rhétorique aux partisans du candidat LR, qui se retrancheront avec force indignation derrière la décision judiciaire. Touché mais pas coulé, le bateau Fillon poursuivrait donc sa route…
Scénario fragile, dangereux, mais possible.
La morale y perdra et la réputation de la classe politique en sortira encore un plus abîmée. Dans des pays un tant soit peu rigoureux, Fillon se serait déjà retiré de la compétition. Outre l’énorme doute qui pèse sur sa défense, il est établi que le candidat n’a pas dit la vérité lors de ses interventions télévisuelles, au moins par omission. Déjà un sondage Elabe place Fillon derrière Le Pen et Macron au premier tour de la présidentielle. La vraie décision, en fait, revient aux responsables du parti LR : ils devront arbitrer entre un remplacement catastrophique et un maintien désastreux. Garder un candidat affaibli ou sauter dans le vide d’un plan B totalement baroque. A moins que de nouvelles révélations ne viennent résoudre d’un coup leur douloureux dilemme…
C’était hier
• Si, si, Macron a un programme, qu’on se le dise ! Le jeune premier à l’insolente baraka est venu sur France Inter décrire une série de mesures partielles, sociales et économiques. Mesures intelligentes, intéressantes, discutables aussi, qu’on peut intégrer dans un projet de centre gauche ou de centre droit. Social libéralisme ou libéralisme social, comme l’on veut. La chauve-souris Macron, mi-volatile-mi-rongeur, continue son vol, poussée par le vent des sondages.
• Manuel Valls joue le jeu. Il appelle ses troupes à rester groupées et condamne donc implicitement ceux de ses partisans qui voudraient rejoindre Emmanuel Macron. Réglo. Mais aussi malin : pour espérer reprendre le parti en cas de défaite de la gauche en avril,
il ne faut pas commencer par l’abandonner.
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