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jeudi 2 février 2017

Editorial de la Tribune des travailleurs du 1er février 2017 - L’empreinte de la lutte des classes

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                                 La Tribune des travailleurs


L’empreinte de la lutte des classes

Editorial de la Tribune des travailleurs du 1er février 2017


Par Daniel Gluckstein 
La Tribune des travailleurs porte en sous-titre « Tribune libre de la lutte des classes ». Fidèle à la tradition du mouvement ouvrier et à ce que l’expérience historique nous apprend, nous considérons la lutte des classes comme le moteur de l’histoire, le fil conducteur qui permet de comprendre l’enchaînement des événements.
Depuis des décennies, ce pays est marqué par les luttes de classe les plus intenses. D’un côté, les coups portés par les patrons et les gouvernements à leur service appliquant les directives et contre-réformes de l’Union européenne. De l’autre côté, les mobilisations successives des travailleurs et des jeunes unis par millions avec les organisations dans des grèves et des manifestations, cherchant la voie d’un mouvement d’ensemble pour bloquer ces coups destructeurs.
Dernières en date, les manifestations et grèves contre la loi El Khomri. À quatorze reprises, des centaines de milliers, parfois des millions, ont déferlé dans les rues. Des grèves ont commencé. Ce mouvement, certes, n’a pas abouti, en particulier du fait de la contradiction qui l’a marqué : d’un côté, l’aspiration des travailleurs à une mobilisation d’ensemble pour contraindre le gouvernement à retirer la réforme El Khomri ; de l’autre côté, le refus des dirigeants d’aller au-delà de l’appel à des actions de 24 heures à répétition.
S’il n’a pas abouti, ce mouvement de classe, par sa puissance, continue de marquer toute la situation. Ainsi, à quelques semaines des élections, la lutte de classe surgit sous toutes les formes. Pas un jour ne passe sans que l’on voie –pour bloquer un plan de suppressions d’emplois dans telle entreprise, pour s’opposer à la remise en cause des garanties collectives ou au manque de postes dans telle autre, ou ailleurs encore contre le blocage des salaires – les travailleurs décider, avec leurs syndicats, la grève, la grève jusqu’à satisfaction, convoquer les assemblées générales, désigner les délégués. Et cela sans attendre le résultat des élections à venir ni demander la permission à qui que ce soit.
De ce mouvement aux formes diverses mais au contenu commun, notre journal s’efforce de rendre compte chaque semaine, nourri des correspondances transmises par une large couche de travailleurs et militants ouvriers de toutes tendances. C’est notre vocation de tribune libre de la lutte des classes.
Dans ce contexte, la question du pouvoir et du gouvernement est posée en relation même avec l’élection présidentielle. Or, depuis des décennies, quelle que soit l’étiquette du gouvernement, le pouvoir reste entre les mains de la classe capitaliste. Notre position est connue : nous nous prononçons pour la liquidation des institutions antidémocratiques de la Ve République et de l’Union européenne, pour la convocation de l’Assemblée constituante de délégués élus et mandatés, contrôlés par le peuple lui-même. La Tribune des travailleurs mène campagne en ce sens et défend la perspective d’un gouvernement ouvrier de rupture avec la classe capitaliste, interdisant les licenciements, organisant la reconquête des services publics et des droits ouvriers détruits.
Le POID n’a pas d’intérêts distincts de ceux de l’ensemble de la classe ouvrière. En toute circonstance, il se prononce du seul point de vue des intérêts ouvriers.
Cela vaut pour la campagne électorale en cours. Tout y semblait ficelé d’avance : dans le cadre de la Ve République, un président serait élu, de gauche ou de droite, qui poursuivrait l’œuvre des précédents. Mais, sous des formes imprévues, indirectes, déformées, la lutte de classe a pointé le bout de son nez. Il y eut d’abord le renoncement d’Hollande, produit du rejet immense provoqué par sa politique réactionnaire, et tout particulièrement par la loi El Khomri. Puis vint l’éviction de Valls, le 49-3 jouant le rôle d’un boomerang politique (1).
Dans le prolongement, les primaires du PS virent au premier tour une nette majorité se porter sur les deux candidats se prononçant pour l’abrogation de la réforme El Khomri. Entre les deux tours, Hamon fit un pas de plus, déclarant : « Le marché du travail a été très mal réformé quand on a fait la loi El Khomri en fonction de ce que demandait Bruxelles. Après mon élection présidentielle, la Commission européenne, ce sera “merci, au revoir” » (2). À son tour, l’entourage de Mélenchon – qui se prononce lui aussi pour l’abrogation de la réforme El Khomri – radicalisait son discours, Alexis Corbière, porte-parole de La France insoumise n’hésitant pas à déclarer publiquement qu’en cas d’échec du plan A le plan B de Mélenchon conduirait à « la rupture avec l’Union européenne ».
Soyons clairs : ni Mélenchon ni Hamon n’avance un programme de rupture avec la classe capitaliste. Mais l’un comme l’autre, dans une logique électorale, sont conduits à aiguiser leur discours pour tenter de capter l’aspiration qui grandit dans le pays à la rupture avec l’Union européenne, ses diktats, ses contre-réformes (3).
Poussés donc à s’exprimer un peu plus loin que ne le laissaient présager leurs programmes respectifs, Hamon et Mélenchon sont confrontés à la logique bonapartiste de la Ve République : il ne peut y avoir qu’un seul élu. Les travailleurs qui assistent à ces développements, eux, sont fondés à dire : « Si ces deux candidats ont vraiment pour objectif d’abroger la loi El Khomri en soulevant le carcan de l’Union européenne, pourquoi ne se rencontrent-ils pas (et avec eux, les dirigeants des partis  PS, PCF, PG qui les soutiennent) ? Pourquoi ne se mettent-ils pas d’accord sur un candidat unique qui ferait campagne sur cet axe ? Nul doute qu’une telle campagne bénéficierait d’un élan de la population laborieuse et de la jeunesse qui pourrait l’emporter, et encourager la mobilisation d’ensemble pour la rupture avec l’Union européenne et l’abrogation de toutes les contre-réformes. »
En toute indépendance et quelles que soient les circonstances, le Parti ouvrier indépendant démocratique soumet à la discussion sa politique, résumée dans son Manifeste, programme de rupture avec la classe capitaliste.
Aux travailleurs, aux jeunes, aux militants qui, dans cette situation marquée par la résistance ouvrière, refusent de se laisser détruire par la barbarie capitaliste, le POID propose d’ouvrir la discussion.
Travailleurs, militants, jeunes qui nous lisez, prenez connaissance du Manifeste du Parti ouvrier indépendant démocratique, discutons des propositions qui y sont faites sur les voies et les moyens de s’en sortir, et de se préparer aux combats qui viennent.
Nous vous invitons à rejoindre le Parti ouvrier indépendant démocratique et à être présents le 18 mars pour dire : « Vive la Commune ! Vive le gouvernement ouvrier ! À bas la Ve République, les institutions d oppression et doexploitation ! À bas l’Union européenne ! Vive la lutte de classe et les organisations ouvrières édifiées pour l’aider à vaincre ! »
(1) On ne s’étendra ici ni sur l’élimination de Sarkozy, ni sur les soucis de Fillon, ni sur la tentative d’ériger en sauveur suprême un ectoplasme politique qui se présente au-dessus des classes et des partis… avec un programme intégralement réactionnaire et anti-ouvrier.
(2) Interview à 20 minutes du 25 janvier.
(3) Aspiration d’autant plus forte que le monde entier a les yeux tournés vers les États-Unis où le gouvernement ultra-réactionnaire de Trump entame son mandat par des mesures de guerre contre les travailleurs et les peuples du monde entier, y compris contre la classe ouvrière aux États-Unis, mesures de guerre d’un régime capitaliste en décomposition, prêt aux pires méthodes contre les travailleurs et la jeunesse.

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