Translate

dimanche 28 août 2016

Les Crises.fr - L’élite de connivence avec Tony Blair veut arracher le Labour à la classe ouvrière, par Nafeez Ahmed


http://www.les-crises.fr
                 
                                   Les Crises - Des images pour comprendre
28
Août
2016

L’élite de connivence avec Tony Blair veut arracher le Labour à la classe ouvrière, par Nafeez Ahmed


Source : The Canary, le 27/06/2016
Le 27 juin 2016
Nafeez Ahmed
3182415312_2dbce3baa5_b-770x470
Le dernier coup monté contre Jeremy Corbyn au sein du Parti travailliste a été mené par un réseau élitiste blairiste qui a toujours vu sa soudaine ascension à la direction du parti comme une menace à leur contrôle déclinant sur celui-ci.
Une enquête de The Canary révèle que les organisateurs de la campagne font partie de la “vieille garde” pro-Blair.
Lors de la période précédant les élections de la direction du Labour en septembre 2015, ils ont essayé de remodeler le parti selon une vision pro-guerre, pro-entreprises liée à l’aile néoconservatrice du parti démocrate américain.
Mais la victoire de Jeremy Corbyn a fait capoter totalement leurs plans.
Les 15 secrétaires d’État et 9 ministres qui ont démissionné du cabinet d’opposition de Corbyn sont tous affiliés, ou impliqués, dans la “Fabian Society” – le think-tank affilié au Labour.
La Fabian Society fut une des principales forces dans l’établissement des bases intellectuelles du nouveau Labour sous la direction du Premier ministre Blair et est restée très proche des soutiens de Blair au sein du parti. Ce fut également la principale force à tenter d’imposer à nouveau une vision blairiste avant la victoire surprise de Corbyn à la direction.
Conor McGinn et Hilary Benn
Selon la correspondante Sophy Ridge de Sky News, l’avalanche de démissions au sein du cabinet de Corbyn a été largement “orchestrée” par un homme : Conor McGinn, député travailliste pour St Helens North.
Elle affirmait :
Il appelle les membres et ministres du cabinet, organise le calendrier et coordonne les démissions pour essayer de créer l’impact maximal. C’est important car il est l’un des chefs de la majorité de Jeremy Corbyn – dont la tâche est d’assurer la discipline au sein du parti.
McGinn, toutefois, appartient à un réseau plus large de politiciens blairistes qui se sont opposés à la direction du parti par Corbyn dès le début. Il a été lié à la Fabian Society en tant que dirigeant durant ses fonctions dans le but d’essayer de “refondre” le parti selon un agenda blairiste pro-guerre et pro-entreprises.
En mai, McGinn a dit sur PoliticsHome.com que le gouvernement de Blair fut “le gouvernement ayant apporté le plus de transformations dans l’histoire britannique de ces 100 dernières années,” et se décrivait lui-même comme un pro-interventionniste.
McGinn a formellement rejoint la campagne pluripartite pro-Union européenne, Britain Stronger In Europe (La Grande-Bretagne plus forte en Europe), en tant que “chef de file politique”, aux côtés de Hilary Benn.
Au cours du weekend, Jeremy Corbyn a congédié Benn de son poste de secrétaire des affaires étrangères. Dimanche, The Observer rapportait que Benn avait contacté ses camarades députés durant le weekend pour discuter de la perspective d’une stratégie anti-Corbyn.
La confirmation de Sky News que ce processus avait été coordonné par un des chefs de la majorité de Corbyn, Conor McGinn, suggère que McGinn et Benn ont travaillé ensemble pour orchestrer les soudaines démissions.
McGinn n’a pas répondu aux multiples demandes de commentaires.
Le coup de grâce de la brigade de Blair
La campagne ratée de Britain Stronger In Europe a été menée par le directeur exécutif Will Straw, le fils de Jack Straw, qui a servi en tant que secrétaire de l’intérieur et secrétaire des affaires étrangères sous le précédent premier ministre, Tony Blair.
Lundi, Straw, via Britain Stronger in Europe, a appelé Jeremy Corbyn à démissionner.
Le groupe de campagne #Remain de Will Straw avait été largement financé par le milliardaire et donateur de longue date du Parti travailliste, Lord Sainsbury, ami proche de Tony Blair.
Straw fait partie d’un réseau de fidèles blairistes essayant de “remodeler” le Parti travailliste – un projet démoli par la victoire écrasante de Jeremy Corbyn aux élections pour la direction du parti en septembre 2015.
Bien que Straw fils ait, en public, pris ses distances vis-à-vis du soutien de son père à la guerre en Irak de 2003, il est, dit-on, un défenseur de la guerre en privé. Le dirigeant actuel du Parti travailliste, Corbyn, a dit en mai qu’il tiendrait sa promesse de demander l’ouverture d’une enquête pour crime de guerre à l’encontre de Blair.
Depuis 2009, des registres découverts par l’auteur de ces lignes lors d’une précédente enquêtemontrent que Will Straw a été un directeur de la société Left Foot Forward Ltd., qui possède et publie le blog politique soi-disant “indépendant” et “non-aligné” du même nom. Le co-directeur de la société est Marcus Alexander Roberts, un ancien directeur sur le terrain de la campagne du prédécesseur de Corbyn, Ed Miliband.
Comme l’a montré l’enquête, sous l’ancienne direction éditoriale de James Bloodworth, le soi-disant “blog de gauche N°1” en Grande-Bretagne s’était presque donné pour mission de faire la satire de la direction de Corbyn à chaque opportunité, abandonnant toute mesure.
La biographie de Straw sur le site de Left Foot Forward ne mentionne pas son rôle dans le conseil d’administration de la société.
Le co-directeur de Straw chez Left Foot Forward Ltd., Marcus Roberts, est en même temps directeur de Zentrum Consulting Ltd., qui se décrit elle-même dans le “conseil politique”. Roberts a précédemment passé du temps aux États-Unis sur les campagnes présidentielles d’Al Gore, John Kerry et Barack Obama.
Roberts est par la suite devenu chef de la campagne victorieuse de Sadiq Khan pour le poste de maire.
Toutefois, et justement durant le contrat du Parti travailliste avec Zentrum, de 2011 à 2015, Marcus Roberts était également secrétaire général adjoint de la Fabian Society, où il a mené la politique de recherche sur comment reconstituer le Labour – incluant le travail de son ami et co-directeur Will Straw.
Durant cette période, de 2012 à 2013, Conor McGinn – qui aurait orchestré les démissions du cabinet travailliste – était un collègue de Roberts, comme vice-président de Young Fabians, une filiale de Fabian Society.
Zentrum : une tentative blairiste de détourner le Labour
En 2011, le Parti travailliste avait aussi engagé le groupe de conseil de Marcus Roberts, Zentrum, pour mener la campagne de “refonte du Labour” à la demande de Lord Peter Hain, autre ministre de cabinet sous Blair.
En effet, la Fabian Society avait alors été détournée en une opération de “refonte” blairiste du Labour sous la direction de Roberts.
Selon Dan Hodges, citant “des responsables du parti”, Zentrum a été “utilisé dans les faits pour contourner le parti.”
“Quelqu’un refond le Labour,” concluait Hodges. “Mais qui ?”
A travers Zentrum Consultancy Ltd., le réseau blairiste de plus en plus impopulaire au sein du parti a tenté de maintenir son influence, plutôt que de s’engager pleinement pour le parti lui-même.
A cette époque, la société Zentrum de Marcus Roberts était co-dirigée par Franck Spring, un conseiller de campagne basé aux États-Unis. Spring est un partenaire politique au sein du “Truman National Security Project”, un think-tank constitué de conseillers politiques pro-Parti démocrate. En 2006, le Los Angeles Times décrivait le Projet Truman comme un mouvement “d’éphémères néoconservateurs de gauche” :
“Cette nouvelle moisson de faucons libéraux appelle au développement de la guerre anti-terroriste, augmentant l’armée et promouvant la démocratie autour du globe. Ils veulent, en substance, revenir aux croyances qui sont à l’origine de la place importante qu’occupent les néoconservateurs, croyances qui motivaient les libéraux à l’ancienne de la guerre froide tel que le sénateur démocrate Henry ‘Scoop’ Jackson.”
L’élection de Jérémy Corbyn comme leader du Labour a, selon toutes évidences, mis des bâtons dans les roues à tout l’effort blairiste de “refonte du Labour” selon le modèle pro-guerre et pro-entreprises des faucons néoconservateurs du parti démocrate.
En réponses aux demandes via twitter de clarification sur le point de savoir s’il avait connaissance du rôle de son ancien collègue au sein de la Fabian Society, Conor McGinn, dans la tentative de putsch au sein du Labour, Marcus Roberts a décliné la question mais a répondu :
“Vous demanderez aux députés ce qu’ils font. Moi : j’ai voté Liz l’année dernière ! :)”
Roberts a admis qu’il avait précédemment voté pour la fervente blairiste Liz Kendall, qui était parmi ceux qui risquaient une défaite écrasante contre Corbyn lors de la campagne pour la direction.
Steve Topple et Elizabeth Mizon ont contribué aux recherches pour cet article.
Source : The Canary, le 27/06/2016
Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

6 réponses à L’élite de connivence avec Tony Blair veut arracher le Labour à la classe ouvrière, par Nafeez Ahmed...


  1. SpectreLe 28 août 2016 à 02h15
    Afficher/Masquer
    Pas étonnant qu’ils veuillent virer Corbyn… Pour les anglophones, écoutez-le annoncer la future catastrophe en 2003 : http://metro.co.uk/2016/07/06/people-are-sharing-corbyns-2003-anti-iraq-speech-as-chilcot-release-looms-5988534/ ; forcément, un type qui avait raison, c’est insupportable quand on a soutenu un criminel notoire…
    Quand on veut bâtir une machine de conquête électorale à partir d’un parti né à gauche, on commence par liquider les vieux militants historiques et marginaliser/ringardiser l’aile gauche. Celle-ci continue de servir de caution/appât pour les gogos, tandis que l’aile droite peut tranquillement dérouler sa politique néolibérale, atlantiste, etc.
    Le hic, c’est qu’après des années d’exercice du pouvoir, il devient de plus en plus délicat de tromper le chaland sur la marchandise ; quoique un peu lent à la comprenette et préposé historique au cocufiage, l’électeur de gauche finit par sanctionner. Le Labour a plutôt de la chance au niveau des conséquences, ils ont bifurqué sur une régénération interne, ce qui laisse à l’aile droite la possibilité de magouiller pour revenir suite à un putsch interne. Mais pour d’autres, ce sera plutôt un destin à la PASOK : implosion pure et simple, donc plus rien à sauver. Suivez mon regard…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire