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« Alors, c’est quoi l’issue ? »
L'éditorial de la Tribune des travailleurs du 27 juillet 2016
Au lendemain du passage en force de la loi El Khomri, soixante et un députés « de gauche » conduits par Pouria Amirshahi (ex-PS), ont déposé un recours au Conseil constitutionnel. Motif : usage abusif du 49-3 et manque de respect pour le droit d’amendement des parlementaires.
L’intention est louable. Mais quelle en sera la portée pratique ?
Le plus probable est que le Conseil constitutionnel rejette ce recours, car les procédés dénoncés sont conformes à la très antidémocratique Constitution de la Ve République. Dans l’hypothèse contraire (hautement improbable), soyons sûrs qu’il conseillera au gouvernement une autre voie pour faire passer la contre-réforme.
Aucune illusion n’est permise : du Conseil constitutionnel – comme des autres institutions de la Ve République – il n’y a rien à attendre qui préserve les droits des travailleurs.
Dans une réunion à Haguenau (lire page 5), l’un des signataires de l’appel « pour la rupture avec l’Union européenne et la Ve République » interroge : « En Grèce, le peuple a fait son boulot : il a dégagé les partis de droite et de gauche qui dirigeaient le pays depuis des années ; il a refusé l’extrême droite ; il a voté pour la gauche radicale qui a déclaré qu’elle refusait les mémorandums ; il a voté non aux mémorandums ; il a fait en permanence grève ; mais au bout du compte, il a été trahi par ses dirigeants. Alors, c’est quoi l’issue ? ».
L’issue est dans la constitution d’une force politique qui agisse consciemment pour aider les travailleurs et le peuple à imposer la rupture.
Cette force politique a fait défaut en Grèce.
Et en France ? Les militants du Parti ouvrier indépendant démocratique combattent pour cette perspective.
Ils ne sont pas les seuls. Instruits par leur expérience des derniers mois dans la lutte de classe, des milliers de travailleurs, militants, syndicalistes, jeunes, élus de toutes tendances sont parvenus à une conclusion : l’abrogation de la
loi El Khomri (dans la continuité de la mobilisation pour le retrait) implique une rupture nette et totale avec le capital financier et ses institutions (Ve République et Union européenne).
Une force politique commence à se rassembler dans les comités pour la rupture avec l’Union européenne et la Ve République, désignant leurs premiers délégués pour la conférence nationale de l’automne.
Une force politique qui ne craint pas de dire qu’elle veut aider les travailleurs, les jeunes, l’immense majorité de la population à balayer l’Union européenne et la Ve République, à imposer l’abrogation de la loi Travail et de toutes les contreréformes, et à ouvrir la voie à l’Assemblée constituante.
Une force politique qui ne craint pas de dire que c’est au peuple travailleur de prendre son avenir en main pour décider des formes et du contenu de la démocratie.
Une force politique qui ne craint pas la rupture vraie, totale, définitive avec l’ordre imposé dans toute l’Europe au seul bénéfice des banquiers, capitalistes et spéculateurs.
Daniel Gluckstein
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