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lundi 22 février 2016

Lu sur le blog de Jean -Luc Mélenchon : La déchéance sociale après celle de la nationalité

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                           Jean-Luc Mélenchon

La déchéance sociale après celle de la nationalité

  

                              La déchéance sociale après celle de la nationalité
                                                          Crédits photo : ActuaLitté (CC)

Je dois des excuses à qui a pris le goût de me lire. Trop de jours ont passé sans que je me remette au clavier. Certes entre la page Facebook et les vidéos de ce blog, et à présent l’ouverture du site de la « France insoumise », nul n’aura manqué de nouvelles de moi dans cette semaine cruciale pour la préparation de la campagne présidentielle de 2017.
Nous sommes en mouvement. Ici, je parle des 60 000 premiers signataires en appui à ma proposition de candidature. Ici, je parle des mille syndicalistes qui m’accompagnent, et aussi de l’équipe et des réseaux de toutes sortes qui m’entourent, des gens qui sentaient, savaient et avaient une folle envie de donner leur coup de main. Chacun préparait ses moyens d’action depuis des mois comme je l’avais dit dans la presse qui m’interrogeait alors. Les ébahis de service n’avaient donc pas lu à la une du Monde le titre sur ce sujet ? Ni la page du JDD ? Ils avaient aussi oublié nos conversations privées ? Nenni ! Car ils m’avaient déjà accablé de leurs sarcasmes publics et de leurs connivences privées. Ont-ils trouvé depuis une minute de leur précieux emploi du temps pour se mettre en rapport avec moi ? Non, bien sûr. Tout ça est une comédie de série B.
La forme convenue des répliques et celle, très circulaire, des « éléments de langage » contre moi souligne le caractère surjoué de bien des agressions du microcosme qui me visent chaque jour depuis ma déclaration. Les tirs hostiles sont venus comme d’habitude depuis 2011 du même quarteron de blogueurs aigris, de quelques dirigeants communistes confus et de gauchistes perpétuellement amers et donneurs de leçons. Il est frappant de le constater : ce sont les mêmes litanies, parfois au mot prêt. « Bien faire et laisser braire » disait la sagesse paysanne. Ce sera ma seule réplique à toutes leurs ignominies.
Dans ce post, je parle bien sûr de cette entrée en campagne, puis de l’appel des mille syndicalistes en appui à ma proposition de candidature. Puis de l’attaque contre le code du travail que mènent François Hollande et le PS. Cet évènement combiné à l’affaire de la déchéance de la nationalité fait penser qu’une lutte sévère doit secouer le palais du monarque. Iznogood et Haroun el Poussah doivent se tirer la bourre. La conduite de l’État dans ces moments semble abandonnée aux aléas d’une lutte de personne au sommet. Le Premier ministre semble de moins en moins maître de la situation comme de lui-même. Il ne semble pas devoir pouvoir tenir dans cet état encore 14 mois. En lui inventant un challenger comme Macron, Hollande a joué son jeu traditionnel d’usure de tous et de chacun. On doit donc prévoir une séquence bien plus animée que prévue. En tous cas les deux projets de lois de droite extrême comme celui sur la déchéance et celui sur le code du travail semblent devenir explosifs. Quelqu’un va sauter.

Ceux qui me connaissent comme homme savent que je suis sensible aux bassesses et volte-face de ceux en qui j’avais cru voir des amis. Mais je ne m’y arrête pas. Je sais que ce sont seulement des marionnettes tenues par le fil des postes à pourvoir. Je reconnais les doigts des tireurs de ficelle. Je sais que le but des dirigeants PS, selon les termes de Julien Dray, est de profiter de la circonstance pour essayer une fois de plus de « m’isoler » et me « sectariser ». À leurs yeux, les Verts sont détruits, les communistes n’ont jamais vraiment compté. Reste votre serviteur. Le PS sait y faire et qui activer. Tous les jaloux, les aigris, les professeurs cyclotrons de la stratégie en chambre, les bureaucrates tétanisés par tout ce qui menace leur petit pouvoir sont d’accord. Ils font la queue pour me donner chacun leur coup de stylet. En toute irresponsabilité, car à quoi et à qui sert de me frapper de la sorte ? Mais nombreux sont ceux qui pensent qu’il y a mieux à faire que de me démolir. Nombreux dont ceux qui sentent l’arnaque derrière les numéros de feintes indignations des important de la cour des miracles de la « gôche ».
En toute hypothèse, l’effet bashing est raté. 60 000 appuis en dix jours, des centaines de comité d’appuimille syndicalistes sont déjà en place. Une armée surgit de l’ombre, narquoise, rebelle, imperméable aux glapissements des appareillons et aux gémissements des vieilles gloires. Quiconque s’y oppose est pris à revers par les insoumis de ses propres rangs !!!! À l’heure où le code du travail va exploser sous les coups du gouvernement « de gôche » il était temps qu’existe une alternative politique indépendante.
Le point de départ d’un bon plan de marche est la visée stratégique. Il faut avoir les idées bien claires non seulement sur le but que l’on veut atteindre mais sur le chemin pour le faire ! Sinon, il est impossible de choisir les bons outils à utiliser. Car les moyens préfigurent la fin et ils la préfigurent souvent tout simplement. Ces choix-là n’ont rien d’arbitraire. Il faut réduire la part du pifomètre autant qu’on peut pour que là où il s’applique ce soit en toute connaissance de cause, sans avoir dispersé l’intuition dans des dizaines d’autres supputations intermédiaires. Le bilan de l’entrée en pré-campagne est bon. Le moment était le bon, en général, entre l’annonce de la candidature de Marine Le Pen et le remaniement. Cet encadrement surligne le sens de la démarche et beaucoup de gens ont reçu de cette façon un signal amplifié par l’illustration qu’en donne le contexte. La part de chance : tomber dans un JT où passe le report du procès Cahuzac montrant une face visible et concrète de la caste. Et, passer à l’antenne avant un reportage sur Fukushima qui me simplifie le retour sur la nécessaire sortie du nucléaire…
Pour le reste il n’y avait pas besoin d’être un génie de la tactique pour repérer la fenêtre de tir. Il suffisait de travailler l’info qui circule. Nous étions certains que le remaniement verrait un ralliement du type Emma Cosse. Je n’entre pas dans les détails de mon raisonnement à ce sujet car c’est ici un point secondaire. Le reniement d’une ardente partisane des « primaires pour éviter Hollande », assises au premier rang de la réunion de la Bellevilloise, passant sans transition au gouvernement Hollande jette une lumière démoralisante sur la sincérité du processus. Le risque est de voir s’aggraver la débandade des dévouements et des militants. Je devinais aussi qu’à la sortie de son séminaire Marine le Pen communiquerait pour rendre compte des changements de ligne décidés et déjà annoncés partout dans la presse. Je n’ai pas eu besoin de faire le lien avec sa candidature puisqu’elle l’a fait elle-même. Dès lors la nécessité d’un signal fort, d’une parole claire sur les enjeux du combat politique actuel s’imposait.
Car le temps politique s’est considérablement accéléré quand quatre candidats à la primaire de droite déjà extrêmement actifs et Madame Le Pen sont déjà entrés en campagne. Les livres, les interviews, les grandes émissions des porte-paroles de la droite saturent l’ambiance. Eux font leur travail. De son côté le gouvernement agit avec constance pour légitimer lui aussi l’essentiel des bases du discours traditionnel de la droite : attaque contre le code du travail, destruction des normes sociales, et discours sur la nationalité emprunté à l’extrême droite. Notre voix politique avait disparu. Et nous sommes menacés d’être paralysés  par une « primaire de toute la gauche » dont le dénouement est reporté à novembre prochain, dans le meilleur des cas, décembre ou janvier si Cambadélis le décide. C’est-à-dire après huit mois de bagarre interne et de querelle de personnes.
En coulisse, personne ne croit que cette primaire aura jamais lieu. Mais tous font semblant du contraire en public. Le fond du tableau est totalement tordu. Beaucoup se rêvent candidat à la primaire pour pouvoir enfin exister et ensuite perdre avec les honneurs médiatiques pour n’avoir aucune responsabilité financière ou politique à endosser. Avec l’arrivée en force du PS, toute la machinerie médiatique de cette primaire fonctionne comme un appareil à tout embrouiller et à augmenter la confusion. En dépit d’efforts inouïs (mais il est vrai que « la France s’ennuie ») la mayonnaise ne prend que dans des petits cénacles confidentiels de militants en déroute et de colonnes de réfugiés de la guerre du Hollandisme contre les fondamentaux de la gauche. Précieuses personnes ! Sur quarante signataires de l’appel aux primaires 38 firent campagne pour Hollande en 2012 et donc contre la candidature du Front de Gauche. Dix jours après son lancement, l’initiative piétinait à 12000 signatures jusqu’à ce que l’organisation du travail moyennant finance par l’entreprise de pétition « change.org » augmente la cueillette en plus de trois semaines !
Pour donner le change, le bulletin quotidien Libération, déjà connu dans le passé pour les manipulations de titres et de sondages ouvre sa « une » sur un sondage pipeau de première grandeur. La une annonce 81 % des électeurs de gauche partisan de la primaire. Politis fait vite la démonstration que « l’enquête » porte en fait sur… 277 personnes…
Le ras le bol des coups montés par Joffrin, Cohn-Bendit et consort est aussi une des raisons pour lesquelles je suis passé à l’action. Je suis un déclencheur. Je propose l’action drapeaux déployés et musique en tête. Je m’avance donc sans avoir demandé la permission à personne. J’appelle les gens, sans leur demander s’ils ont une carte de parti, à se rassembler pour agir, grâce au site jlm2017.fr. C’est la manière de faire la plus collective. Pour recueillir les 500 signatures de parrainage, je compte sur les 300 groupes d’appuiet les 60 000 personnes qui nous ont déjà rejoints en dix jours et dont le nombre ne cesse d’augmenter. Si nous n’y arrivons pas, sur qui sera la honte ? Pas sur moi, mais sur ceux qui se seront acharnés à me barrer la route. L’insoumission est un combat, pas une rente.

Comme la mode semble être à comparer avec 2012 souvent au prix de quelques arrangements féroces avec la réalité, je crois utile de faire des rappels pour ceux de mes lecteurs qui seraient réellement inquiets. En fait, le déroulement actuel de mon agenda est l’exacte réplique de 2011. Je m’étais déclaré le 21 janvier 2011. J’avais déjà « proposé » ma candidature. Les mêmes qu’aujourd’hui, personnalités, journaux et directions politiques diverses avaient fait exactement les mêmes critiques venimeuses qu’aujourd’hui. À l’époque, la direction PCF en solo, sans crier gare et contrairement à nos accords d’alors, décida d’organiser un vote interne avec pluralité de candidatures. Rien de nouveau sous le soleil. Les communistes votèrent le 18 juin et m’investirent. Ils le firent sans aucun « grand débat » car on ne me permit pas d’approcher pour expliquer ma candidature.
Il n’y eut pas, à l’époque, de « programme d’abord », car la rédaction de celui-ci ne fut engagée qu’ensuite, à partir de la fin juin et jusqu’au mois d’août. C’est François Delapierre qui tenait le stylo. Le PG avait travaillé trois mois sous sa houlette pour préparer mille fiches programmatiques avant la rencontre avec les responsables communistes. Jacques Généreux qui participait au premier rang de la délégation pourra raconter s’il le souhaite ce qu’il faut savoir sur le refus du « revenu maximum » par nos interlocuteurs. Les mêmes s’alarment sur leur blog de l’amoindrissement qu’ils croient voir du contenu anticapitaliste de ma présentation du programme ! De son côté Martine Billard dans sa note de blog a parfaitement décrit quel alibi sans consistance est cette histoire du « programme d’abord » et autres sornettes sur les « grands débats » et autres « mille initiatives » qui n’existent que le temps du communiqué de presse qui les annonce.
Pour finir, la rédaction de L’Humain d’abord fut achevée en plein mois d’aout ! Il fut présenté en public sans aucune consultation militante à la fête de l’Huma de septembre 2011. Il y fut mis directement en vente sans autre forme de procès. Je l’ai brandi sur la scène centrale, mais j’étais seul à l’avoir en main ! L’ensemble de la négociation sur les circonscriptions avait été réglée dès juin, après le vote des adhérents communistes, par une négociation directe entre les mandataires de chaque parti sans autre forme de consultation.
Telle est la version réelle du « collectif » tel que le pratiquaient les grands basistes qui m’accablent aujourd’hui. Personne à l’époque ne se plaignit que cette méthode n’était pas assez « collective ». Il y avait une raison à cela. Nous pensions, tous, que la désignation du candidat n’est pas le résultat mais le préalable qui permet de libérer tout le reste du travail politique à faire. Sinon tout reste prisonnier d’une compétition et de postures qui paralysent tout. Oui : le préalable. Car tout le monde avait le souvenir très vif des épisodes calamiteux de 2007 et de la débandade qui s’en est suivi ! La seule différence est donc pour l’instant que cette fois ci je n’ai pas eu au téléphone Pierre Laurent pour lui dire le jour et l’heure de ma déclaration. Lui-même ne m’a prévenu ni du jour ni de l’heure de la réunion collective où il a décidé d’être candidat en Île-de-France sans autre forme de consultation qu’un chantage à l’explosion du Front de Gauche. Il m’a obligé à intervenir pour l’appuyer face à des camarades survoltés et écœurés par ces méthodes venant après la honteuse réédition des municipales à Paris.
Mais quoiqu’il en soit, pour ce qui me concerne, tout le reste était su de lui. Tout. Je propose donc qu’on cesse les querelles de forme subsidiaires. Il ne sert à rien de me montrer du doigt comme le vilain « solo » de la couvée pour essayer de mieux vendre le « collectif » que représenterait la merveilleuse primaire de toute la gauche et son dessous de table crapoteux du partage des circonscriptions législatives. Car il ne faut jamais oublier cette dimension invisible de l’univers des primaires. J’ai entendu comme tout le monde Yannick Jadot dire que les circonscriptions seront réparties à l’exacte proportionnelle des résultats de la primaire. Ben oui, après avoir dû voter pour le vainqueur de la primaire, il faudra en plus faire campagne pour ses candidats locaux ou ceux des autres complices. Une véritable autodissolution de notre force.
La danse du ventre des injures, doublée de pathétiques appels à « Jean-Luc » au « collectif » dans le bulletin paroissial de la deuxième gauche qu’est Libération pour que je rejoigne la tambouille de la primaire rebaptisée « cadre collectif » ne m’impressionne nullement. Tant que ce cadre est celui de Hollande, tout est dit. Je sais que toutes ces gesticulations sont destinées à créer une rupture irrémédiable avec moi qui servira ensuite à justifier de nouvelles compromissions. Si la direction communiste choisit cette rupture avec moi, qu’y puis-je ? Une chose est sure : cette fois-ci, je ne pactise pas avec la ligne du compromis tous azimuts. Et je n’attends pas la fin de l’habituelle interminable séquence des tergiversations se concluant par les mêmes mélimélos incompréhensibles et illisibles. Je ne signerai pas la « charte minimum » à laquelle des milliers de communistes vont devoir se plier comme les y invite Pierre Laurent.
Le fond de l’affaire n’est donc pas dans la dialectique du solo et du « collectif », cette grossière mise en scène rhétorique. Il y a vraiment entre nous une divergence sérieuse sur cette primaire et sur la voie à construire. D’un côté la ligne du « rassemblement de la gauche » avec ses primaires de « Macron à Mélenchon » de l’autre, l’objectif de « fédérer le peuple ». La seconde est impossible dans le cadre de la première aussi longtemps qu’il s’agira de réunir sous une même étiquette des gens comme Valls, Macron, Hollande et leurs victimes chez les salariés. Dès lors, la formule « fédérer le peuple » se décline comme une ligne d’action globale. Elle doit se doter d’un instrument d’action et d’un programme.
Voilà pourquoi j’ai proposé à la coordination du Front de Gauche, avec d’autres et sans jamais avoir eu l’honneur d’une réponse, depuis janvier 2015 la construction d’un mouvement qui dépasse les anciennes structures et mette fin au système du cartel des partis qui a étouffé le Front de Gauche. Je n’ai pas réussi à convaincre de cette idée ni pour les départementales ni pour les régionales. Ensuite, comme tout le monde, j’ai été mis au pied du mur de la déclaration de « mort clinique » du Front de Gauche par le porte-parole national du PCF, en solo. Puis j’ai dû découvrir par la presse le ralliement sans condition ni délibération collective aux « primaires de toute la gauche ». Puis j’ai appris à la télé la non candidature « à l’heure actuelle » de Pierre Laurent et de celle « qui peut s’envisager » de Clémentine Autain, sans oublier la prise de position parmi tant d’autres inamicales et souvent blessantes d’André Chassaigne s’enthousiasmant pour la candidature de Christiane Taubira. J’ai donc compris que l’illisibilité des précédents épisodes était repartie de plus belle. Et j’ai pris mes responsabilités.
Je règle dans la forme comme dans les moyens toutes les questions que des centaines d’heure de discussion et trois séries d’élections perdues n’ont pas permis de régler. Je propose ma candidature, à tout le monde, j’impulse un mouvement d’action citoyenne, « la France insoumise », auquel tout le monde peut participer, je mets la réécriture du programme L’Humain d’abord en débat publiquement et ouvert à tous. Je dis « je » parce que je ne me réfugie pas derrière d’énigmatiques «  nous » cache sexe, de fumeux « le collectif » pour désigner des petits cénacles qui se répartissent des rentes. Le mythe des grands appareils verticaux donnant des consignes à des armées de robots est mort. Nous avons fait vivre autre chose en 2012. La campagne a été accomplie par des dizaines de milliers d’anonymes non encartés. Je crois en l’auto-organisation et aux réseaux sociaux.
Et en même temps, j’assume mes responsabilités. Je les exerce avec l’amicale camaraderie de toute sorte de membres du Parti de gauche et des autres partis du Front de Gauche, de socialistes et de verts dissidents, de toutes sortes de cercles de militants sans carte et de très nombreux amis et camarades communistes, de syndicalistes et associatifs qui ne se sentent pas obligés de se pousser du col. Mais surtout avec des milliers de gens que toute organisation laisse indifférents et qui n’ont pas envie d’y être encarté pour agir. Dans les trois mois, je proposerai la convocation d’une assemblée représentative des signataires, des personnalités insoumises et des organisations politiques partie prenante de la démarche. J’ouvre la marche, bien entouré, bien accompagné. Je ne lis aucune des tribunes désormais quotidiennes des dirigeants communistes et satellite qui par leurs excès et leur agressivité condescendante cherchent à créer avec moi un fossé irrémédiable. Peine perdue : leurs bases ne suivent pas. Mais ils confirment ainsi à quel point le monde depuis lequel ils pérorent est loin de la réalité simple et populaire à laquelle je m’adresse et qui m’entoure. Les rebelles et résistants qui se joignent au mouvement de la France insoumise m’importent davantage et je suis fier d’avoir mérité leur confiance si tôt, si fort.
La liste des insoumis syndicalistes actifs dans les principaux récents conflits du travail actuel m’enthousiasme. Ils viennent parce qu’ils savent que moi je ne vais pas m’arranger avec ceux qui les ont persécutés. Cette semaine, ceux qui voient la destruction du code du travail sont heureux de ne plus rien avoir à faire avec les auteurs de cette incroyables régression. Ils savent que je ne suis pas allé rue de Solferino mendier mon strapontin dans les primaires. Ils savent comme moi que cette primaire finira en eau de boudin couvrant de ridicule tous ceux qui auront fait semblant d’y croire. Cambadélis a fixé au mois de décembre ou janvier la tenue des primaires. Qui a noté que les investitures internes pour les législatives du PS sont fixées au 17 décembre. Je fais un dessin ?

La ligne stratégique que j’applique repose sur la force propulsive dans la société de ce que j’ai appelé la « France insoumise ». De qui s’agit-il ? De quiconque ne s’est pas résigné à subir et passe à l’action. La France insoumise, c’est toute personne qui, dans sa vie, résiste à l’abaissement. Et ce sont bien sûr les lanceurs d’alerte, les syndicalistes qui se battent pour défendre leur emploi, les écologistes qui combattent les grands travaux inutiles ou l’acharnement nucléaire. Mais c’est aussi notre pays face au monde et à ceux qui le dominent. La France insoumise va de l’individu à la nation. C’est le point d’appui de tout changement pour le futur. Le PS et LR sont d’accord, avec madame Le Pen, pour « apaiser » la juste colère contre la caste et faire durer le système.
Dès lors, il faut donner à voir la diversité, la force et la dignité de la France insoumise. Telle est l’ambition du premier « appel des insoumis » lancé par plus de cinquante syndicalistes et lanceurs d’alerte qui ont décidé d’appuyer ma proposition de candidature. Cet appel est coordonné par Philippe Juraver, ardent syndicaliste de la ligne B du RER, qui a mené de nombreuses luttes de solidarité ouvrière et professionnelle.
Ces insoumis ont mené et ils mènent des luttes emblématiques pour l’emploi et le maintien d’activités en France : Arcelor Mittal (Lionel Buriello de Florange, Jean-Paul Bussi), Continental à Clairoix (Pierre Sommé), Air France (Karine Monségu, François Hamant, Mehdi Kemoune, Jean-Luc Vilala), Nexcis (Nathalie Camborde), Mory-Ducros (Jean-Claude Hacquard), Moulins Maurel à Marseille (Philippe Lavocat), Sanofi (Laurent Ziegelmeyer), Nexter (Dominique Flachat).
Ils viennent de branches et secteurs variés : industrie (Jérôme Flament d’Air Liquide, Florent Beauvais), métallurgie (Bruno Thorel de Thyssen Krupp, Aurélien Motte de Sambre et Meuse, Sébastien Migliore), aéronautique, éducation, agro-alimentaire (Gilles Sevilla de Sodexo), textile (David Thomas), énergie, transports (Teddy Martinache), santé, action sociale, finance, médias etc.
Ils s’illustrent dans la défense de services publics de qualité dans la santé (Catherine Fayet, Annie Tison), les hôpitaux (Marc Brun de l’Hôpital de Leyme, David Fremiot, de l’Hôtel-Dieu), l’éducation nationale (Faustin Aissi, Marilou Struilou, Claudio Capparelli, Christelle Hunault, Marlène Noygues, Ghislaine Zaparty), l’énergie (Jérôme Schmitt), le rail (Laurent Courtois, Damien Février, Laurent Flandrin, Christophe Joly, Kevin Kijko, Dominique Tison, David Volkaert), la Poste (Sophie Nayac), l’action sociale (Fabrice Preux), les institutions médico-sociales, les égoûts (Emmanuel Olivard), les douanes (Morvan Burel, Olivier Balzer), les collectivités locales (Farida Amrani, Alain Martin), l’action de l’État en mer (Nicolas Mayer), les finances publiques (Alain Maury), le service public audiovisuel (Luc Deleglise de France Télévision).
Beaucoup sont délégués syndicaux, élus du personnel ou secrétaire de leur syndicat. Ils sont en première ligne de la lutte contre la précarité, les maladies professionnelles et les accidents du travail, par exemple dans la sous-traitance du nucléaire (Gilles Reynaud). Leur engagement pour appuyer ma candidature est donc pour eux autant un acte civique que social. Ils m’appuient comme je les appuie de toutes mes forces pour être déclencheurs du mouvement citoyen dont le peuple a besoin pour reconquérir sa souveraineté sur tous les compartiments de nos vies. Dès lors, on comprend mieux que ma liste de 60 000 appuiscomporte d’ors et déjà plus de mille syndicalistes se déclarant comme tels, fait exceptionnel en France depuis de nombreuses années.
En tête de notre marche se trouvent les lanceurs d’alerte, à la fois vigies de l’intérêt général et héros du quotidien : lanceurs d’alerte dans le handicap (Sylvia Garcia, Gilles Mendes) et valeureux insoumis de l’établissement médico-social de Moussaron dans le Gers (Céline Boussié, Sabrina Serre) qui se sont levés pour défendre la dignité des enfants autistes.
Un autre de ces insoumis est enfin annonciateur d’autres appels en préparation dans les luttes écologiques et paysannes. C’est le scientifique Christian Vélot, ardent pionnier de la lutte contre les OGM. Je suis certain qu’il sera bientôt rejoint par nombre d’autres.
Vous aussi, fiers de vos luttes où que vous soyez, vous pouvez faire grandir cette marche des insoumis en signant à votre tour l’appel.

Ce fut la consternation. François Hollande aura tout osé ! Le projet de loi de refonte du code du travail sera présenté en conseil des ministres le 9 mars par la ministre Myriam El Khomri. Mais les éléments transmis pour avis au Conseil d’État et rendus publics ce mercredi 17 février par Le Parisien nous assurent du pire. Notamment en matière de temps de travail et de salaires. C’est un retour spectaculaire aux normes du 19ème siècle. Parmi les propositions de François Hollande, médusés nous découvrons la fin des 11 heures consécutives de repos, la journée de travail de 12 heures ! Un grand bon social en arrière !
Le Parisien parle de « coup de grâce aux derniers garde-fous qui entourent les 35 heures ». « La ministre du Travail fait des propositions que n’auraient pas reniées les politiques les plus libéraux » d’après le Dauphiné libéré. C’est le moins qu’on puisse dire. Encore une fois, tout est fait dans le dos des salariés. Officiellement, la durée légale restera à 35 heures par semaine. Mais dans les faits, elle ne concernera plus personne ! L’idée de François Hollande est de détricoter le code du travail. Comment ? En réduisant d’abord les protections inscrites dans la loi à peau de chagrin. Puis en permettant en même temps de déroger à la loi entreprise par entreprise, y compris dans un sens plus défavorable aux salariés. C’est une rupture complète de la hiérarchie des normes.
Selon Le Parisien, « en regardant dans les détails des alinéas, la palette des assouplissements proposés est considérable. Du jamais-vu pour les employeurs ! Car ce toilettage subtil du gouvernement conduit juridiquement et formellement à faire sauter un maximum de verrous pour que demain les décisions sur le temps de travail se prennent au niveau des entreprises, et non plus seulement dans les branches ou par la loi. (…) Comme le réclamait depuis longtemps le patronat, tout ou presque pourra ainsi se négocier à la hausse ou à la baisse — bien évidement dans les limites qui seront néanmoins fixées par la loi — avec comme unique rempart côté salariés : les syndicats ».
Les salariés devront travailler plus. Toute l’organisation du temps de travail est menacée. D’abord la durée maximale de travail. Un accord d’entreprise ou de branche suffira pour obliger les salariés à travailler jusqu’à 12 heures par jour alors qu’il faut actuellement une dérogation de l’inspection du travail pour aller au-delà de 10 heures par jour. Même les plus jeunes ne sont pas épargnés. Les apprentis devront travailler davantage. La durée légale hebdomadaire du travail passera de 35 heures à 40 heures et la durée maximale par jour de 8 heures à 10 heures ! C’était déjà possible aujourd’hui mais sous réserve de l’autorisation de l’inspection du travail et de la médecine du travail. Désormais, c’est l’employeur qui décidera seul et devra seulement « informer » ces deux autorités.
Il faudra non seulement travailler plus mais aussi travailler à un rythme encore plus irrégulier et fragmenté ! Ainsi, la durée maximum hors « circonstances exceptionnelles » est aujourd’hui de 48 heures par semaine, heures supplémentaires comprises. Avec comme garde-fous bien mince, l’impossibilité de dépasser 44 heures hebdomadaire en moyenne sur une période de 12 semaines, c’est-à-dire à peu près trois mois. Le projet de loi prévoit qu’un accord d’entreprise pourra faire travailler les salariés 46 heures par semaine en moyenne sur 16 semaines, soit à peu près 4 mois. C’est-à-dire non seulement travailler plus mais aussi à un rythme plus irrégulier puisque la moyenne sera calculée sur une période plus longue ! Et ce n’est pas tout.
La vie de 1,5 million de salariés sera encore plus morcelée. Pourquoi ? Parce que le gouvernement veut détruire une des maigres protections du « forfait-jour ». Le contrat en « forfait-jour », c’est ce système où le salarié ne compte pas ses heures de travail, mais ses jours de travail ! Aujourd’hui, les salariés concernés par ce système travaillent 235 jours par an et peuvent travailler jusqu’à 13 heures par jour. La seule limite est en effet d’avoir une période de 11 heures de repos consécutives par 24 heures. Ce système a été imaginé pour les cadres les plus hautement placés. A sa création en 1998-99, il concernait 500 000 personnes. Je suisl’auteur d’un amendement au Sénat à l’époque contre cette disposition dont j’annonçais qu’elle ouvrirait la boîte de Pandore d’où viendrait que progressivement tout le monde y serait astreint. Evidemment je fus jugé irréaliste et excessivement agressif par mes procès d’intention…
Il a pourtant déjà été considérablement élargi à tout salarié disposant d’une autonomie dans son travail au point que 50% des cadres sont employés sous ce régime soit 1,5 millions de personnes, donc. D’autant que le gouvernement veut aussi étendre encore ce système du forfait jour. Jusqu’à aujourd’hui, la mise en place d’un tel contrat dans les entreprises de moins de 50 salariés exigeait un accord d’entreprise. Le gouvernement veut faire sauter cette protection et permettre ce contrat « forfait jour » sur la base du seul accord individuel du salarié. Or aucun salarié ne sera en mesure de refuser cette explosion de son temps de travail et de son organisation personnelle dans un face à face avec son employeur. Ce n’est pas tout dans la destruction de la vie des gens. Le gouvernement veut que les 11 heures quotidiennes de repos puissent ne plus être consécutives ! Il faudra bientôt venir au travail avec son sac de couchage pour faire la sieste avant de recommencer à travailler ! Car moins de onze heures de pause transport compris ça laisse combien de temps pour s’occuper des gosses, faire le repas et passer du temps en famille ou en couple ? Les salauds qui gouvernent s’en foutent.
Avec François Hollande, vous travaillerez plus mais vous gagnerez moins ! Voyez plutôt. Les heures supplémentaires devraient toujours commencer à la 36e heure hebdomadaire. Mais elles pourront être moins payées qu’aujourd’hui. Officiellement, le gouvernement ne remet en cause le principe d’une majoration de 10% minimum des heures supplémentaires. Il faut dire que ce plancher de 10 % est déjà une honte après je ne sais combien de coup de rabot sur la majoration du coup des heures supplémentaires. Mais il restait encore un verrou. Actuellement, un accord de branche peut imposer une majoration minimale de 25% à toutes les entreprises de la branche. C’est fait pour éviter le dumping et les inégalités entre grandes et petites entreprises. Le projet de loi prévoit qu’un accord d’entreprise pourra déroger à l’accord de branche sur ce point et payer seulement 10% de plus que l’heure normale !
Les périodes d’astreinte seront aussi moins payées ! Ce sont ces heures ou ces journées pendant lesquelles un salarié est chez lui mais peut être appelé à tout moment par son employeur en cas de besoin. Le droit actuel permet déjà que ces astreintes soient moins payées que les heures de travail effectives. Mais il impose qu’elles soient payées comme un jour de travail. Le projet de loi prévoit que ces astreintes ne seront purement et simplement plus payées si le salarié n’est pas rappelé pendant la période prévue ! Cela sera compté comme du « repos », déduit de ses congés payés ! Alors que le salarié ne peut ni s’absenter, ni s’éloigner et qu’il doit se tenir prêt à aller travailler n’importe quand. Les salauds qui gouvernent se foutent de savoir si votre vie est pourrie par cette astreinte
Le projet de loi prévoit qu’un accord d’entreprise pourra baisser le salaire ou augmenter le temps de travail pendant cinq ans ! Aujourd’hui c’est seulement deux ans ! Et une telle procédure pourra être déclenché non seulement pour faire face à une difficulté économique comme aujourd’hui mais aussi simplement pour gagner de nouveaux marchés. C’est une étape de plus dans le principe des accords de compétitivité inventés par Sarkozy, généralisés par Hollande avec la loi dite de « sécurisation de l’emploi » de 2013. Et les salariés qui refuseraient ces changements seraient licenciés sans possibilité de recours alors qu’aujourd’hui, leur licenciement doit être considéré comme un licenciement économique ouvrant droit à des indemnités.

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