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Fév
2016
Le Congrès a supprimé l’interdiction de financement des néo-nazis de son projet de loi de dépenses de fin d’année, par James Carden
Source : The Nation, le 14/01/2016
Sous la pression du Pentagone, le Congrès a éliminé du projet de loi de dépenses un amendement qui empêchait que des fonds tombent entre les mains de groupes néo-fascistes ukrainiens.
Par James Carden
Le 14 janvier 2016
Recrues du bataillon de volontaires ukrainien, le régiment du bataillon Azov, participant à des tests après un entrainement à la base du bataillon Azov à Kiev, en Ukraine, le 28 novembre 2015. (Photo par STR / NurPhoto)
A la mi-décembre 2015, le Congrès a adopté un projet de loi de dépenses de plus de 2 000 pages pour l’année fiscale 2016. Les deux partis ont rapidement déclaré victoire après l’adoption du package de 1 800 milliards de dollars. Le porte-parole de la Maison-Blanche Josh Earnest a annoncé aux reporters “Nous sommes confiants quant au résultat, principalement parce que nous avons trouvé un compromis sur l’accord budgétaire qui a combattu une large variété d’amendements idéologiques.” Le Bureau du Président de la Chambre Paul J. Ryan a vanté le projet de loi pour ses “64 milliards alloués aux opérations d’urgence à l’étranger” pour, entre autres, “assister les pays européens confrontés à l’agression russe.”
On peut supposer sans risques que l’un des pays qui se trouvera bénéficier de cette mesure générale – en partie censée combattre une “agression russe” – serait l’Ukraine, qui, selon la Maison-Blanche, a déjà reçu 2 milliards de dollars en garanties de prêts, et environ 760 millions de dollars en “assistance de sécurité, programmatique, et technique” depuis février 2014.
Cependant, certains ont exprimé leur inquiétude qu’une partie de cette aide ne parvienne jusqu’aux mains de groupes néo-nazis, tels que le bataillon Azov. L’été dernier, le Daily Beast avait publié une interview par les journalistes Will Cathcart et Joseph Epstein dans laquelle un membre du bataillon Azov racontait “avec plaisir l’expérience de son bataillon avec des entraîneurs et des volontaires américains, mentionnant même des ingénieurs et médecins volontaires qui continuent aujourd’hui à les assister.”
Et ainsi, en juillet de l’année dernière, les membres du Congrès américain John Conyers du Michigan et Ted Yoho de Floride ont établi un amendement au projet de loi de crédits à la défense (HR 2685) qui “limite l’armement, l’entraînement et tout autre forme d’aide à la milice ukrainienne néonazie, le bataillon Azov.” Il a été adopté par un vote unanime de la Chambre.
Et pourtant, une fois venu le mois de novembre, et entamé le débat sur le projet de loi de crédits de fin d’année, la mesure Conyers-Yoho a semblé remise en cause. Et c’était effectivement le cas. Un responsable familier du débat a indiqué à The Nation que le comité des crédits à la défense avait subi des pressions du Pentagone pour supprimer l’amendement Conyers-Yoho du texte du projet de loi.
L’objection du Pentagone à l’amendement Conyers-Yoho repose sur l’affirmation selon laquelle il fait double emploi du fait d’une législation similaire déjà existante connue sous le nom de loi Leahy qui empêcherait le financement d’Azov. Il se trouve que c’est faux. La loi Leahy couvre seulement les groupes pour lesquels le “Secrétaire d’État a une information crédible selon laquelle telle unité a commis une violation évidente des droits humains.” Cependant le Département d’État n’a jamais prétendu avoir de telles informations à propos d’Azov, aussi la loi Leahy ne peut-elle bloquer le financement du groupe. La source du Congrès à laquelle j’ai parlé a fait remarquer que “même si Azov était déjà couvert par Leahy, alors il n’y avait aucune raison de le retirer de la loi finale.” De fait, la loi Leahy ne peut empêcher le financement de groupes, quelle que soit la nocivité de leur idéologie, en l’absence d’”information crédible” selon laquelle ils auraient commis des violations des droits humains. L’amendement Conyers-Yoho était conçu pour remédier à ce manque.
Considérant que l’armée des États-Unis a entraîné les forces armées ukrainiennes et les troupes de la garde nationale, l’amendement Conyers-Yoho avait tout son sens ; empêcher le bataillon Azov ouvertement néonazi de recevoir l’assistance des É-U renforcerait ce que mentionne souvent le président Obama, “notre intérêt et nos valeurs.”
Ces néonazis (ou néofascistes, si vous préférez) sont une tendance distinctement minoritaire en Ukraine de l’ouest, clairement et sans discussion. Dernièrement, cependant, il y a eu des signes troublants qu’ils puissent devenir une force avec laquelle compter. D’après le Jerusalem Post, aux élections municipales ukrainiennes d’octobre dernier, le parti néonazi Svoboda a gagné 10 pour cent des voix à Kiev et est arrivé deuxième à Lviv. Le candidat du parti Svoboda a en fait gagné l’élection à la mairie de la ville de Konotop. Pendant ce temps, Radio Free Europe/Radio Liberty rapportait en novembre qu’Azov gérait un camp d’entraînement exposant des enfants à “l’idéologie d’extrême droite du régiment.”
Il n’est pas clair que le porte-parole de la Maison-Blanche Josh Earnest fasse allusion, en partie, à l’amendement Conyers-Yoho comme un de ces “cavaliers idéologiques” que l’administration a combattus afin de les repousser. Mais il est clair qu’en supprimant cet alinéa anti-néonazi, le Congrès et l’administration ont ouvert la voie au financement américain des éléments les plus nocifs circulant en Ukraine aujourd’hui.
Source : The Nation, le 14/01/2016
Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.
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