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mardi 23 février 2016

Code du travail : la gauche est « troublée »....

Le Dauphiné Libéré

NORD-ISÈRE - COMMENT LES MILITANTS ET LES ADHÉRENTS DU

 PARTI SOCIALISTE ENCAISSENT-ILS LE PROJET PORTÉ PAR LA

 MINISTRE MYRIAM EL KHOMRI




Code du travail : la gauche est « troublée »


                              Le projet de loi devant réformer le Code du travail a fait l’effet d’une bombe quand il a été révélé, la semaine dernière. Même dans le camp socialiste, des élus se sont élevés contre ce texte, qui doit encore passer devant le Parlement.

Le projet de loi devant réformer le Code du travail a fait l’effet d’une bombe quand il a été révélé, la semaine dernière. Même dans le camp socialiste, des élus se sont élevés contre ce texte, qui doit encore passer devant le Parlement.

Ils ont encaissé le vote par l’Assemblée nationale de la révision de la Constitution avec la déchéance de nationalité. Ils n’ont pas bronché, presque, quand le gouvernement a lancé la piste, début février, de la dégressivité des allocations-chômage. Et maintenant, militants et adhérents du Parti socialiste découvrent le projet de loi de la ministre Myriam El Khomri sur la réforme du Code du travail. « Pour des sympathisants depuis 20 ou 30 ans, ça trouble… » commente pudiquement le responsable d’une section du Nord-Isère.
« Il y a des fédérations où je n’aimerais pas être secrétaire de section », sourit Hervé Aguilar, à la tête du PS de Bourgoin-Jallieu. Allusion, peut-être, aux camarades de Mulhouse où des militants, exaspérés, sont allés jusqu’à rendre leur carte à la permanence PS locale.

« Gouvernement social-démocrate »

Lui est plus mesuré : « Bien sûr qu’on est un peu inquiet. Mes amis ont peur de perdre certains droits. Quelques-uns se disent “Où va-t-on ?” Mais le président de la République nous a rassurés en affirmant qu’il ne toucherait pas aux droits fondamentaux du salarié ».
Reste qu’il se garde de tout jugement : « Pourquoi le gouvernement a-t-il engagé ce chantier ? Car il y a 3,6 millions de chômeurs. Alors que fait-on ? Il faut se battre ».
L’ancien élu PS villard Jean-Noël Salmon marque un temps d’arrêt. « Le gouvernement opère un vrai choix social-démocrate. Une proposition forte. Un électrochoc. Cela se présente comme un vrai défi pour les syndicats car on déplace la négociation vers l’entreprise. »
Lui qui fut conseiller régional pense surtout que si choc il y a, aujourd’hui, à gauche, c’est que l’on a un peu oublié de penser “programme” : « Depuis Lionel Jospin, depuis 2002, il n’y a plus eu de travail de réflexion sur ce qu’étaient le projet du PS et son modèle social. En congrès à Dijon vous faites signer en même temps Strauss-Kahn, Mélenchon, Rocard… Jamais on ne remet à plat la doctrine sociale du PS. Donc, François Hollande doit faire face à la situation économique, mais ça manque de préparation en amont ».

« Poursuivre les réformes »

À Beaurepaire, le secrétaire de section, Raphaël Gauthier, relativise : « Ça fait le buzz un peu rapidement. C’est un sujet très sensible à gauche. Oui, ça va un peu vite. On est comme pris de court. Mais cela témoigne de la volonté du président de la République de poursuivre son train de réformes. C’est courageux. Ce n’est pas la politique de l’immobilisme. On ne peut plus diriger le pays comme dans les années 80. Aujourd’hui, nous vivons dans un monde ouvert. Et le domaine de l’entreprise n’est pas un thème réservé à la droite ».
Le conseiller municipal berjallien Armand Bonnamy a aujourd’hui quitté le Parti socialiste pour lequel il a, longtemps, été secrétaire de section. Il dit : « Si je l’étais encore, je dirais que ce plan est très déséquilibré. Le premier secrétaire du PS lui-même a fait savoir qu’en l’état actuel il ne voterait pas ce texte. Quant à la menace d’avoir recours au 49-3, ça ne me plaît pas du tout. Cela ressemble à une manière de mettre la pression sur les parlementaires ».

« Le problème économique n’est pas de droite ou de gauche »

Lui, le rocardien, qui se revendique « fils d’ouvriers pauvres », regrette que « la négociation préalable ne soit pas une tradition très forte dans notre pays », estimant qu’entre patronat et salariés, il faut parvenir « à un point d’équilibre ».
Dans le Pays des Couleurs, s’il a aussi abandonné le PS, le premier adjoint de Vézeronce-Curtin Gérald Reveyrand conserve une « âme de gauche » et plaide l’apaisement : « Il y a eu pas mal d’effets d’annonce mais les débats réels n’ont pas encore eu lieu ».
Il ajoute : « Le problème économique n’est pas de droite ou de gauche. La question est de savoir comment mettre les sujets du chômage, du Code du travail, au moins en débat. Sans doute que dans les années 80 et 90, on n’a pas assez anticipé l’avenir ».
                                        La députée PS Joëlle Huillier.
La députée PS de la 10ecirconscription Joëlle Huillier, également élue à Villefontaine, avait voté pour la réforme constitutionnelle introduisant la déchéance de nationalité.
Contactée dimanche, elle a en revanche affiché quelques réserves sur le projet de loi réformant le Code du travail. « Je n’ai pas encore eu l’occasion de le lire en entier. Mais de ce que j’en ai appris, il y a des choses qui me paraissent un peu difficiles à avaler. »
Selon elle, les députés n’ont pas fini d’en débattre : « Le Parlement va se saisir du texte et aujourd’hui cela ne veut pas dire qu’il sera adopté tel qu’il est. Je répète : il y a des points qui ne me paraissent pas acceptables et qui devront être discutés. Et si cela ne me convient pas, je n’hésiterai pas à voter contre lors de son passage devant l’Assemblée nationale ».

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