http://la-sociale.viabloga.com
La Sociale
Analyses et débats pour le renouveau d'une pensée de l'émancipation
Par Gabriel Galice • Internationale • Vendredi 17/07/2015 • 0 commentaires • Lu 284 fois
La chancelière Merkel
domine la scène européenne. Elle est flanquée du ministre des finances Wolfgang
Schäuble, rouage essentiel du parti démocrate-chrétien et de la machinerie
étatique allemande. Sous Helmut Kohl, il orchestra le bradage de l’économie est-allemande.
Ministre de l’intérieur du gouvernement Merkel I, ses propositions
anti-terroristes (dont la mise en cause de la présomption d’innocence…) et la
justification de Guantanamo firent sa réputation d’intraitable. Le SPD n’est
pas en reste, Sigmar Gabriel pratiquant lui aussi la violence verbale. La
logique financière allemande est autant conforme au dogme de l’ordo-libéralisme
qu’aux intérêts d’une population vieillissante dont il faut assurer les
retraites indexées sur les marchés. Double bénéfice au demeurant puisque la
pauvreté imposée à l’Europe du Sud condamne à l’émigration des jeunes formés,
diplômés, qui vont régénérer à moindre coût l’économie et la population
allemandes.
Le rouleau compresseur
de la logique financière court-termiste est impitoyable. On peut parler de
« Panzerfinanz » (finance char d’assaut), non seulement parce que le
char d’assaut financier écrase le bien-être des populations mais aussi parce
que l’Allemagne est devenue le troisième exportateur mondial (Principaux
clients entre 2008 et 2013 : Les Etats-Unis, Israël et la Grèce).
L’Allemagne est, avec les Etats-Unis, devant la France, le principal vendeur
d’armes (chars, pièces d’artillerie, sous-marins…) à la Grèce, à laquelle elle
administre des leçons de bonne gestion budgétaire. La part de la défense pèse
lourd dans le budget grec. Situation d’autant plus tragique que l’Allemagne et
ses concurrents fournissent aussi en armes la Turquie, atavique ennemi de la
Grèce, alors que tous deux sont membres de l’OTAN. Course aux armements
épuisante puisque la Grèce compte 11 millions d’habitants, la Turquie 78
millions. Quelques journalistes allemands rendent scrupuleusement compte de
cette situation. Ainsi Claas Tatje, dans l’article « « Schöne Waffen
für Athen », (Die Zeit du
7 janvier 2012) http://www.zeit.de/2012/02/Ruestung-Griechenland L’auteur relève que la Grèce est,
après le Portugal, le principal acquéreur européen d’armes allemandes et que
l’Etat social s’amenuise quand le budget de la défense augmente. Le SIPRI note
que les ventes d’armes sont le principal vecteur de la corruption des classes
politiqueshttp://www.sipri.org/yearbook/2011/files/SIPRIYB11summaryFR.pdf . Panagiotis Nikolouidis rappelait
dans ces colonnes que l’Europe avait nourri la corruption en Grècehttp://www.letemps.ch/Page/Uuid/b8a6d148-24e4-11e5-9a9f-be4265bf5f16/LEurope_a_nourri_la_corruption_en_Gr%C3%A8ce_cest_un_fait Siemens et un banquier française sont
d’ailleurs impliqués en Grèce dans des affaires de corruption.
Les économies réalisées
récemment dans le budget de la défense grecque ne sont pas à la hauteur des
besoins, tandis que les coupes claires sont opérées sans hésitation dans les
dépenses de l’éducation et de la santé. Le 2 juin 2015, Die Zeit, sous la signature de
Hauke Friedrichs, relève que la morale s’arrête à la livraison de matériel
militairehttp://www.zeit.de/wirtschaft/2015-06/griechenland-deutschland-ruestung-kooperation . Les banques des pays fournisseurs
d’armes interviennent dans les montages financiers, à des taux bien supérieurs
au cours que la BCE consent aux banques. Goldman Sachs, qui avait truqué les
comptes pour faire artificiellement respecter par la Grèce les critères de
Maastricht, et avait tiré de la supercherie de substantiels profits, est encore
active sur les marchés grecs. Les Etats respectifs (donc les citoyens
contribuables) sont garants de ces marchés d’armes.
La responsabilité
allemande serait moins indécente si elle ne se parait, haut et forte, des
habits de la morale et de la rigueur financière, en taisant l’ancienne lourde
dette allemande envers la Grèce. En Europe, l’Allemagne détient la palme d’or
en matière de Panzerfinanz, elle n’a pas le monopole. Ses concurrents, moins
pesants dans tous les sens du terme, ne sont pas exempts des mêmes impudences.
En 2010, Paris se déclarait disposé à prêter 6 milliards à la Grèce en
contrepartie de l’achat de frégates made in Francehttp://www.lepoint.fr/editos-du-point/jean-guisnel/quand-la-grece-achetait-des-armes-a-ses-creanciers-27-01-2015-1900002_53.php . Le système s’applique au Tiers-monde
sous la dénomination d’« aide liée ».
Les privatisations
programmées entre le Premier ministre Tsipras et l’Union européenne vont
apporter de l’argent frais en condamnant un secteur public qui, modernisé,
pourrait jouer un rôle moteur.
Les éligarchies
européennes tournent le dos à leurs peuples et à la paix.
*Gabriel Galice est
président du Conseil de Fondation du GIPRI. Auteur de « Les empires en
territoires et réseaux », Geneva Paper n°15, GCSP, juillet 2015.
Articles publiés dans les 21 derniers jours :
- 26/07/15 - Après le coup dEtat perpetre contre le peuple grec, quelques leçons à en tirer
- 17/07/15 - Panzerfinanz et dette grecque
- 13/07/15 - Crise au POI
- 11/07/15 - La Grèce et labsurde (5 commentaires)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire